L'Algérie a averti l'Espagne de mettre fin à tous les accords si Madrid ne reconsidérait pas sa position sur le Sahara marocain. Selon le quotidien espagnol « El Correo » qui cite le secrétaire général du ministère algérien des Affaires étrangères, Chakib Rachid Kaid, Alger a décidé de « revoir tous les accords avec l'Espagne dans tous les domaines pour voir comment la relation évoluera à l'avenir ». Concernant le Gazoduc Maghreb-Europe, Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken compte jouer les bons offices pour le redémarrage du gazoduc. Le changement de la position de Madrid sur le dossier du Sahara marocan risque de passer à la vitesse supérieure entre Madrid et Rabat. Dans ce contexte, le secrétaire général du ministère algérien des Affaires étrangères, Chakib Rachid Kaid a laissé entendre que « les contrats en cours pourraient ne pas être renouvelés s'ils expirent en 2030 ». Le tournant espagnol de la position saharienne est intervenu lorsque le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a négocié avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour rétablir l'approvisionnement en gaz via le gazoduc EMPL reliant l'Algérie, via le Maroc, à l'Espagne continentale. Plus tôt ce mois-ci, Alger a rappelé son ambassadeur de Madrid pour des entretiens mais a déclaré qu'il n'avait pas encore l'intention de suspendre toutes les relations avec l'Espagne à condition que « les amis espagnols prennent les mesures nécessaires dans ce sens ». La semaine dernière, des responsables algériens ont laissé entendre qu'ils privilégient l'Italie comme « centre névralgique du gaz dans le sud de l'Europe », au détriment de l'Espagne. Alger a déclaré qu'il proposerait ultérieurement une « réponse globale et multiforme » en réponse au repentir de Madrid sur le Sahara marocain. Kaïd a réaffirmé que son gouvernement n'était pas au courant de la décision de Sanchez de soutenir le plan marocain d'autonomie saharienne. Le gouvernement espagnol réfute cette affirmation et a précédemment déclaré avoir informé l'Algérie à l'avance du soutien à la proposition d'autonomie de Rabat. L'Algérie est un « partenaire stratégique prioritaire et fiable » pour l'Espagne avec qui Madrid souhaite « entretenir une relation privilégiée », a indiqué le ministère espagnol des Affaires étrangères. Alger dément : « Nous sommes très surpris par ce virage inexplicable (...) Je parle de surprise et de grande déception », a souligné Kaid. Lire aussi: Pedro Sanchez : Les relations avec le Maroc, « une affaire d'Etat qui requiert une politique d'Etat » Le chef du gouvernement espagnol a déjà vu venir les menaces algériennes et a appelé la semaine dernière l'Union européenne (UE) depuis Paris à garantir l'autonomie énergétique. Par exemple, si les pays de l'UE commencent à acheter du gaz ensemble, ils peuvent négocier un prix plus bas et un approvisionnement plus sûr. « Nous devons agir maintenant pour que personne ne puisse faire chanter l'Europe avec les prix de l'énergie », a-t-il averti lors d'une conférence de presse conjointe avec le président français Emmanuel Macron. Les bons offices de Blinken Dans ce contexte tendu entre Madrid et Alger, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, qui a entamé aujourd'hui, mercredi 30 mars, une visite en Algérie, œuvre à la réouverture du gazoduc Maghreb-Europe (GME). Blinken s'est entretenu à Alger avec son homologue algérien, Ramtane Lamamra, avant d'être reçu par le président Abdelmadjid Tebboune. Les discussions porteront sur « la sécurité et la stabilité régionales, la coopération commerciale, ainsi que la situation des droits de l'homme et des libertés fondamentales », a déclaré à la presse une responsable du département d'Etat américain Yael Lempert. Lire aussi: Pedro Sanchez : Le soutien du plan d'autonomie procède de la « pleine volonté » de l'Espagne de contribuer au règlement du différend du Sahara Cette visite intervient à un moment où les relations entre l'Algérie et le Maroc traversent une grave crise, au centre de laquelle se trouve la question du Sahara. Ce dossier, prioritaire pour la diplomatie marocaine, figurait en bonne place au menu des pourparlers Blinken à Rabat mardi. En ce sens, Blinken a ainsi réitéré le soutien américain au plan d'autonomie « sérieux, crédible et réaliste », présenté par le Maroc pour mettre fin à ce conflit et exprimé le soutien de Washington à l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Staffan de Mistura, et au « processus politique » sous les auspices des Nations Unies. La visite de Blinken se concentrera en grande partie sur l'objectif de convaincre l'Algérie d'augmenter l'approvisionnement en gaz de l'Europe en rouvrant le gazoduc Maghreb-Europe. Selon les médias, l'Algérie a rejeté une demande antérieure des Etats-Unis, lors d'une récente visite du sous-secrétaire d'Etat américain Windy Sherman à Alger. Blinken pourrait à nouveau remonter mercredi ce dossier très sensible pour l'Algérie qui ne veut pas compromettre ses relations avec son allié russe.