L'Union des barreaux d'Algérie a annoncé, dimanche, une journée de protestation dans le pays pour protester contre « la Justice des instructions ». Ce mouvement a été précédé par une grève entamé dimanche et qui se poursuivra jusqu'au 25 février par les barreaux de Tizi Ouzou, Bouira et Boumerdès, avec un sit-in aux sièges des Cours ce lundi. Leur mot d'ordre est le soutien à leur confrère du barreau de Blida, placé sous mandat de dépôt, le rejet de « la justice des instructions » et « le respect de l'Etat de droit ». La corporation des avocats reproche aux magistrats « d'exécuter des instructions ». D'après les médias algériens, à l'origine de cette crise, une affaire privée ayant opposé, il y a une année, un avocat à une juge de la cour de Blida, mais vite réglée entre les chefs de la cour et le bâtonnat. Cependant, il y a quelque temps, des incidents ont éclaté entre les deux protagonistes, suscitant un dépôt de plainte de la magistrate, et rapidement une mise sous mandat de dépôt de l'avocat, provoquant la colère des avocats, qui manifestent à l'intérieur de la cour en dénonçant ce qu'ils ont estimé être « une justice du téléphone ». Cité par les médias algériens, le bâtonnier d'Alger Me Abdelmadjid Sellini a déclaré que les avocats ont constaté que leur confrère de Blida a été « incarcéré ès qualités et non pas parce qu'il a fauté ». « Ce n'est pas un cas isolé », a-t-il dénoncé, expliquant que la décision de la Cour a été prise à dessein et les conditions de mise en détention n'ont pas respecté la procédure. « Nul n'est au-dessus de la loi, mais lorsqu'un avocat n'est pas protégé, il appartient aux Ordres de réagir et de le soutenir », a-t-il insisté, soulignant que les juges devraient « refuser la justice du téléphone et appliquer la loi et rien que la loi ». « Des innocents ont été mis en prison sur instructions », a dénoncé Me Sellini, affirmant que « la justice doit rester au-dessus de toute considération et faire respecter les lois et la procédure ». L'Union nationale des barreaux d'Algérie (Unba) a exhorté, elle aussi, les avocats à boycotter leurs activités dans les tribunaux et les cours durant la journée de mardi en « signe de soutien » à l'avocat du barreau de Blida et pour exiger « le respect des lois et des procédures » en matière de mise sous mandat de dépôt. Dans un communiqué signé par le bâtonnier Salah Brahimi, le barreau de Tizi Ouzou explique qu'il s'agit d'une affaire qualifiée de délit et, à ce juste titre, nonobstant la véracité des faits, le mandat de dépôt doit être une exception, surtout que l'avocat présente toutes les garanties pour comparaître devant la juridiction compétente. La même décision est entérinée par le barreau de Béjaïa, qui l'annonce dans un communiqué, en précisant qu'un sit-in aura lieu ce lundi au siège de la Cour. Pour les avocats, « ce qui s'est passé à Blida est un grave dérapage à l'encontre de la défense et ne représente qu'une partie d'une série de décisions prises contre la profession ». Dernièrement, l'avocat algérien et militant des droits humains, Mokrane Ait Larbi avait indiqué que l'indépendance de la Justice en Algérie n'est qu'un discours, relevant qu'il y a un changement dans les textes relatifs aux droits humains mais pas dans la réalité. Il a précisé que « ces droits ne sont pas respectés et que le respect des droits de l'Homme passe inévitablement par l'indépendance de la justice, rappelant la mutation de 3.000 magistrats censés être protégés par l'article 26 du Statut de la magistrature, qui prévoit l'inamovibilité des magistrats du siège.