Année de pandémie du Covid-19, que l'on croyait passagère, 2021 a été également marquée par une série d'événements dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils ont bouleversé le cours des choses.Et le dénouement de la crise avec l'Allemagne en est significatif. Notre pays s'est en effet trouvé, nolens volens, au premier plan d'une actualité fervente voire brûlante. Rétrospectivement, l'on peut dire que le point de départ de cette évolution aura été la décision solennelle prise le 10 décembre 2020 par l'ancien président Donald Trump de reconnaître et acter la marocanité du Sahara et d'associer son pays, les Etats-Unis, solennellement, à l'accord de normalisation entre le Maroc et Israël. Faisant sien le postulat selon lequel il n'est de continuité de l'Histoire que par les ruptures, Donald Trump a refondé cette dernière en quelque sorte. Une dynamique inédite a été créée , prenant de court les uns et entraînant les autres dans une mouvance d'adhésion. Ce sont ensuite pas moins d'une vingtaine d'Etats, arabes et africains , dans le sillage des Etats-Unis qui ont décidé d'ouvrir des consulats au Sahara marocain, concrétisant ainsi l'acte de reconnaissance qui en entraînera d'autres et ouvrira de nouvelles et ambitieuses perspectives à la diplomatie marocaine, hissée de plus en plus sur le pavois. La décision des Etats-Unis, officielle, solennelle étant gravée sur le marbre des institutions américaines , elle faisait par ailleurs un pendant à une autre décision significative : la mise en œuvre accélérée de la normalisation israélo-marocaine. Tant et si bien qu'en moins d'une année une véritable coopération s'est instaurée entre les deux pays avec à la clé trois importantes visites au Maroc de hauts responsables israéliens : celle d'une délégation officielle venue rendre le 22 décembre 2020 visite au Roi Mohammed VI, dirigée par M. Jared KUSHNER, Conseiller principal du Président des Etats-Unis d'Amérique ; Meir Ben-Shabbat, Conseiller à la Sécurité Nationale de l'Etat d'Israël et Avrahm Joel Berkowitz, Assistant spécial du Président des Etats-Unis d'Amérique et Représentant spécial pour les négociations internationales. →Lire aussi : Satisfecit marocain du message du président allemand à SM le Roi Celle ensuite du ministre israélien des Affaires étrangères, Yaer Lapid le 11 août 2021, soit sept mois après la normalisation entre les deux et au cours de laquelle il a signé avec son homologue marocain Nasser Bourita des accords portant notamment sur la coopération politique, l'aviation et la culture. Enfin, plus significatif encore, la visite de Benny Gantz, ministre de la Défense d'Israël le 24 novembre dernier à Rabat et ses entretiens avec ses homologues marocains ont constitué un temps fort de la nouvelle relation maroco-israélienne. Cette visite a été sanctionnée par un protocole d'accords de défense qui, tout de suite après, a soulevé l'ire à la fois du gouvernement algérien et de certains dirigeants espagnols. Elle n'en a pas moins interpellé d'autres. La normalisation maroco-israélienne a constitué l'un des événements les plus significatifs, sinon le plus significatif de l'année 2021. Quand bien même elle serait survenue après celles des Emirats arabes unis (EAU), de Bahrein , du Soudan, de l'Egypte et de la Jordanie avec l'Etat hébreu, elle prend une place incomparable dans le nouvel échiquier géopolitique. Plusieurs raisons expliquent un tel redimensionnement dont l, non content de percer le fameux plafond de glace de son isolement, Israël peut se prévaloir. La normalisation maroco-israélienne , lancée aussitôt après les Accords d'Abraham, a suscité des réactions de désapprobation voire hostiles au sein du PJD et d'une infime partie de l'Establishment marocain voué depuis des années à d'acerbes critiques envers Israël. Lequel d'ailleurs rejoint et fait le jeu du gouvernement algérien qui trouve-là une occasion supplémentaire de nourrir la rengaine antimarocaine de son peuple, destinée essentiellement à le détourner des problèmes de « survie » existentielle – c'est le cas de le dire – auxquels il est confronté. Dans le lexique usité par les commentateurs algériens pour s'en prendre au Maroc, on y trouve des formules aberrantes et indignes comme « le Maroc, porte-parole ou pont de la pénétration du sionisme dans les frontières algériennes ». Elles ont pour objet de diaboliser notre pays, sans succès bien entendu, accompagnées un moment du délire habituel d'un général chamarré appelé Saïd Chengriha qui n'a de cesse d'exhiber son torse et de se rendre aux frontières non loin d'Oujda pour nous menacer...Un va-t-en guerre digne des pieds-nickelés qui a vite fait d'avaler ses vociférations quand le Maroc lui a fait indirectement savoir qu'en cas d'agression, il ne s'en sortira guère aussi aisément qu'il le croit. Au chapitre maroco-algérien , la question du Sahara est demeurée la pomme de discorde, ce qu'on appelle en géopolitique un « facteur exogène » aux retombées collatérales en Algérie, puisqu'elle est instrumentalisée à outrance par le pouvoir militaire contre le Maroc, perçu comme « l'ennemi historique » et le coupable par ricochet de la tragédie algérienne. Si l'affaire du Sahara traîne depuis 46 ans, faute d'une solution politique rejetée par Alger, l'année 2021 , en revanche, a laissé percer un timide renversement des choses grâce au vote le 31 octobre dernier de la Résolution 2602 par les 15 membres du Conseil de sécurité à la quasi unanimité, moins la Tunisie et la Russie qui met le gouvernement algérien au pied du mur. Une fois pour toutes, cette résolution