La Chambre criminelle près la Cour d'appel à Salé a décidé de reporter à lundi prochain le procès des accusés dans les évènements de Gdim Izik pour poursuivre les délibérations et entendre le parquet, a indiqué jeudi, le Procureur général du Roi près la Cour d'appel de Rabat, Hassan Daki. Dans une déclaration à la presse à l'issue d'une audience consacrée à la poursuite des plaidoiries de la partie civile, M. Daki a souligné que huit avocats, dont un espagnol, ont estimé que les requêtes présentées par les accusés et leur défense ne reposent sur aucune base juridique, aussi bien celle relative à l'incompétence de la cour pour statuer du lieu ou celle ayant trait aux allégations de torture. La défense de la partie civile a estimé que le retrait des prévenus est un signe de mépris à l'égard des familles des victimes à qui le droit marocain et les conventions internationales garantissent le droit de se faire entendre devant les tribunaux, a dit M. Daki. Ce qui s'est passé le 8 novembre 2010 est une rude épreuve pour les familles des victimes qui en souffrent jusqu'à présent, a-t-elle souligné, ajoutant que la douleur de ces familles est d'autant plus profonde que les mis en cause et leur défense ont insisté, avant de se retirer du procès, pour donner une dimension politique à leurs crimes et renier le progrès réalisé au niveau du système judiciaire marocain qui leur a permis d'être jugé à nouveau devant une juridiction civile après la réforme de la justice militaire. Le procureur général a, de même, fait savoir que les plaidoiries de la partie civile ont porté sur les pièces à charge qui ont été présentées devant le tribunal, le contenu de la vidéo projetée et le procès-verbal des communications téléphoniques interceptées lesquelles témoignent de la complicité des accusés avec des parties étrangères pour la réalisation du plan criminel ayant abouti aux événements douloureux du camp Gdim Izik. La défense de la partie civile s'est aussi félicitée du climat dans lequel se déroule le procès et qui répond aux conditions d'un procès équitable comme en témoignent plusieurs observateurs nationaux et internationaux ainsi que de nombreux médias marocains et étrangers, a-t-il souligné. En exécution de l'ordre de la Cour, le greffier s'est rendu au lieu de détention des accusés pour la lecture du PV, a dit M. Daki, relevant que dès qu'il a commencé à lire le PV des débats, les accusés l'ont interrompu comme à l'accoutumé en scandant des slogans. Ce dernier s'est également rendu à l'établissement pénitentiaire pour informer les autres détenus des suites du procès, a-t-il dit. Le procureur général du Roi a rappelé, que les accusés en état d'arrestation ont été ramenés jeudi au tribunal, à l'exception de 4, expliquant que trois d'entre eux ont présenté des certificats médicaux délivrés par le médecin de la prison, alors que le 4ème détenu passe l'examen du baccalauréat en tant que candidat libre. Les deux accusés en état de liberté se sont également présentés à la Cour, ainsi que les avocats des accusés commis d'office par le tribunal, dans le cadre de l'assistance judiciaire, et ceux de la partie civile, a-t-il ajouté, notant que les prévenus en état d'arrestation ont refusé de rejoindre la Cour, mais cette dernière a décidé de poursuivre l'examen de l'affaire en leur absence, conformément aux dispositions de l'article 423 du code pénal, et de les informer, à travers le greffier, à l'issue de l'audience, des suites du déroulement du procès. Au cours de cette audience, à laquelle ont assisté les proches des victimes et des accusés, des observateurs et des médias nationaux et étrangers, toutes les garanties ont été mises à disposition pour l'accès à toute personne désirant suivre le déroulement de ses étapes, a-t-il poursuivi. Le procès de Gdim Izik, qui se tient devant la Chambre criminelle près la Cour d'appel à Salé, après la décision de la Cour de cassation d'annuler le verdict prononcé contre les mis en cause par le tribunal militaire en 2013, connait une couverture médiatique nationale et internationale, en présence de plusieurs observateurs internationaux. Le tribunal militaire de Rabat avait prononcé, le 17 février 2013, des peines allant de 20 ans de prison ferme à la perpétuité contre les accusés dans ces violences, poursuivis pour « constitution de bandes criminelles et violences sur les forces de l'ordre ayant entraîné leur mort avec préméditation, mutilation de cadavres et complicité ». Les violences de Gdim Izik avaient fait 11 morts et 70 blessés parmi les forces de l'ordre et quatre parmi les civils, ainsi que d'énormes dégâts matériels au niveau des établissements publics et des biens privés.