Bien que les établissements de paiement aient réussi une belle conquête commerciale en 2020, il n'en demeure pas moins que les comptes de paiement restent dominés par les opérations classiques de versements/retraits d'espèces au détriment du paiement mobile. Suite à la délivrance des premiers agréments d'établissements de paiement en 2018 par la banque centrale, ces opérateurs menaient une offensive commerciale, forts de plusieurs arguments dont l'accessibilité de leur offre, ainsi que le panier varié de services adossés aux comptes de paiement. A en croire les chiffres de la Banque centrale, le nombre de comptes de paiement s'est multiplié par cinq à plus de 2,6 millions de comptes en 2020, confirmant l'engouement de la clientèle pour ces produits financiers qui viennent compléter l'offre bancaire classique. Si les établissements de paiement ont réussi à recruter autant de clients, l'utilisation de leurs comptes reste toutefois dominée à hauteur de 91% par des opérations de versements et/ou retraits d'espèces. Les opérations d'exécution de paiement via mobile représentent 5% des transactions effectuées, contre 4% pour les opérations réalisées via d'autres moyens de paiement (Internet, carte, virement et prélèvement). Ce pourcentage demeure en deçà des attentes, sachant que 30.202 comptes ont été ouverts par les commerçants acceptants et les agents détaillants en 2020, contre 11.236 ouvertures une année auparavant, contribuant à un meilleur maillage territorial de cette catégorie. → Lire aussi : Retards de transactions en ligne: Un consommateur sur trois changerait de commerçant Contacté par la MAP, Zouheir Lakhdissi, CEO de Dial Technologies, a attribué la faiblesse de la part du paiement mobile dans ces transactions à un manque de sensibilisation de la population cible. L'écosystème a marqué un progrès significatif en termes de cadre réglementaire et de nombre d'opérateurs, a-t-il rappelé, soulignant l'importance de sensibiliser davantage les professionnels y compris ceux opérant dans l'informel, un segment toujours réticent au paiement mobile. Pour booster les transactions des comptes de paiement, l'expert a préconisé plus de mesures incitatives lors de l'ouverture de ces comptes, ainsi que leur utilisation sur une échelle plus large, tel que l'acheminement des aides sociales. Limiter la circulation du cash et promouvoir des modèles alternatifs fiables tels que le paiement mobile font partie des piliers de la stratégie d'inclusion financière au Maroc, visant un accès équitable à des services financiers formels, pour favoriser l'inclusion économique et sociale des citoyens. La mise en place d'un cadre réglementaire solide combiné à un savoir-faire non négligeable des établissements de paiement est certes la recette gagnante, à l'origine de ces recrutements de masse et la vulgarisation des comptes de paiement. Ce type de produits financiers, facile d'accès et riche de fonctionnalités, recèle un énorme potentiel en termes d'inclusion financière qui constitue un défi de taille de nos jours. En parallèle avec la conquête commerciale et l'élargissement de la base client, une sensibilisation s'impose pour promouvoir des transactions en paiement mobile, à même de réduire la circulation du cash et les activités informelles. A fin 2020, l'écosystème bancaire comptait un total de 20 établissements de paiement, contribuant à un meilleur accès des Marocains aux services financiers et assurant un cadre propice au développement du paiement mobile, un de services phares disponibles à travers les comptes de paiement. En effet, ces comptes donnent la possibilité à leurs détenteurs d'avoir un « M-wallet », permettant d'effectuer plusieurs opérations de paiement de façon instantanée, sécurisée et interopérable. Définis en fonction de leur plafond, les comptes de paiement se distinguent en trois catégories. Il s'agit des comptes de niveau 1, plafonnés à 200 dirhams, les comptes de niveau 2 pouvant atteindre un solde de 5.000 dirhams et les comptes de niveau 3 plafonnés à 20.000 dirhams. ( Avec MAP )