L'Algérie est décidée à entretenir la tension au Maghreb, principalement avec le Royaume du Maroc, dans le but d'amener le Conseil de Sécurité, les grandes puissances et les pays influents dans le monde, à remodeler leur position en faveur des thèses éculées de l'Algérie pour le règlement de la question du Sahara marocain. Ayant tiré un bilan négatif de sa gestion de ce dossier, depuis la normalisation de ses relations diplomatiques avec le Royaume en 1988, l'Algérie décide une refonte totale de sa stratégie (et partant celle du Polisario). Elle considère ainsi que la normalisation avec le Maroc a été préjudiciable à la gestion de la question du Sahara, et a décidé en conséquence la rupture des relations diplomatiques avec le Royaume. Les incendies de forêt dans la région de Tizi Ouzzou et le soutien diplomatique apporté par le Royaume au MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la kabylie), ne sont que des prétextes destinés à convaincre l'opinion publique algérienne du bien fondé d'une rupture, injustifiée et insensée, des relations diplomatiques avec le Royaume. Le MAK, soit dit au passage, est un mouvement pacifique qui ne constitue aucune menace pour la sécurité de l'Algérie. Il réclame l'organisation d'un référendum d'autodétermination en Kabylie, comme il en a été le cas dans d'autres contrées démocratiques, notamment au Québec. La kabylie est une région qui a boycotté à 100 pour 100 les récentes consultations électorales en Algérie. Une région dépourvue donc de ses représentants et instances de représentation légitimes au sein du pouvoir algérien. Comment alors les Généraux gèrent-ils cette région rebelle ! Ayant perdu beaucoup de terrain, sur le plan diplomatique, l'Algérie voudrait en conséquence reprendre la main sur le dossier du Sahara. Quels en sont les outils : rappeler à la rescousse le diplomate Ramtane Laamamra, qui a accompli l'essentiel de son parcours en Afrique, lui donner tous les moyens d'action, notamment qu'il soit secondé par «des envoyés spéciaux», une innovation spécifique à notre voisin, intensifier les contacts et voyages dans tous les pays, pour les amener à reconsidérer leur position ou à pleinement soutenir les thèses algériennes, sur un dossier considéré comme vital, sensible et déterminant pour la survie des Généraux. Autres registres d'action : Renoncer à sa participation aux tables rondes, comme partie prenante, se considérant comme un simple pays observateur, non concerné par la question du Sahara, exiger le retrait du Maroc de la zone de Guerguerat, préalablement à la reprise des tables rondes. Cela signifierait en fait bloquer les négociations, compromettre la mission du nouvel envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU, ce qui renvoie en conséquence, dans l'esprit de l'Algérie, à un retour à la case départ, concernant la question du Sahara, donc à la thèse d'un référendum d'autodétermination, pourtant abandonné par le Conseil de sécurité, depuis 2007, date à laquelle le Royaume avait présenté un plan d'autonomie, jugé sérieux et crédible pour un règlement politique de ce conflit artificiel. Ainsi, l'Algérie se préoccupe plus de la question du Sahara que de certains dossiers pendants du peuple algérien, comme sa vaccination ou son autonomie alimentaire, et mobilise tous les moyens, en cette période de disette, pour vaincre le Royaume. A mes yeux, l'Algérie perd son temps et son argent. Au contraire de ses prévisions, erronées d'ailleurs, elle risque, cette fois-ci, de provoquer un consensus international contre elle, comme source apparente de blocage du processus de paix international, mené sous l'égide des Nations-Unies. *journaliste et écrivain