Ne se limitant pas à une prouesse footballistique, l'exploit du Maroc en coupe du Monde constitue une magnifique opportunité pour le Maroc dans plusieurs domaines. Samedi dernier, les Lions de l'Atlas ont achevé leur parcours exceptionnel en Coupe du Monde par une défaite contre la Croatie. La sélection nationale est arrivée, contre toute attente, en quatrième place de la compétition, suscitant la joie des supporters marocains, arabes et africains, tout en donnant un coup de boost à la notoriété du Royaume. Car oui, loin d'être une simple prouesse footballistique, l'épopée des jeunes de Walid Regragui au Qatar a redoré l'image du pays sur la scène mondiale. Il suffit de voir les images de liesses dans les quatre coins du globe après chaque victoire de l'équipe nationale, qui a pu même faire la «Une» de prestigieux journaux comme le Washington Post ou encore le Jerusalem Post. À cela s'ajoute l'auréole dont a joui le Maroc au niveau diplomatique. Il su t de se remémorer la scène du président des Etats-Unis, Joe Biden, en train de regarder le match de la demi- nale aux côtés du Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, à Washington, lors du Sommet USA-Afrique. Le locataire de la Maison blanche, avait d'ailleurs, écourté son discours pour pouvoir suivre le match. Car comme diraient les américains le Maroc est le « Big deal ». De plus, d'innombrables messages de félicitations ont été reçus par SM le Roi de la part des Chefs d'Etats étrangers. Le monde connaît désormais mieux le Maroc, loué par les plus grandes stars telles que Shakira, Elon Musk, David Beckham, Emmanuel Macron, et la liste est longue. Le PDG de Alphabet, Sundar Pichai, a même dans un tweet félicité le Maroc, tout en rappelant que Marrakech est l'une des plus belles villes qu'il a visité. Leadership méritoire « L'équipe marocaine ne jouait pas que pour les couleurs de son pays, mais pour un monde », écrit à cet égard, l'illustre penseur Hassan Aourid, ajoutant qu'« à chaque fois que ses membres, ou son coach, parlaient au public, exprimaient leur dette à qui de droit : le peuple marocain, le monde arabe, le monde musulman, l'Afrique, et pour tout dire, les proscrits ». Aussi, le Maroc a montré à quel point il pouvait jouer le rôle de rassembleur et acteur de paix, en témoignent les scènes de joie des palestiniens et israéliens célébrant les victoires des Lions. Tout cela a renforcé le soft Power Marocain, selon Jawad Kerdoudi, président de l'Institut marocain des Relations internationales, qui juge nécessaire voir indispensable de jouer davantage la carte du foot pour promouvoir l'image du Maroc à tous les niveaux. (Voir les trois questions). Le Maroc, rappelons-le, a commencé depuis des années à investir dans le sport comme levier de son Soft power. Les contours d'un leadership sportif régional sont d'ores et déjà là. Le Maroc concourt de plus en plus souvent pour l'organisation des manifestations sportives d'envergure mondiale. En plus du rêve d'accueillir le Mondial, qui n'a jamais quitté l'esprit des décideurs, le Royaume a déjà abrité la coupe du monde des clubs, dont il sera à nouveau le prochain hôte. (Voir repères). « Promotion du label Maroc » Il n'y a pas que des retombées diplomatiques, les retombées économiques sont d'autant plus importantes que la performance a été une fenêtre publicitaire du Royaume en tant que destination touristique. Le label touristique du Royaume, s'est nettement amélioré depuis le début de la compétition. En témoigne l'ascension du Royaume dans les tendances de recherche sur les plateformes de réservation. La presse espagnole, dont « ON ECONOMIA » a expliqué que le football fait du Maroc un pays arabe à la mode pour le tourisme. Un sondage mené auprès de 10 000 utilisateurs sur les marchés internationaux a conclu que Marrakech est la première destination la plus réservée pour ces vacances de Noël, devant Lisbonne et Londres. Le Royaume compte «saisir ce momentum en transformant rapidement une partie de cet engouement en arrivées touristiques et, dans un second temps», comme l'a indiqué la ministre du tourisme, Fatimzahra Ammor, dans une interview avec nos confrères de «Médias24». L'idée est d'inscrire cette opportunité touristique dans un plan d'accélération plus global, selon ses dires. Par ailleurs, plusieurs ambassadeurs étrangers au Maroc, nous ont fait part de la hausse de l'intérêt de leurs ressortissants pour le Royaume. Dans une déclaration à « L'Opinion », Krzysztof Karwowski, Ambassadeur de Pologne au Maroc nous a assuré qu'il a eu des centaines de personnes qui lui ont fait part de leur volonté de visiter le Maroc. C'est dire, merci les Lions pour les moments magiques de la Coupe du Monde et mille mercis pour les opportunités économiques que vous avez déclenché. Anass MACHLOUKH
Coupe du Monde Retombées financières et leadership sportif
Au-delà des acquis politiques, le Mondial est source de gratification financière. Le Maroc, comme il est demi-finaliste, percevra une prime d'environ 25 millions de dollars qui va booster le budget de la Fédération marocaine. Ce budget additionnel ne manquera pas de soutenir l'effort d'investissement que le Maroc a lancé depuis des années aussi bien sur le plan de l'infrastructure que de la formation, sachant que la plus-value de l'Académie « Mohammed VI » est reconnue à l'international. À cela s'ajoute l'infrastructure sportive dont dispose le Maroc et qui lui permet d'aspirer à organiser des manifestations sportives de plus haut niveau. Au lendemain de la demi-finale, le président de la FIFA, Gianni Infantino, a annoncé l'octroi de l'organisation de la Coupe du Monde des Clubs au Maroc qui abritera cet évènement pour la troisième fois. En sus, l'organisation de la Coupe du Monde est toujours un objectif, bien que le Maroc ait échoué dans toutes ses nombreuses tentatives précédentes. Notre pays peut compter sur son influence grandissante au sein des instances sportives pour renforcer son leadership sportif de sorte à mieux convaincre les pays. Rappelons que le président de la Fédération royale marocaine du Football, Fouzi Lekjaâ, a une voix audible au sein dela FIFA en tant que délégué africain élu à son Conseil dirigeant depuis son adhésion l'année dernière. Dans une déclaration à l'Associated Press, ce dernier n'a pas caché sa volonté de voir le Maroc candidat à l'organisation du Mondial 2030.