pertinente pointe le doigt sur la responsabilité de l'Algérie dans le conflit, la désignant comme partie impliquée, prenante comme l'on dit et lui imposant de participer activement au processus de règlement, à travers les « tables » de négociations instaurées par l'ancien émissaire de l'ONU, Horst Köhler. Or, acculée à ses ultimes retranchements, se moquant ensuite des résolutions de l'ONU alors qu'elle n'avait cessé par le passé d'en appeler à son intervention, voilà l'Algérie qui s'engage dans une fuite en avant, violant les résolutions et la volonté de la communauté internationale. La Résolution 2602 qui conforte toutes les autres adoptées depuis le 30 avril 2007 marquera l'année 2021 comme celle d'un ultimatum au dérisoire jeu de mépris de la Loi internationale par Alger. Il reste que l'obstination algérienne de cette année – qui marque un retour aux méthodes sournoises de Houari Boumediene – se heurte de plus en plus à la raison que lui opposent le droit et la justice. On comprend de mieux en mieux que derrière ce « Mur Potemkine » dressé par Alger, ses acteurs potiches comme Ramtane Lamamra et son stipendié Amar Belani, ne sont que le triste décor d'une aventure appelée à connaître sa fin. Les rugissements d'une vieille ganache appelée Chengriha n'y pourraient rien. Le gouvernement algérien s'est épuisé en de multiples tentatives d'isoler le Maroc et de lui dresser des digues au Maghreb, en Afrique, voire dans le monde arabe . Le président Tebboune, tout à son irascible haine contre notre pays, s'est rendu successivement en Tunisie et en Mauritanie avec le fallacieux projet, proclamé, d'associer les dirigeants des deux pays à exclure le Maroc, la bourse déliée leur proposant la création d'un Petit Maghreb à trois, réduit à sa portion congrue et sans âme aucune. Non content de voir le Maroc isolé depuis 2020 par Mme Angela Merkel lors de la conférence organisée par elle à Berlin sur la Libye, le président Tebboune s'est également réjoui de la grave crise qui a surgi en mars 2021 entre l'Allemagne fédérale et le Royaume du Maroc, lorsque notre pays a « rompu » en mars dernier ses relations avec Berlin en gelant toutes les activités avec ses institutions officielles et officieuses. Il lui faut à présent déchanter, parce que la crise maroco-allemande s'est d'elle-même dissipée, dix mois de malentendus ont poussé les deux gouvernements, marocain et allemand, à raison garder, renvoyant dos à dos Mme Angela Merkel et le président Tebboune. Avant même que l'Algérie n'existât en juillet 1962, soit six ans auparavant, le Maroc et l'Allemagne avaient établi en 1956 déjà des relations diplomatiques, alors que cette dernière coupée en deux était sortie de la Seconde guerre mondiale et du nazisme. L'Union soviétique, dirigée de main de fer par Staline, s'était emparée en 1945 de la partie orientale et avait crée la RDA, (République démocratique allemande) d'obédience communiste, face à la RFA ( République fédérale allemande) placée dans le camp occidental. La séparation de l'Allemagne en deux grands blocs antinomiques entre 1945 et 1989 a traumatisé le peuple allemand, tant et si bien qu'il mesure plus qu'aucun autre les effets du séparatisme et le désir de l'unité nationale. Angela Merkel, qui a grandi dans l'Allemagne de l'est de l'époque ,mais rejoint la République fédérale et adhéré à la CDU ( Union chrétienne démocrate) et évolué sous la coupe d'un Helmut Kohl, dirigé ensuite l'Allemagne unifiée pendant 16 ans a failli tout simplement détruire l'héritage d'une relation maroco-allemande à nulle autre pareille. Les élections de septembre 2021 , consacrant la victoire des sociaux démocrates et des Verts avec à leur tête l'admirable Analena Baerbock , ministre des Affaires étrangères, dans le sillage d'un Joschka Fischer semblent redistribuer les cartes dans le pays de Goethe. La Realpolitik , concept inventé par Bismarck et adopté par Metternich, est à présent le marqueur de la diplomatie allemande. Or, dans cette affaire maroco-allemande, il ne s'agit pas seulement de prise de conscience du gouvernement allemand de l'importance de renouvellement du Pacte d'amitié – qui n'a jamais failli avant l'arrivée d'Angela Merkel – entre l'Allemagne et le Royaume du Maroc. Il convient de souligner ce paradoxe troublant que c'est Angela Merkel, chrétienne démocrate jusqu'aux bouts des ongles, donc dirigeante de droite s'il en est qui a diabolisé les relations de son pays avec le Royaume du Maroc, d'obédience libérale, théoriquement plus proche de ses idées et ses principes au profit d'un régime militaire algérien, relevant davantage d'une dictature répressive et prétendument socialiste... Le président de la République fédérale allemande Frank-Walter Steinmeier a rectifié officiellement le tir, il a présenté ses vœux de nouvelle année au Roi Mohammed VI, louant les réformes engagées par ses soins , se félicitant de l'évolution institutionnelle et démocratique du Royaume et accordant son appui sans réserve au Plan d'autonomie que le Maroc propose pour résoudre la question du Sahara. Au-delà de cette reprise des relations bilatérales, il y a le repositionnement de l'Allemagne dans l'échiquier régional et le renforcement inédit de la coopération économique entre les deux pays... Ces derniers expriment leur volonté de s'inscrire dans une nouvelle dynamique, et si l'invitation lancée au Roi Mohammed VI de visite d'Etat en Allemagne par le Président Steinmeier venait à se concrétiser, l'axe Rabat-Berlin prendrait une nouvelle dimension. Vorwärts und Aufwärts, en avant et en haut dit l'apophtegme...