Joe Biden, qui se rend en Arabie saoudite la semaine prochaine, veut « y renforcer un partenariat stratégique fondé sur des intérêts et des responsabilités réciproques, tout en respectant les valeurs américaines fondamentales », écrit-il dans une tribune publiée samedi par Washington Poste. Dans ce texte détaillé, le président américain, qui se rend en Israël mardi puis à Jeddah en Arabie saoudite vendredi, répond aux critiques qui l'accusent de se renier pour extirper la promesse de l'Arabie saoudite de produire plus de pétrole. Joe Biden avait, avant son élection, promis de faire de la monarchie pétrolière un international « paria » à cause de l'assassinat du journaliste dissident Jamal Khashoggi. « Je sais que beaucoup ne sont pas d'accord avec ma décision d'aller en Arabie saoudite. Mes vues sur les droits de l'homme sont claires et durables, et les libertés fondamentales sont toujours à l'ordre du jour lorsque je voyage, et elles le seront lors de ce voyage » assure le président américain. Il se souvient avoir déclassifié un rapport explosif des services de renseignement américains concernant les circonstances de la mort de Jamal Khashoggi. Mais il ne mentionne pas dans sa chronique le nom du prince héritier Mohammed ben Salmane, qui selon ce même rapport « valide » le meurtre. Joe Biden doit le rencontrer à Jeddah la semaine prochaine, dans le cadre d'une réunion élargie autour du roi Salman. « Mon travail de président est d'assurer la solidité et la sécurité du pays » justifie le démocrate de 79 ans, évoquant la nécessité de « contrer » la Russie, de se mettre dans la meilleure position possible » face à la Chine et d'assurer un » une plus grande stabilité » au Moyen-Orient. « Pour faire ces choses, nous devons avoir une relation directe avec les pays qui peuvent contribuer. L'Arabie Saoudite en est un. explique encore Joe Biden. « En Arabie saoudite, nous avons renversé la politique du chèque en blanc dont nous avions hérité » de l'ancien président Donald Trump, affirme Joe Biden. Il précise : « Depuis le début, mon objectif a été de réorienter – mais pas de rompre – les relations avec un pays qui est notre partenaire stratégique depuis 80 ans ». Le président américain évoque également un enjeu important de son voyage : le pétrole, à l'heure où les prix élevés de l'essence exaspèrent les Américains et nuisent aux perspectives électorales de son parti. Ryad, assure-t-il, « travaille avec mes experts pour aider à stabiliser le marché pétrolier ». Washington voudrait que tous les pays du Golfe ouvrent les vannes à la baisse des prix. Joe Biden avait d'abord prévu de rencontrer le Premier ministre par intérim Yair Lapid et le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas. Puis il s'envolera vendredi pour Djeddah, premier lien direct de ce genre entre l'Etat juif et un pays arabe qui ne reconnaît pas son existence. Donald Trump avait déjà fait ce déplacement avec une dimension symbolique très forte, mais dans le sens inverse. Le Moyen-Orient est « moins sous pression et plus intégré qu'il y a dix-huit mois » à son arrivée à la Maison Blanche, assure Joe Biden. Il évoque notamment le rapprochement entre Israël et plusieurs pays arabes, entamé sous la tutelle de l'ancien président républicain. L'administration Biden « travaille à approfondir et étendre » ce processus, affirme le président démocrate. Joe Biden veut « faire des progrès » face à une région qui reste « pleine de défis » entre le programme nucléaire iranien, et la situation instable en Syrie, Libye, Irak, Liban... Mais il n'en discerne pas moins des « tendances prometteuses » dans la région, estimant que « les Etats-Unis peuvent les renforcer comme aucun autre pays ne le peut. C'est ce que sera mon voyage pour la semaine prochaine ».