De larges manifestations se tiennent, depuis plus d'une semaine, en Chine, contre la politique « zéro Covid ». Un mouvement né après un incendie qui a fait dix morts dans l'ouest du pays, dans un immeuble dont les issus étaient fermées pour des raisons de sécurité sanitaire. Le 24 novembre à Urumqi, dans le Xinjiang, la région des Ouighour, un incendie s'est déclaré dans un immeuble, mais les pompiers n'y accèderont pas en raison des barrières installées pour empêcher les habitants de sortir, dans le cadre de la loi « zéro Covid ». Bilan : 10 morts, des blessés et une indignation nationale. Suite à ce drame, des manifestations ont éclaté d'abord à Urumqi, avant de s'étendre à plusieurs autres grandes villes du pays, pour protester contre la politique « zéro Covid », un ensemble de mesures mises en place depuis le début de la pandémie par les autorités chinoises, consistant en l'élimination des moindres débuts de foyer, quitte à réduire drastiquement les liaisons aériennes avec l'international ou encore à confiner des villes entières. Notons que cette politique a été efficace au début de la pandémie en Chine. Et dans un premier temps, l'empire du milieu a moins souffert que les autres pays. De plus, d'un point de vue purement sanitaire, la politique « zéro Covid » a porté ses fruits. Les autorités chinoises n'ayant déclaré qu'un peu plus de 5000 décès depuis le début de la pandémie. D'ailleurs, avant l'arrivée des vaccins, des stratégies similaires ont été mises en place dans de nombreux pays, notamment avec des mesures de confinement. Toutefois, les gouvernements les ont progressivement abandonnées avec l'arrivée des vaccins et l'arrivée du variant Omicron, plus transmissible. La Chine, elle, est restée campée sur cette politique. Ainsi, presque trois ans après l'apparition des premiers cas de Covid-19, la situation épidémique en Chine demeure inquiétante et le pays peine à développer une immunité collective. Lire aussi : Covid19 en Chine : Beijing pour « une gestion intelligente » de la situation pandémique En plus de cela, plusieurs raisons sont avancées pour expliquer cette situation épidémique. D'abord, un taux de vaccination bas, puisque seuls 65,8% des habitants de plus de 80 ans ont reçu deux doses de vaccin. Un chiffre qui chute à 20% pour la troisième dose. Ensuite, les seuls vaccins administrés sont exclusivement chinois (Sinopharm et Sinovac), bien que l'efficacité prouvée de ces derniers ne dépasserait pas les 52%. Enfin, aucun vaccin ARNm, associé à l'Occident, n'a été approuvé par les autorités chinoises. En conséquence, dès que le virus apparait dans une ville, des millions de chinois se retrouvent bloqués, confinés chez eux, et obligés à faire des tests extrêmement réguliers. Cette situation est devenue insupportable pour une grande partie de la population, chez qui la colère monte de jour en jour. A Pékin par exemple, la plupart des écoles, commerces et restaurants sont fermés. Les habitants ont besoin d'un test négatif de moins de 48 heures pour pouvoir circuler librement. Comptant 22 millions d'habitants, la capitale serait passé de 621 nouveaux cas enregistré le 20 novembre à 1 500 nouveaux cas le 22, en grande partie asymptomatiques. A Zhengzhou dans la région du Henan au centre du pays, sur l'un des sites de la société taiwanaise Foxconn, le plus grand fabricant d'iPhone au monde, des cas d'ouvriers testés positifs ont conduit au confinement des employés sur leur lieu de travail dans des conditions indignes, déclenchant émeutes et tentatives de fuite. A Hong Kong enfin, ont été rapportées des scènes de policiers vaporisant du gaz poivré dans le métro sur des passagers qui ne portaient pas de masque. La coupe du monde a d'ailleurs accentué le sentiment de colère de la population, qui voit bien que dans les stades, les gens se massent et ne sont pas masqués, alors qu'elle doit supporter des décisions qu'elle juge de plus en plus insupportables, et qui lui sont imposées par le gouvernement. En réponse à l'éruption de colère de ces citoyens jugeant les limites du supportable franchies, les autorités chinoises ont choisi la répression, en procédant à plusieurs arrestations dans les rangs des manifestants... tout en annonçant que l'assouplissement des restrictions sanitaires dans certaines villes. Aujourd'hui, le gouvernement de Xi Jinping se retrouve dans une situation gênante et doit choisir entre le durcissement de la répression, au risque d'alimenter le ressentiment de sa population, et le relâchement de la politique « zéro Covid », qui risquerait d'apparaitre comme son propre désaveu.