Par Hassan Alaoui Guerguerate n'est que l'épisode sinistre de la politique d'hostilité algérienne envers le Maroc qui s'articule depuis un demi-siècle sous divers habits. Guerguerate c'est aussi la face visible d'un immense iceberg avec des enjeux et une vision entièrement tournée contre notre monarchie , notre intégrité territoriale, notre souveraineté, notre mode de vie et notre avenir. A Guerguerate , elle se livre à une opération désespérée qui est à sa politique étrangère ce que le rêve tragique de Boumediene était à sa relation apocryphe avec Hassan II : couper le Maroc de ses racines africaines, l'isoler. L' Algérie, outre les milliards de dollars au détriment de son peuple, met en œuvre tout ce dont elle dispose : le cynisme, la corruption, le lobbying international, la provocation, la menace et le mensonge. C'est un Etat militaire qui, d'un côté bloque le passage routier à Guerguerate et de l'autre approvisionne la Mauritanie par ses avions, illustrant la duplicité la plus absolue aux yeux de la communauté. Un jeu dangereux qui se déroule alors que son président, absent depuis le 15 octobre, assiste impassible à « une prise en douce » de son pouvoir par l'armée, à sa tête Saïd Changriha. Un chef d'Etat grabataire hospitalisé depuis des semaines en Allemagne, haineux et pathétique, il ne digère pas le ridicule résultat du vote pour la Constitution qu'il a proposé au peuple algérien – moins de 23% de participation. Il s'acharne à exister quand bien même la presse et les médias ne peuvent le montrer, ni l'écouter, ni le filmer. Pourtant , de son lit d'hôpital, semble-t-il , il morigène et passe son temps à envoyer ordres et communiqués, dont certains suicidaires. Mais la réalité est plutôt inquiétante : Ce président est absent depuis son départ en Allemagne, il devait présider un Conseil de gouvernement le 15 octobre au Palais de la Mouradia, en vain. Ce président est effacé de la scène, personne ne sait s'il est là ou c'est seulement son ombre. Aucune photo de lui, nulle déclaration en direct, nulle visite filmée de sa famille ou des ses collaborateurs...On frôle la dérision parce que le scénario du mutisme et de l'invisibilité nous rappelle les dernières années de Bouteflika. La focalisation diabolique sur le Maroc Les observateurs et non des moindres n'hésitent pas évoquer une « fuite en avant » du régime algérien , confronté à une dramatique crise économique et à la contestation radicale du Hirak. Et la crise de Guerguerate – qui n'en est qu'à son énième version – illustre bien le cynisme d'un pouvoir à bout de souffle qui nous a habitués depuis des lustres à des subterfuges, à sa propagande mensongère, à sa diabolique méthode de créer alibis et diversion pour camoufler ses échecs. Autrement dit, il invente le scénario de Guerguerate pour détourner l'attention du peuple algérien et faire du Maroc le bouc émissaire. La technique est connue et la finalité méprisée, tant il est vrai que le machiavélisme reste le fonds de commerce des militaires algériens et du DRS... La communauté internationale n'est pas dupe de ce chantage algérien par procuration, encore moins le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres qui n'a eu de cesse de mettre en garde le polisario et ses commanditaires contre les provocations et les violations du cessez-le-feu de 1991. Si sa parole n'a pas eu d'écho, n'a pas été respectée, l'intervention mesurée et ciblée des FAR ce vendredi 13 novembre en aura eu raison. Elle a donné la réelle mesure de nos forces à défendre la sécurité et la souveraineté de notre territoire et au-delà la résolution du Maroc à respecter les conditions du cessez-le-feu signé sous l'égide de l'ONU. Le polisario s'est retiré , évacuant le théâtre de son jeu dérisoire. Cette fois-ci, il s'est heurté à la volonté du Maroc qui, d'une impatience maîtrisée à une décision d'en découdre, a mis fin avec discernement et engagement, aux provocations des stipendiés de l'Algérie. Sauf qu'en mettant hors d'état de nuire ces derniers, le Maroc a coupé court aux calculs du gouvernement algérien, lui adressant le signal que la plaisanterie est finie. Les arrière-plans de Guerguérate Dans l'affaire de Guerguerate, illustrée davantage par de moribondes gesticulations d'un polisario en pleine déconfiture depuis des années, il y a la stratégie du pouvoir militaire algérien. Elle transcende le président Tebboune et son pré-carré. Un certain nombre de signaux sans précédents nous interpellent dont , notamment, celui qui tient à l'organisation des commémorations du 1er novembre, Fête de la Révolution où l'on a remarqué, non sans interrogations, comment leur ordre protocolaire a été inversé, avec l'ombre d'un général Saïd Changhria, présidant