Une semaine s'est écoulée depuis la pire catastrophe humaine et naturelle que la Turquie ait connue de son histoire. Un séisme dévastateur a fait des milliers de victimes et provoqué d'énormes dégâts matériels. Alors que les espoirs de retrouver de nouveaux survivants sous les décombres s'amenuisent, les efforts des autorités turques et de la communauté internationale se concentrent désormais sur l'hébergement des victimes et l'acheminement des aides vers les zones sinistrées. Deux violents tremblements de terre d'une magnitude d'environ 7,7 ont frappé, le 6 février, le sud de la Turquie, dévastant dix provinces turques et certaines régions du nord de la Syrie, dans une zone équivalente à la superficie de certains pays de taille moyenne. Plus de 31.000 morts et de 80.000 blessés… et le bilan ne cesse de s'alourdir, avec des millions de personnes sinistrées. Le pays n'a jamais connu une catastrophe d'une telle ampleur. Il est encore trop tôt pour parler de reconstruction ou des répercussions économiques et sociales de la catastrophe. Désormais, les responsables turcs affirment que leur efforts se concentrent sur les survivants qui ont tout perdu, et qu'ils doivent bénéficier de conditions de vie qui préservent leur dignité et atténuent leurs souffrances, outre le rétablissement des services de base dans les zones touchées comme le gaz, l'électricité et l'eau potable. Depuis le 6 février, les autorités turques ont essayé de fournir des tentes et de construire des abris temporaires, mais elles ont dû faire face à plusieurs obstacles liés notamment à l'étendue de la zone touchée, au grand nombre de personnes sinistrées et aux mauvaises conditions climatiques. Cependant, elles ont remédié à la situation avec le large élan de solidarité nationale et internationale. A la fin de la dernière semaine, plus d'un million de personnes étaient hébergées dans des abris temporaires, et plus de 460.000 ont trouvé refuge notamment dans des écoles, des résidences universitaires et des hôtels. Aussi plus de 150.000 personnes ont été évacuées par Turkish Airlines et d'autres compagnies aériennes des zones touchées vers le reste des provinces turques ayant été épargnées par le tremblement de terre. La Présidence de la République avait affirmé que l'Etat veillerait à ce que les sinistrés qui ne souhaitaient pas rester dans des tentes rejoignent des habitations tout en prenant en charge les frais de location. Malgré cela, les besoins des personnes touchées restent énormes. Le Croissant-Rouge turc a fait état, dimanche, d'une pénurie d'abris et de centres d'hébergement, appelant à la fourniture de davantage de matériel médical, de denrées alimentaires et autres. Des milliers de bâtiments détruits et des questionnements sur le respect des normes de sécurité Après les premiers jours de choc, et face à la dévastation massive du séisme avec plus de 24.000 bâtiments détruits, les Turcs s'interrogent sur les normes de sécurité des bâtiments et dans quelle mesure elles sont respectées par les promoteurs immobiliers. Après le tremblement de terre de Marmara de 1999, qui a fait plus de 17.000 morts, la Turquie a adopté une série stricte de normes de construction antisismiques, et tous les bâtiments construits après cette date étaient censés résister à de fortes secousses… En effet, ils pouvaient subir des fissures et des dégâts sans s'effondrer au moment du séisme, afin de laisser le temps aux habitants de quitter leurs logements. S'il est connu de tous que le pays est situé sur une zone sismique et une région géologique parmi les plus actives au monde, pourquoi ce lourd bilan sans précédent? Les responsables turcs pointent du doigt les promoteurs immobiliers. Le ministre turc de la Justice, Bekir Bozdağ, a déclaré que le ministère public s'emploie à poursuivre en justice les responsables de la construction de bâtiments qui ne se conforment aux normes et qui se sont effondrés suite au séisme. D'après des inspections préliminaires des bâtiments effondrés, des violations massives des normes de construction antisismiques ont été relevées. Non seulement ces bâtiments ne respectaient pas ces règles, mais ils ne se conformaient non plus aux normes élémentaires de construction. Jusqu'à dimanche, 34 promoteurs immobiliers avaient été arrêtés, avec une décision de justice interdisant les déplacements de tous les acteurs de la construction dans les zones concernées, alors que plus de 100 mandats d'arrêt ont été lancés. Parmi eux, un promoteur immobilier arrêté samedi à l'aéroport d'Istanbul alors qu'il tentait de fuir le pays. Il était l'un des entrepreneurs derrière le projet de logement (Renaissance) dans la province dévastée de Hatay. Ce projet a été construit en 2012 et s'est effondré immédiatement après le tremblement de terre du 6 février, alors qu'il était censé résisté aux séismes. Les entrepreneurs à l'origine de ce projet d'habitats « de luxe », qui comprend 250 appartements, le présentaient comme étant construit conformément aux normes antisismiques nationales. Il est prévu que la Turquie assiste dans les jours et les semaines à venir à une campagne massive d'arrestations contre ces promoteurs qui, poussés par l'appât du gain, ont risqué la vie de centaines de milliers de personnes. Avec MAP