Alors que les actions de soutien à Khaled Drareni se poursuivent en Algérie et à l'étranger avec des rassemblements à l'instar de ce sixième hebdomadaire, de citoyens et journalistes ce lundi à la Maison de la presse d'Alger voilà que les robes noires s'insurgent également. En effet, plusieurs dizaines d'avocats organisent depuis hier et avant-hier un sit-in à la Cour d'Alger avant de se mettre en grève pendant une semaine pour réclamer une « justice indépendante » et « le respect des droits de la défense ». Vêtus de leurs robes noires et portant des masques sanitaires, les manifestants ont entonné l'hymne national et brandi le drapeau algérien en reprenant certains slogans du « Hirak », le mouvement de protestation anti-régime, comme « Etat civil et non militaire » ou encore « le peuple veut une justice indépendante ». Parallèlement, les avocats ont également décidé d'observer une grève d'une semaine de leurs activités, à compter de ce dimanche, dans tous les tribunaux dépendants de la Cour d'Alger. Ce mouvement a été provoqué par un récent incident au cours duquel le bâtonnier de l'ordre des avocats d'Alger a été, selon des protestataires, « humilié » par un juge de la Cour d'Alger. Aussi de nombreux avocats du barreau d'Alger ont tenu hier dimanche un sit-in de protestation à l'intérieur de la Cour d'Alger pour réclamer l' « indépendance de la justice », dénoncer les « atteintes au droit de la défense » et dire non à la « justice du téléphone ». Ils scandent « 3adala horra moustaqila » (justice libre et indépendante), « dawla madania machi askaria (Etat civil et non militaire), « la défense est un droit du peuple », « kouthat taalimat, almouhami la youhan » « magistrats aux ordres, l'avocat ne doit pas être humilié », « mazalna, mazalna thouar » (nous sommes encore des révolutionnaires) ou encore « chaab yourid adala moustaiqla » (le peuple veut une justice indépendante) et « barakat barakat min kadha ataalimat », « assez, assez de la justice aux ordres ». cette manifestation dominicaine est la seconde manifestation des robes noires après celle qui a eu lieu samedi à la Cour d'Alger. La décision de tenir ces deux rassemblements a été prise vendredi 25 septembre au cours d'une réunion du conseil de l'ordre des avocats d'Alger. Les avocats de la capitale ont également décidé de boycotter l'activité judiciaire à la Cour d'Alger et dans tous les tribunaux qui lui sont affiliés à partir d'hier dimanche 27 septembre jusqu'au 4 octobre. Et de « refuser de poursuivre les plaidoiries dans ces conditions et de cette façon inédite, vu l'état de santé du bâtonnier, après le report des plaidoiries concernant cette affaire ». L'Ordre des avocats d'Alger veut protester ainsi contre « l'humiliation subie par le bâtonnier Me Abdelmadjid Sellini qui avait été pris de malaise lors d'une plaidoirie et avait été évacué vers l'hôpital alors qu'avec le collectif de la défense il demandait le report de la plaidoirie qui a été refusé ». L'incident a suscité de vives réactions de colère et un vaste élan de solidarité la corporation nationale des robes noire ce qui avait fait dire à Me Salem Khatri, bâtonnier de l'ordre des avocats de Béjaïa, sur sa page Facebook : « Je suis outré, enragé, en colère », et de sinterroger: «La question légitime qui se pose : où va la justice ? De l'affaire des magistrats d'Oran à cet outrage envers un bâtonnier et ancien président de l'Union des barreaux, le fond est touché, les libertés sont en danger, les droits sont bafoués. La mise au pas de la société par une politique répressive sans précédent n'augure d'aucun avenir prometteur pour le peuple ».