L'initiative est plus que louable, mieux qu'opportune, elle est salutaire même. Ainsi deux institutions privées viennent-elles d'organiser une matinée spéciale si l'on peut dire, intitulée « Atelier de réflexion sur le thème : Soft Power par le sport au service de la stratégie d'influence du Maroc ». Y ont pris part une quarantaine de personnes, disons triés sur le volet, mais experts et penchés sur le sujet. Présidée par Thami El Ghorfi, président du groupe ESCA et Driss Benomar, président du groupe Atlantis, cette matinée a été caractérisée par de vifs échanges étalés sur 3 thèmes : 1)- Laquelle des deux approches la plus appropriée pour le Maroc ? Ou quel dosage entre les deux approches pour notre pays et comment les déployer sur le terrain ? – 2) Qu'est-ce qui peut alimenter le soft power sportif au Maroc, et comment pérenniser l'effet coupe du monde ? 3-) Les effets que cette coupe du monde et en particulier de la performance de l'équipe marocaine, première équipe africaine ce niveau, peuvent avoir sur les diplomaties d'influence du Maroc avec le continent africain et le monde arabe principalement. Ainsi défini, le cadre du débat a été élargi bien évidemment à d'autres sujets en liaison avec le thème. Il a été souligné que le soft-power sportif participe d'une vision de diplomatie, ou comme on dit il est lui-même une « diplomatie parallèle » et s'inscrit dans une vision royale Sud-Sud, notamment vers l'Afrique où existent pas moins de 21 fédérations africaines. Tous les intervenants se sont accordés sur le fait que le sport, vecteur d'amitié et de rayonnement, est de plus en plus le « bien commun » le plus partagé par les peuples. Aussi bien Thami El Ghorfi que Driss Benomar ont mis l'accent sur cette dimension, estimant que « les réalisations de notre équipe nationale de football lors de la dernière Coupe du monde à Qatar et la centralité médiatique dont elle a bénéficié a constitué la meilleure illustration du Soft Power au service de l'influence du Maroc dans le monde ». Transformer la flamme en phare Et de souligner que « les grandes puissances mondiales ou régionales utilisent le sport comme un outil de projection de leur soft-power, grâce aux nobles valeurs qu'il véhicule, en l'occurrence l'équité, le travail collectif, l'égalité, la discipline, l'inclusion, la persévérance et le respect ». Comment maintenir allumée la flamme de ce succès imprégné d'une telle éthique ? Les intervenants à cette journée de réflexion estiment que « l'instant mondial a allumé la flamme qu'il s'agit de transformer en phare ». Car, soulignent-ils, « nous avons vu beaucoup d'équipes, après pareil exploit, sombrer dans l'oubli et le retour aux résultats décevants ( Corée du sud , Turquie) quand d'autres en ont profité pour jeter les bases d'un Soft power pérennisé, comme la France et l'Espagne. » En définitive, et tous les participants ont été unanimes à le souligner « le Soft Power se définit par la capacité d'un Etat à influencer et à orienter ses relations internationales ». Toutes proportions gardées, il y a lieu de dire que oui, la Coupe du monde organisée à Qatar, a bel et bien mis en avant le Onze national marocain, devenu une « affaire de famille », le prestige rayonnant encore et pour longtemps. On peut dire, à travers les multiples et riches interventions coordonnées par Thami El Ghorfi et Driss Benomar que cette phase initiale d'instaurer un Soft power marocain a constitué un succès. Première équipe africaine, le Onze national est aussi le pilier de l'influence diplomatique.