Malgré toutes les attaques, manœuvres et contre-publicité faites à Donald Trump par le Parti Démocrate, Joe Biden en tête, l'ancien président américain reste incontournable chez les Républicains. Ceux qui pensaient, au lendemain du 6 janvier 2021, que l'attaque lancée contre le Capitole par ses supporters mettrait fin à la carrière politique de Donald Trump se sont trompés lourdement. Le Parti républicain a rapidement resserré les rangs derrière lui. Mais depuis cet événement, l'Amérique est divisée et radicalisée. Joe Biden n'a pas réussi à ce jour, à apaiser le pays. Malgré les arrestations et les menaces, la commission d'enquête parlementaire se heurte au refus des anciens de l'Administration Trump de coopérer. On assiste à une sorte de guerre civile larvée, tellement la vie politique aux Etats-Unis est devenue radicale, aussi bien chez les Républicains que chez les Démocrates. Il semble que c'est Donald Trump qui va arbitrer les élections de mi-mandat de 2022 après avoir placé ses hommes aux postes de responsabilité dans les Etats clés. Le 29 décembre 2021, Donald Trump écrivait dans son site Save America : « En un an, Biden a créé une crise à notre frontière, une crise énergétique, une crise inflationniste, une crise de nos chaînes d'approvisionnement et une crise sécuritaire, tout en appliquant le programme le plus extrémiste de l'histoire. » Il y qualifie son rival d'« anti-travail, anti-famille et anti-Amérique ». « Aucun président américain n'a causé autant de dommages en aussi peu de temps. L'Administration Biden est une honte nationale », concluait-il. Un an après l'assaut du Capitole par les fans de Donald Trump, la cicatrice reste ouverte. La réprobation générale a été de courte durée. Le 13 janvier, seuls dix représentants du Grand Old party (GOP) sur 207, votaient la mise en accusation pour « incitation à l'insurrection » de Donald Trump et 7 sénateurs sur 50 sa destitution. Ce qui a débouché à un acquittement. Depuis, les rares Républicains qui ne suivent pas les directives de l'ancien président, les « dissidents », subissent ses foudres. Devant cette pression, certains sont même amenés à abandonner la politique. « Mon parti est en train de perdre la tête. Comment peut-on menacer ses élus comme ceux qui ont voté en faveur du plan infrastructures de Joe Biden ? J'essaie de calmer les ardeurs des uns et des autres mais ce n'est pas gagné », déplore Michael Steel, un ancien président du Conseil national républicain (CNR). L'influence de Donald Trump persiste encore aujourd'hui. La commission d'enquête parlementaire se heurte au refus de coopérer des proches de Donald Trump. Il a fallu poursuivre pénalement Steve Bannon, le gourou de l'ancien président, et Mark Meadows, l'ancien Secrétaire général de la Maison Blanche pour entrave au Congrès. Le scrutin de mi-mandat, qui aura lieu en novembre prochain, risque de redistribuer les cartes et rendre le mandat de Joe Biden, un chemin de croix. C'est qu'il s'agit du renouvellement total de la Chambre des représentants et d'un tiers du Sénat. La situation aujourd'hui au Sénat est de 50 sièges aux Démocrates et 50 sièges aux Républicains et à la Chambre des Représentants, 221 sièges démocrates contre 213 sièges républicains, soit 6 sièges de majorité pour les Démocrates. A l'exception de George W. Bush, « bénéficiaire » en 2002 du contre-choc des attentats du 11 septembre 2001, tous les hôtes de la Maison Blanche ont subi des revers lors des premiers scrutins de mi-mandat. Bill Clinton, en 1994, perdit 56 sièges de représentants démocrates et 8 de sénateurs, Barack Obama perdit 63 sièges de représentants et 6 de sénateurs en 2010, et même Donald Trump, en 2018, subit la perte de 40 sièges républicains à la Chambre des représentants – mais gagne un siège au Sénat. Se considérant faiseur de rois, Trump avait donné, le 7 décembre dernier, son appui officiel à 46 candidats aux primaires républicaines pour la Chambre des représentants, le Sénat et des postes de gouverneurs. Dix représentants républicains qui ont voté sa mise en accusation et les sept sénateurs qui se sont prononcés pour sa destitution au Sénat après les événements du 6 janvier, sont dans son collimateur. Joe Biden avait entamé son mandat en fanfares. Il avait réussi à faire adopter par le Congrès un plan de relance de 1 900 milliards de dollars et dépassait son objectif d'atteindre les 100 millions de doses de vaccins, dans les 100 premiers jours au pouvoir. Depuis, c'est l'enlisement. La campagne de vaccination patine, le retrait d'Afghanistan a été chaotique et l'inflation bat tous les records. Résultat : son taux de popularité est au plus bas. Selon le dernier sondage Gallup, il est tombé à 43 %. « Le problème de ce gouvernement est un problème de communication », d'après Michael Steel. « Une campagne électorale ne s'arrête jamais, même quand vous gagnez ! C'est ce que n'ont pas compris les gens à la Maison Blanche ». Joe Biden est entouré de personnalités brillantes, certes, mais qui vivent depuis trop longtemps à Washington. Ils ne parlent qu'entre eux, le monde réel leur est étranger. Le président est allé célébrer l'adoption de sa loi sur les infrastructures à Baltimore, dans le Maryland, la banlieue de Washington ! « Pourquoi n'est-il pas allé dans l'Ohio ou le Michigan ?», dénonce Jerry Austin, un consultant politique qui a travaillé pour tout le gratin démocrate de Jimmy Carter à Barack Obama. « Les gens ont l'impression que rien ne se passe alors», défend Karen Tramontano, ancienne secrétaire général adjoint de la Maison Blanche sous le président Clinton. L'opinion publique ne retient, aujourd'hui, que le blocage de sa réforme de l'Etat-providence par l'un des siens et son désarroi devant la progression continue de la pandémie. Cette situation rend les élections de mi-mandat cruciales, véritable minute de vérité pour sa présidence. Il semble que rien ne pourra empêcher le retour de Donald Trump. Ce dernier déclarera dans ces prochains jours, s'il sera candidat à la Maison Blanche en 2024.