Le changement climatique causé par l'homme a rendu 30 fois plus probable la vague de chaleur qui s'est abattue en mars-avril sur l'Inde et le Pakistan, ont estimé des scientifiques spécialisés dans une étude. Un événement d'une telle intensité a désormais une probabilité de se produire une fois tous les 100 ans, dans le monde où la température moyenne a augmenté de 1,2°C depuis les niveaux pré-industriels, ont expliqué récemment les scientifiques du World Weather Attribution (WWA), le réseau de scientifiques pionniers en matière d'attribution des événements extrêmes au changement climatique. Sans changement climatique anthropique, la probabilité serait d'une fois tous les 3.000 ans, a fait savoir Friederike Otto, du Grantham Institute à l'Imperial College de Londres. → Lire aussi : Canicules: plus du tiers des décès attribuables au réchauffement Si l'Inde et le Pakistan ne sont pas étrangers aux températures élevées, la précocité et l'intensité de cette vague de chaleur, bien avant la mousson, sont exceptionnelles, a fait savoir le WWA qui s'est concentré sur les températures maximales en mars et avril dans le nord-ouest de l'Inde et le sud du Pakistan. « Dans une grande partie des deux pays, les gens n'ont connu que peu de répit pendant des semaines, avec un coût particulièrement élevé pour des centaines de millions de personnes qui travaillent à l'extérieur. Nous savons que cela va arriver plus souvent avec la hausse des températures et nous avons besoin de mieux nous préparer« , a averti Krishna AchutaRao, du centre pour les sciences atmosphériques de l'Institut indien de technologie de New Delhi. Son collègue Fahad Saeed, climatologue basé à Islamabad, a mis en garde contre les « limites de l'adaptation » et la « menace existentielle » que représenterait un réchauffement au-delà de 1,5°C pour les populations les plus vulnérables, sans accès à la climatisation ou d'autre moyen de se rafraîchir. Cette canicule a causé la mort de 90 personnes et provoqué des coupures d'électricité et des pénuries d'eau pour des millions d'habitants. Depuis 2010, les vagues de chaleur ont tué plus de 6.500 personnes en Inde. Au Pakistan, les températures ont encore atteint 50°C mi-mai à Jacobabad, dans la province méridionale du Sindh, tandis qu'en Inde la température a dépassé 48°C au Rajasthan.