les fêtes, tenez-vous bien, habillé en costume civil, lui qui incarne le soudard chamarré aux nombreuses étoiles et ne quitte que très rarement son accoutrement militaire. Le moins que l'on puisse dire est que pour la circonstance, ce haut gradé qui voue une irascible haine au Maroc, eut pu porter son uniforme. L'armée algérienne, qui a déjà confisqué tout le pouvoir et avec lui le patrimoine historique du peuple algérien, serait-elle en train de mettre dans l'ombre un président caricatural dénommé Abdelmajid Tebboune ? Serait-elle en train de reprendre en main les rênes du pouvoir face à la contestation du Hirak, au grave désaveu exprimé lors du dernier référendum constitutionnel ? C'est peu dire qu'une série d'événements sont venus, ces derniers temps, renforcer son courroux : à commencer par la Résolution pertinente 2548, adoptée le 31 octobre dernier, par le Conseil de sécurité de l'ONU, renouvelant le mandat de la MINURSO pour un an, réitérant la volonté de ce dernier d'impliquer l'Algérie comme partie prenante, exhortant surtout le polisario à se retrier da la zone tampon et dénonçant les provocations auxquelles il se livre à Guerguerate, exigeant un recensement des populations séquestrées dans les camps de Tindouf... Face à l'adoption de cette Résolution, le pouvoir militaire algérien en conçoit de l'aigreur, tant elle illustre un désaveu clair et net de sa stratégie. Il reste que l'armée algérienne n'a jamais quitté sa tactique d'érosion du pouvoir ni sa volonté de mainmise sur lui. Elle fait et défait les présidents depuis 1962, de Ben Bella à Tebboune, en passant par Boumediene lui-même, Chadli Bendejedid, Liamine Zeroual, Bouteflika, et Tebboune naturellement. L'armée se positionne comme un acteur, sinon l'acteur majeur de la scène algérienne et du système politique. En choisissant la date du 1er novembre pour la tenue du référendum constitutionnel qui devait – selon la propagande du pouvoir – changer la vie du peuple algérien et lui offrir les raisons d'espérer après le départ de Bouteflika, l'armée a cru jouer sur les symboles. Mais sa propagande a fait long feu, et du coup le sentiment de prédation d'un héritage tout entier a dominé les esprits. En fait, le texte de la nouvelle Constitution renforce le pouvoir de l'armée au point que l'article 30 la consacre comme l'élément central de la vie politique et sociale du pays et lui attribue désormais le pouvoir, outre assurer l'ordre intérieur, d'intervenir à l'extérieur si « le pays et la révolution algérienne venaient à être menacés »... Nous sommes nombreux à penser qu'il ne s'agit pas d'une clause de style, mais bel et bien d'un paradigme qui vise les pays voisins, dont le Maroc – et particulièrement le Sahara – , les pays du Sahel, etc... Quand Chengriha sort du bois L'ANP veut redorer son blason terni depuis des lustres, elle entend se tailler une Constitution idoine à ses fantasmes, où la marque des généraux et du DRS est imprimée comme un blason. Elle reprend à son compte l'interventionnisme et, le tout premier à afficher ses ambitions, c'est naturellement Saïd Chengriha qui a enterré Gaïd Salah. L'absence ou la mise au boisseau du président Tebboune l'encourage à multiplier déclarations et discours avec une loquacité surprenante. Dans l'un de ses derniers discours, prononcé le 12 novembre dernier, à quelques jours des énièmes graves provocations du polisario à Guerguerate, le général de son état s'est tout simplement cru autorisé à se convertir en « chef suprême », en appelant à « l'union de toutes les forces du pays, à la conjugaison des efforts pour défendre l'Algérie des menaces et dangers qui la guettent». Les journaux algériens, dont Al Watan, ont relayé ces logomachies en reprenant à leur compte la litanie des « intérêts suprêmes » de leur pays, en adhérant au fantasme de «l'ennemi historique » sur lequel se concentrent critiques et propos violents, le Maroc... Un pays qui fut autrefois riche de ses ressources est à présent au bord du gouffre, livré à la merci du FMI, assistant à la déperdition de son trésor – le pétrole -, voyant fondre ses réserves financières à moins de trois mois de résilience, confronté à la pernicieuse gabegie et à la corruption, confondu dans son hostilité gratuite au Maroc, est à présent au pied du mur. Ses dirigeants ne trouvent pas mieux que de faire du Royaume du Maroc leur bouc émissaire, de provoquer peut-être même une confrontation armée et focaliser sur lui le mécontentement du peuple algérien et le détourner – selon une vieille méthode éprouvée – de ses problèmes quotidiens. Le peuple algérien ne mettra pas longtemps à comprendre à quel point la tactique de provocations contre le Maroc est vaine, dérisoire même.