Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, n'a finalement pas pu tenir face à l'avalanche de départs de ses ministres et des appels à la démission qui s'est abattue sur lui. S'il semblait, mercredi, déterminé à se maintenir au pouvoir, le chef du gouvernement conservateur a fini, jeudi, par céder, tellement la crise dans laquelle l'ont plongé les scandales à répétition a été insurmontable. L'heure désormais est à la succession de BoJo. « En politique, personne n'est indispensable », a-t-il affirmé, en annonçant sa démission comme chef du parti conservateur, ouvrant la voie à la nomination d'un nouveau Premier ministre. Résigné, il a reconnu que c'était clairement la volonté du parti conservateur qu'il y ait un nouveau leader et donc un nouveau Premier ministre, expliquant que « la procédure pour choisir un nouveau dirigeant doit démarrer maintenant et le programme sera annoncé la semaine prochaine ». D'ici là, son nouveau gouvernement restera en poste, tout comme lui, jusqu'à ce que le nouveau dirigeant soit en place. Boris Johnson ne craignait pas un vote de défiance. Car, ayant remporté un vote, enclenché en juin par les députés conservateurs pour l'évincer, il a acquis une immunité de douze mois. La démission était alors la seule option pour qu'il puisse quitter Downing Street. La Reine n'a aucun pouvoir en la matière. La pression fusait alors de toutes parts, en premier de son propre camp. Les enquêtes d'opinion ne l'on que confirmé. Selon un sondage Savanta ComRes, publié mercredi, 72 % des Britanniques estiment que le Premier ministre devrait démissionner. Assailli par les affaires embarrassantes et leur corollaire de déclarations mensongères, Boris Johnson vit depuis des semaines les « pires moments de sa vie politique », bien loin de l'euphorie triomphale de ses débuts à Downing Street en 2019, sous la promesse de mener à bon port le Brexit. → Lire aussi : Accablé par les scandales, Boris Johnson démissionne de son poste de Premier ministre Les commentateurs politiques de la presse locale voient dans la succession des événements un indicateur qui en dit long sur la manière dont Boris Johnson a exercé son pouvoir, accumulant les dysfonctionnements qu'il estimait pouvoir effacer en multipliant les excuses publiques. Toutefois, cette fois-ci, ses promesses et son mea culpa n'ont clairement pas suffi. Les députés lui reprochaient principalement son comportement et celui de son équipe. « Les institutions et l'intégrité sont des piliers centraux de notre démocratie », a expliqué mercredi après-midi le ministre de la santé, Sajid Javid, à la Chambre des communes, lors de son discours de démission. Pour ce poids lourd des Tories, « le problème part du sommet et cela ne changera pas. Le public demande que nous maintenions honnêteté et intégrité dans tout ce que nous faisons ». La prorogation « illégale » du Parlement en 2019, les soupçons de copinage, la violation des règles Covid, la rénovation à grands frais de ses appartements de Downing Street, ou encore les révélations sur l'organisation de multiples fêtes au sein du gouvernement lors des confinements entre mai 2020 et avril 2021 ont convergé pour que Boris Johnson soit lâché par tous les élus, qui doutaient un tant soit peu de lui et qui ne le perçoivent plus comme un vainqueur potentiel. Alors qu'ils avaient l'occasion de l'écarter en lui retirant leur confiance, dans la foulée des soirées du 10 Downing Street en pleine pandémie, avant d'y renoncer, par crainte de nouvelles élections, cette fois les membres du parti conservateur redoutent que leur formation perde le pouvoir lors de la prochaine élection générale, prévue en 2024. Pour le succéder, ce ne sont pas les candidats qui font défaut. Une petite dizaine de noms se dégage. Le démissionnaire Chancelier de l'Echiquier (équivalent du ministre des Finances), Rishi Sunak, l'ancienne ministre de la Défense, Penny Mordaunt, le désormais ex-ministre de la santé, Sajid Javid, sont en bonne position. Sont cités également Liz Truss, la ministre des Affaires étrangères, Ben Wallace, ministre de la Défense, ou encore Tom Tugendhat, un ancien militaire très populaire parmi les Tories centristes. Le choix de son successeur pouvant traîner jusqu'à l'automne, Boris Johnson entend mettre à profit les jours ou semaines qui lui restent pour rappeler son bilan « positif ». Il ne cache pas sa fierté d'avoir fait aboutir le Brexit, d'avoir rendu sa souveraineté au Royaume-Uni, d'avoir ''bien géré'' la pandémie et d'avoir ''mené l'Occident face à la guerre en Ukraine'' « La raison pour laquelle je me suis autant battu ces derniers jours pour continuer, pour tenir ce programme en personne, ce n'est pas parce que j'en avais envie, mais parce que je pensais que c'était mon travail, mon devoir, mes obligations envers vous de continuer de faire ce qu'on avait promis en 2019'', a-t-il dit.