Le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a exhorté jeudi les pays à soutenir l'initiative pour une levée des barrières protégeant les brevets de vaccin anti-Covid pour contourner le nationalisme vaccinal. Déposée le 2 octobre dernier à l'organisation mondiale du Commerce (OMC), l'initiative texte propose d'accorder une dérogation temporaire à certaines obligations découlant de l'Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) afin que n'importe quel pays puisse produire les vaccins sans se soucier des brevets. Une réunion est attendue le 10 mars prochain à l'OMC. « Les flexibilités de l'Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC, en anglais) sont là pour être utilisées dans les situations d'urgence », a déclaré le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d'une réunion en visioconférence sur le financement des vaccins anti-coronavirus pour l'Afrique. « Si ce n'est pas maintenant, alors quand ? », s'est-il interrogé, invitant les ministres des finances, à investir dans la production locale de vaccins. Il s'agit « non seulement pour la pandémie mais aussi pour d'autres vaccins dont tous les pays ont besoin pour les programmes de vaccination de routine », a-t-il dit. En 2003, un accord temporaire, confirmé fin 2005, a permis d'introduire une exemption au droit de propriété intellectuelle permettant aux pays en développement touchés par de graves maladies infectieuses – paludisme, tuberculose et sida – d'importer des médicaments génériques, s'ils ne peuvent pas les fabriquer eux-mêmes. Lors de cette réunion sur « l'approche panafricaine pour aborder l'accès, la fourniture et l'utilisation des vaccins », il a rappelé que l'une des principales priorités de l'OMS est maintenant d'accroître l'ambition du Dispositif COVAX pour aider tous les pays à mettre fin à la pandémie. Cette sortie du chef de l'OMS intervient alors que des pays en développement ont commencé enfin à recevoir leurs premières doses, presque trois mois après le début de la campagne vaccinale dans certains pays riches. Et malgré ces bonnes nouvelles sur l'octroi de ces sérums, l'OMS note que cette première série d'allocations couvre « entre 2 et 3% de la population des pays qui reçoivent des vaccins par l'intermédiaire de COVAX ». Dans le même temps, d'autres pays progressent vers la vaccination de toute leur population dans les prochains mois, une façon de rappeler que les pays ne sont pas en course les uns contre les autres. Pour l'OMS, il s'agit surtout « d'une course commune contre le virus ». Entre temps, le Ghana et la Côte d'Ivoire sont devenus cette semaine les premiers pays à commencer la vaccination avec des doses allouées par le biais du Mécanisme COVAX. Des livraisons sont également arrivées en Angola, en République démocratique du Congo, en Gambie, au Kenya, au Lesotho, au Nigéria, au Rwanda, au Sénégal et au Soudan. D'ici à la fin mai, l'OMS espère que 237 millions de doses de vaccins seront allouées aux 142 économies et pays participant à COVAX. « C'est encourageant, mais nous avons encore beaucoup de travail à faire », a dit le Dr Tedros.