Alors que le monde pharmaceutique et les géants du secteur se mobilisent en se lançant dans la quête d'un futur vaccin contre la pandémie du Coronavirus (Covid-19), le débat entre les anti et les pro vaccin persiste depuis le lancement des premiers essais cliniques. En effet, au moment où certains mettent en doute son efficacité, sa sécurité et son respect des normes sanitaires nécessaires à la production d'un vaccin efficient, d'autres, par contre, ont foi en les industriels pharmaceutiques et en leur capacité à garantir un futur vaccin, compte tenu des moyens financiers disponibles et du progrès que connaît le domaine médical et technologique dans le monde entier. Néanmoins, cet éventuel vaccin contre la Covid-19 a suscité un certain scepticisme quant au profit et aux gains économiques des entreprises pharmaceutiques et des centres médicaux internationaux, outre son financement politique par les Etats compétitifs. A cet égard, le médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, Tayeb Hamdi a estimé que l'ultime débat autour du futur vaccin et des préoccupations des responsables politiques et des professionnels de la Santé doit être orienté vers la possibilité de trouver un vaccin anti-Coronavirus efficace et sûr, d'en élargir l'éventail pour assurer les chances de son succès lors de la phase III et de savoir s'il sera distribué de manière équitable ou bien s'il sera réservé aux pays riches en premier. « Il s'agit là, en effet, d'une question qui nous préoccupe tous, en tant que médecins et chercheurs, afin de protéger les catégories vulnérables, dont les personnes âgées et ceux qui souffrent de maladies chroniques, qui sont prioritaires, en plus des professionnels de la santé qui sont en première ligne face à la pandémie », a-t-il indiqué dans un entretien accordé à la MAP. Le chercheur a, également, souligné que le monde entier est à pied d'œuvre pour mettre au point un vaccin sûr, efficace et à la portée de tous dans les plus brefs délais, en vue de protéger les catégories les plus vulnérables, évoquant une série d'initiatives entreprises dans ce sens à l'échelle mondiale. S'agissant des inquiétudes des pays en développement qui craignent de ne pas pouvoir garantir à leurs citoyens un accès rapide au vaccin, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé l'initiative mondiale « Covax », consistant à collaborer avec les fabricants de vaccins pour garantir aux pays du monde entier un accès équitable à des vaccins sûrs et efficaces, une fois qu'ils seront homologués et approuvés, avec comme objectif d'assurer 2 milliards de doses de vaccin contre la Covid-19 d'ici à fin 2021. Au Maroc, le ministère de la Santé a signé deux conventions de partenariat et de coopération avec le laboratoire chinois « Sinopharm », en vertu desquelles le Royaume s'engage à participer aux essais cliniques et pourra profiter d'un stock suffisant de vaccins contre le coronavirus, en plus d'un mémorandum d'entente pour acquérir le vaccin produit par la société russe « R-Pharma », sous licence du groupe « AstraZeneca ». A cet égard, le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb avait tenu, récemment, une réunion de cadrage avec les directeurs régionaux du ministère pour examiner les mesures techniques et proactives qui permettront de généraliser le vaccin anti Covid-19 sur l'ensemble des provinces et des régions du Royaume, après l'achèvement des essais cliniques du vaccin et sa mise sur le marché au niveau mondial. Pour ce qui est de l'utilité du vaccin, M. Hamdi a relevé que « la mise au point d'un vaccin sûr et efficace contre la Covid-19 constitue l'élément clef d'une riposte globale face à l'épidémie, ajoutant que « grâce à la vaccination, nous pouvons protéger, non seulement les professionnels de la Santé mais toute la population, notamment les personnes âgées et les plus vulnérables, et nous pouvons également garder nos écoles, universités et usines ouverts et retrouver une vie sociale normale ». Concernant les personnes qui émettent des doutes sur l'efficacité du vaccin, l'expert a indiqué qu'il existe aujourd'hui 170 vaccins anti Covid-19 en cours d'évaluation, dont 44 projets sont arrivés au stade des essais cliniques (parmi lesquels 11 vaccins sont en phase III), notant que toutes les autorités sanitaires internationales et nationales sont déterminées à ne cautionner aucun vaccin s'il n'est pas sûr et efficace. « Il est tout à fait légitime de garder quelques réserves et d'être sceptique par rapport à certains aspects de la vie et de la science, néanmoins, dans le domaine des politiques et des systèmes de santé, nous dépendons de la science uniquement », a-t-il estimé. Le médecin a, par ailleurs, expliqué que le fait de se faire vacciner permet de sauver des millions de vies chaque année et de se protéger contre les maladies contagieuses, telles que la rougeole, la coqueluche, le tétanos, la poliomyélite et la méningite, notant que la vaccination s'avère le moyen de prévention le plus efficace pour lutter contre les maladies infectieuses, puisque depuis 2000 à aujourd'hui, plus de 18 millions d'enfants ont été protégés de la rougeole. ( Avec MAP )