Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, serait en pourparlers avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune pour rouvrir le gazoduc GME, dont le contrat n'a pas été renouvelé par l'Algérie pour « sanctionner » le Maroc. L'Algérie voudrait saisir l'opportunité de la crise géopolitique actuelle pour approvisionner l'Europe en gaz. Alors que la crise des hydrocarbures continue de plomber les marchés mondiaux et les économies des pays depuis le début du conflit russo-ukrainien, les Européens tentent de trouver des solutions au manque de gaz russe. Et c'est naturellement vers l'Algérie que les pays du Vieux continent se tournent notamment à cause de la proximité géographique, synonyme de coûts moins élevés. Mais depuis que l'Algérie a décidé le 31 octobre, de ne pas renouveler le contrat du gazoduc GME qui passe par le Maroc à cause de son inimitié avec le Royaume, cette option devient difficile à réaliser pour les Européens. Après un premier échange téléphonique entre Pedro Sanchez et Abdelmadjid Tebboune le 6 mars, visant à rassurer sur l'approvisionnement de l'Espagne en gaz algérien, les contacts entre les deux pays et au plus haut niveau ont perduré, selon le site d'informations espagnol MERCA2 qui cite des sources au ministère de l'énergie espagnol. Le site affirme, en citant ces sources, que cet entretien téléphonique, leur a permis d'être « optimistes » et « leur a donné des raisons d'espérer un changement de la position de l'Algérie » sur le GME. Jusqu'à présent, le gouvernement d'Abdelmajid Tebboune s'était opposé à la possibilité que Madrid et Rabat parviennent à un accord pour rouvrir le tronçon du gazoduc qui traverse exclusivement le sol marocain et acheminer le gaz de l'Espagne vers le Maroc. Mais face à la situation géopolitique actuelle et les promesses des dirigeants algériens que l'Algérie est un partenaire « fiable », la demande en gaz chez les Européens se fait de plus en plus pressante et la solution pour ravitailler le Vieux Continent serait de rouvrir le gazoduc GME pour relier l'Algérie à l'Europe. A cause des sanctions sur le gaz russe qui couvraient 20% de la demande mondiale, actuellement les prix du gaz ont grimpé de manière fulgurante. Les importateurs n'ont pas énormément de choix devant eux, mais préféreraient éviter le gaz américain sous sa forme liquéfiée (GNL) qui revient 40% plus cher. A ce stade, le chef du gouvernement espagnol serait en train de négocier avec Abdelmadjid Tebboune un retour de bons procédés puisque Pedro Sanchez lui avait accordé une grande faveur le printemps dernier, en accueillant le chef des séparatistes sahraouies parrainé par Alger contre le Maroc, et qui lui a coûté ses relations diplomatiques avec Rabat. Des relations toujours plombées à l'heure actuelle, par le geste inamical de Madrid. « Des contacts ont actuellement lieu +au plus haut niveau+ entre l'Espagne et l'Algérie pour que le Maghreb-Europe (GME) ramène le gaz vers le Vieux Continent », a indiqué le site espagnol. «La question clé ici est de savoir si l'Algérie décidera de mettre au second plan son éternel conflit avec le royaume alaouite pour devenir un acteur de référence dans le nouveau scénario géopolitique et économique qui se dessine après l'intervention militaire russe en Ukraine. Et ce changement d'attitude pourrait déjà avoir lieu, comme en témoigne le fait que le président algérien a admis que le gazoduc du Maghreb est utilisé en sens inverse pour acheminer le gaz naturel de l'Espagne vers les centrales électriques marocaines », ont indiqué les sources espagnoles consultées par MERCA2. Le GME qui ne fonctionne plus est très important pour l'Espagne mais aussi pour l'Europe puisqu'il permettrait de fluidifier le flux de gaz entre les deux continents. Avec des 1 400 kilomètres de longueur, dont 540 traversant le Maroc, le GME contribue annuellement à desservir entre 6 000 et 8 000 millions de mètres cubes de gaz à l'Espagne. Ce gazoduc à lui seul fournissait 25% des importations espagnoles de gaz, qui arrivait par le détroit de Gibraltar après avoir traversé le territoire marocain et livré le gaz au terminal espagnol situé dans la ville de Cadix. Aujourd'hui, un seul gazoduc reliant l'Algérie à l'Espagne fonctionne, le Medgaz, et sa capacité est moindre par rapport à celle du GME. Et alors que les autorités algériennes refusent catégoriquement de rouvrir le GME pour la seule raison qu'il traverse le Maroc et ne voudraient pas, par conséquent, le faire bénéficier du gaz algérien, l'Algérie travaille actuellement à renforcer l'offre du Medgaz afin de ne plus avoir à utiliser le GME. .