La ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Mme Leila Benali, a mis l'accent, vendredi à Dakar, sur la nécessité d'une intégration et d'une coopération régionales accrues et des partenariats public-privé pour apporter une solution à la mise en place de services et d'infrastructures de gestion des déchets solides pour faire face aux problèmes de déchets en Afrique. Mme Benali, qui intervenait lors d'un Dialogue sur la gestion des déchets en Afrique, dans le cadre de la 2-ème journée du Segment de Haut niveau de la 18ème Conférence Ministérielle Africaine sur l'Environnement (CMAE), qui se tient sous le thème "Assurer le bien-être des personnes et assurer la durabilité environnementale en Afrique", a indiqué que « les pratiques actuelles de gestion des déchets en Afrique ont des répercussions économiques, sociales et environnementales ». La ministre marocaine a noté que « la mise en décharge sauvage des déchets dans les zones urbaines augmente les risques de maladies et de pollution de l'environnement », ajoutant que « l'élimination des déchets organiques génère des gaz à effet de serre qui contribuent au changement climatique, et des lixiviats qui peuvent polluer les eaux souterraines et de surface ». Notant que l'incinération à l'air libre des déchets « entraîne une pollution atmosphérique importante qui a des répercussions sur la santé humaine », Mme Benali a relevé que le défi pour l'Afrique est « de répondre à l'impératif de protection de la santé en s'assurant que tous les citoyens ont accès à des services appropriés de gestion des déchets, et de saisir les opportunités socio-économiques des déchets en tant que ressource de substitution aux matières premières ». « Par conséquent, un soutien financier et technique aux pays en développement est très nécessaire pour assurer le financement de cette transition juste », a-t-elle lancé, faisant observer qu'une analyse de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA) a révélé une corrélation plus forte entre les emplois créés et la valeur ajoutée brute dans l'économie en poursuivant les investissements dans les secteurs verts. Le rapport du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) sur l'Avenir de la Gestion des Déchets en Afrique, indique que « dévier les déchets disposés dans les décharges et les sites d'enfouissement vers la réutilisation, le recyclage et la récupération, pourrait injecter 8 milliards de dollars supplémentaires chaque année dans l'économie africaine et créer d'importantes opportunités socio-économiques pour sur le continent », a souligné la ministre. Lire aussi : Pandémie : L'OMS alerte sur la menace des déchets médicaux pour la santé et l'environnement La ministre de la Transition énergétique et du Développement durable a dans ce cadre indiqué que « des mesures urgentes doivent être prises pour mettre en place une économie propre et verte porteuse de nouveaux emplois et de croissance, en tenant compte du besoin que les solutions durables soient abordables et accessibles à tous ». « Il est indéniable que l'accès au financement est difficile pour de nombreux pays et qu'il y a un manque en termes de montage de projets bancables », a regretté la ministre. Elle a estimé que pour promouvoir l'investissement, les pays doivent créer un environnement favorable qui attire les investisseurs privés dans le secteur des déchets. Il s'agit notamment de réduire les risques liés à l'investissement et de renforcer la confiance des investisseurs. La ministre a mis l'accent sur la nécessité de mettre en place des politiques et des réglementations favorables à l'investissement et de renforcer les institutions et la gouvernance, soulignant que « les partenariats public-privé peuvent apporter une solution à la mise en place de services et d'infrastructures de gestion des déchets solides pour faire face aux problèmes de déchets en Afrique ». Elle a en outre ajouté que la collaboration régionale peut soutenir la mise en œuvre de technologies appropriées, guidées par les besoins de l'Afrique, notant que des mécanismes devraient être créés pour améliorer les marchés régionaux, de manière à réaliser des économies d'échelle pour les investissements. La responsable juge qu' »une intégration et une coopération régionales accrues permettront d'atteindre des niveaux de développement et de croissance plus élevés en s'appuyant sur les ressources propres et le commerce intérieur de l'Afrique ». »C'est précisément à partir de là que nous devons renforcer nos actions vers une circularité économique qui ne prend pas seulement en compte le cycle de vie du produit, mais surtout, mettre en place des clusters de valeur en incluant tous les acteurs concernés, gouvernements, collectivités locales, partenaires internationaux du développement, secteur privé et ONG », a-t-elle dit. La ministre a dans ce contexte salué et soutenu l'initiative 50 by 2050 menée par l'Egypte, qui vise à traiter et recycler au moins 50% des déchets produits en Afrique d'ici 2050, relevant que ce sont également de telles initiatives qui « contribueront non seulement à l'amélioration du cadre de gouvernance, mais aussi à la mobilisation de ressources financières supplémentaires qui permettront de relever le défi de la gestion des déchets ». A l'issue des travaux de ce Segment de Haut niveau, une Déclaration politique et des messages clés seront adoptés par les ministres mettant en exergue notamment les actions clés à poursuivre au niveau de la région pour la protection de l'environnement, à faire avancer les efforts mondiaux en matière de changement climatique, de biodiversité, de désertification ainsi que de réalisation des objectifs de l'Agenda 2030.