L'accord marocco-israelien est venu sceller une alliance quasi-familiale au sein de la nation marocaine entre ses fils musulmans et juifs qui s'inscrit d'abord dans une histoire marocaine et surtout une mémoire qui a été spoliée par les effets des errements politiques et des conséquences désastreuses de part et d'autre des guerres israélo arabes. Quel est ce marocain qui n'a pas entendu ses parents ou ses grands parents évoqué l'ami Juif , le voisin juif, la famille juive d'à côté, qui contraints, par les guerres successives et la crainte de l'antisémitisme ont dû se résoudre à l'exil, idem du commerçant, de l'artisan, .. et ce, même dans les villages les plus reculés du Royaume. Beaucoup de musulmans de cette génération avaient même appris le yiddish marocain une sorte de dialecte entre hébreu et darija. Des villages entiers, des quartiers et de multiples lieux conservent grâce à Dieu cette mémoire. Dans l'Oriental, pour ce que j'en sais, Debdou, Ahfir, Mellah d'oujda,… les noms des familles juifs y résonnent encore des noms d'azencot, marciano, Benhammou, mamane, et j'en passe…ils nous étaient tellement familiers qu'ils sont complètement assimilés à l'histoire de ces villes. Les mariages, les fêtes religieuses et les cérémonies même les plus sacrées comme lors d'enterrements, nos parents et grands parents y assistaient en communion et y pleuraient l'ami ou le voisin juif ou musulman rappelés à Dieu. Mais aujourd'hui, force est de constater que les générations post indépendances restent dans l'ignorance de cette histoire et de cette proximité communes. Aussi, les nouveaux accords signés posent un nouveau défi. Celui du rapprochement des cœurs et du dialogue sincère et constructif sur les sujets tabous qui nous ont éloignés comme la question palestinienne. Il faudrait travailler avec les nouvelles générations sur l'objectif commun qui peut et devrait nous rapprocher : la paix en Palestine entre juifs et musulmans. La mémoire commune sera t elle suffisante ? Il faut en faire le pari. Car le temps est passé et les nouvelles générations de marocains post indépendances n'ont plus la même proximité avec le voisin ou l'ami juif de leurs Parents ou des grands parents. Les images des terres de Palestine occupées, des maisons bombardées et de ces punitions collectives disproportionnées aux actes de terrorisme, ou de résistance à l'occupation- car tout dépend de quel côté le curseur est placé – ont eu un effet dévastateur sur le plan humain. D'un côté l'israélien défend une cause sacrée. Le droit à vivre dans sa patrie et celui de l'existence de l'état d'Israël. Le palestinien y répond pour défendre la terre d'où il a été chassée injustement. Le musulman y est solidaire car cette terre abrite également le deuxième lieu sacré de l'Islam la mosquée d'Al Qods à Jérusalem. Pour les chrétiens, le lieu de naissance de Jésus. Ce rappel pour simplement évoquer le chemin qui reste à faire pour que les accords signés ne fassent pas l'impasse sur la nécessité du rapprochement humain. Il faudrait un « choc des connaissances« réciproques en lieu et place « du choc des ignorances » qui s'est installé depuis deux ou trois générations aggravés et exploités tous azimuts par les idéologies extrémistes qui travaillent nos sociétés. Sa Majesté le Roi a donné l'orientation : les accords signés ne sont pas aux dépens d'une solution pacifique et politique de la cause palestinienne basée sur la solution à deux Etats vivant dans la sécurité, la paix et le bon voisinage. Tout au contraire, ces accords dont il faut d'abord espérer une confiance et une fraternité retrouvées peuvent contribuer à construire une nouvelle espérance au Moyen Orient. C'est tout ce que l'on peut se souhaiter entre marocains, et à nos frères juifs et palestiniens. TB. Un citoyen marocain optimiste.