Le président tunisien Kaïs Saïed a annoncé, lundi, l'intention de nommer prochainement un nouveau chef du gouvernement tout en gardant en place les mesures d'exception, décrétées le 25 juillet. « Ces mesures d'exception se poursuivront et un chef du gouvernement sera nommé mais sur la base de provisions de transition répondant à la volonté du peuple », a précisé le chef de l'Etat tunisien lors d'un discours retransmis par la télévision nationale depuis Sidi Bouzid. « Il n'est pas question de revenir sur les décisions du 25 juillet », a lancé le président Saïed, assurant que ces mesures « sont venues sauver le pays d'un danger imminent ». → Lire aussi : Tunisie : Le président Kaïs Saïed déterminé à aller jusqu'au bout de son projet Il a expliqué qu'il a eu recours à ces mesures « pour préserver la patrie » et « non pas pour distribuer des postes ». M. Saïed a également annoncé qu'il allait faire adopter « une nouvelle loi électorale » sans en dévoiler les contours. Il a évoqué par la suite une réforme à venir de la Constitution de 2014 qui a instauré un système hybride, ni présidentiel ni parlementaire, source de conflits récurrents entre les deux pouvoirs. Par ailleurs, il s'en est violemment pris aux politiciens et députés tunisiens qu'il accuse de corruption. Et d'avertir que « le danger est toujours là » et « le président ne peut pas quitter l'Etat comme une marionnette déplacée par des fils derrière le rideau ». Il a aussi accusé certaines parties, sans les citer « de chercher à semer le chaos et le désordre dans le pays ». « Le Parlement s'est transformé en un marché où les voix se vendent et s'achètent », a-t-il dénoncé. « Avez-vous besoin d'un gouvernement qui répondra à vos besoins ou de voleurs qui pilleront les pays ? », se demande-t-il. Le chef de l'Etat tunisien a assuré que la question n'est pas celle de la composition du gouvernement, mais plutôt d'un système garantissant les aspirations du peuple, soulignant la détermination qu'il va rester fidèle à ses promesses. « Je viens ici avec le même slogan -le peuple veut-, a-t-il martelé. Tout en relevant que les dispositions stipulées dans la Constitution relatives aux droits et libertés seront maintenues et ne seront pas affectées, il a dénoncé une campagne d'attaques et de critiques menée par certains partis à son encontre. Le président Saïed a affirmé qu'il « n'a porté atteinte au droit de personne et qu'il n'a jamais déposé de plainte, ajoutant qu'il s'agit d'une affaire de peuple ». Le 25 juillet, M. Saïed a limogé le Premier ministre, suspendu les activités du Parlement et s'est arrogé aussi le pouvoir judiciaire, pour un mois renouvelable avant de prolonger ces mesures le 24 août, « jusqu'à nouvel ordre ». Pour justifier les décisions prises le 25 juillet, il s'est appuyé sur son l'article 80 de la Constitution qui envisage des mesures exceptionnelles en cas de « péril imminent » à la sécurité nationale.