Trois questions à Jawad Kerdoudi « Il faut continuer à se servir du foot pour renforcer notre soft power »
Jawad Kerdoudi, Président de l'Institut marocain des Relations internationales, a répondu à nos questions sur les vertus du Mondial pour le soft power marocain. - Quels sont, de votre point de vue, les acquis du Mondial sur le plan politique? - Du fait de ses prouesses à la Coupe du Monde de football à Doha, le Maroc connaît un grand rayonnement vis à vis de tous les continents. En effet, le football - sport roi - est apprécié dans le monde entier. Le sport est un élément du soft power qui attire l'intérêt et la sympathie. Aussi, je pense que le Maroc va tirer parti de sa participation en renforçant ses relations politiques avec les pays étrangers, afin de mieux défendre notre cause nationale, à savoir le Sahara marocain. - Dans quelle mesure le Mondial qatari a servi le soft power marocain ? - Certainement, il faut continuer à se servir du foot pour renforcer notre soft power, tout en utilisant les autres leviers. A titre d'exemples, la domiciliation au Maroc des grandes Rencontres internationales, la participation aux opérations de maintien de la paix de l'ONU, l'aide médicale aux pays qui sont dans le besoin, le traitement humaniste de la migration, le développement des énergies renouvelables pour préserver l'environnement, la promotion d'un Islam ouvert et tolérant favorable au dialogue interreligieux, et enfin la lutte contre le terrorisme international. - À votre avis, où le triomphe au Mondial a-t-il été le plus bénéfique économiquement ? - Les retombées économiques vont concerner en premier le tourisme. Beaucoup de personnes sentiront le désir de connaître notre pays. D'ailleurs, l'Office marocain du tourisme va lancer une campagne publicitaire en s'appuyant sur le succès de notre équipe à Doha. En second lieu, ce sont les investissements directs étrangers qui vont être stimulés, sous l'égide de l'Agence marocaine de développement des investissements.
Recueillis par Anass MACHLOUKH
Trois questions à Krzysztof Karwowski « Le public polonais s'intéresse plus au Maroc »
Krzysztof Karwowski, ambassadeur de Pologne au Maroc, a répondu à nos questions sur la perception du Maroc par les étrangers, et notamment le public européen et polonais après le succès marocain au Mondial. - A quel point l'image du Maroc a-t-elle changé suite à son exploit à la Coupe du Monde ? - D'abord, il faut avouer que l'exploit des Lions de l'Atlas est extraordinaire et formidable, c'est un succès d'autant plus historique que beaucoup de Marocains n'en ont pas encore pris conscience et vont en mesurer l'ampleur pendant des années. C'est pareil à ce qui nous est arrivé, nous les Polonais, après les exploits de l'équipe nationale en 1974 et 1982 où nous étions arrivés en troisième place. En plus, il est certain que l'équipe marocaine a fasciné le public européen. - En Pologne, quelle était la réaction du public face aux victoires du Maroc ? - Le public a été fasciné et émerveillé par les victoires marocaines contre des sélections aussi puissantes que l'Espagne, le Portugal et la Belgique. Ce qui est sidérant, c'est que j'ai appris par la presse et les médias polonais que beaucoup de mes compatriotes supportaient l'équipe marocaine parce qu'ils voulaient qu'elle aille le plus loin possible vu qu'elle a démenti tous les pronostics. - Pensez-vous que ce succès spectaculaire inciterait les gens à visiter le Royaume ? - J'ai l'intime conviction que les Polonais connaissent mieux le Maroc et le trouvent plus attractif, même s'ils sont nombreux à l'avoir déjà vu. D'ailleurs, maintenant, je pense que beaucoup de personnes ont la volonté de visiter le Royaume. Recueillis par Anass MACHLOUKH