Le gouvernement de Hichem Mechichi, qui a obtenu la confiance de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP/parlement), a prêté serment mercredi. Le gouvernement Mechichi a obtenu, mercredi à l'aube, la confiance du Parlement, après plus de quinze heures de débat. Son équipe a été approuvée par 134 voix pour, 67 contre, sans aucune abstention sur un total de 201 députés présents. Comptant 28 membres, dont huit femmes, avec 25 ministres et trois secrétaires d'Etat, cette équipe est, en quasi majorité, composée de personnalités apolitiques principalement issues de la société civile : des directeurs généraux, des experts et universitaires ainsi que de hauts cadres de l'administration et du secteur privé. Défendant son équipe, M. Mechichi, 46 ans, qui devient ainsi le neuvième chef de gouvernement en Tunisie depuis 2011, a affirmé que le nouveau gouvernement sera « un gouvernement d'action, de réalisation, d'efficacité et de changement qui cherchera des solutions innovantes, tout en tenant compte des moyens (…) dont dispose le pays ». Le nouveau locataire de la Kasbah a souligné qu'il s'agira d'un « gouvernement de mission », qui mettra en œuvre son programme selon cinq priorités, à commencer par le freinage de l'hémorragie des finances publiques, puis la réforme du secteur public, la récupération de la confiance des investisseurs, la préservation du pouvoir d'achat du citoyen et finalement la protection des catégories sociales démunies et défavorisées. Il a noté que le vote en faveur du gouvernement est une sorte de contrat de confiance entre le gouvernement et le parlement. Aujourd'hui, « le résultat est clair et l'état des lieux se traduit par des chiffres et des indicateurs qui ne sont pas vraiment rassurants », a-t-il souligné. « La dette publique s'aggrave, car notre pays est devenu emprunteur dans la limite de 15 milliards de dinars par an, et il est tenu de payer près de 7,5 milliards de dinars en 2020 (1 euro = 3,22 dinars). D'ici la fin de cette année, a révélé M. Mechichi, la valeur totale de la dette sera d'environ 80 milliards de dinars. « Nous avons, ainsi, le droit de nous demander ce que nous allons léguer à nos enfants et aux générations futures (…). Il est pareillement déraisonnable de voir le service de la dette publique de 2021 s'approcher de 14 milliards de dinars, soit le double des dépenses de développement, ce qui signifie que l'Etat perd la possibilité de jouer son rôle dans le développement » du pays, a-t-il commenté. Selon lui, le deuxième problème est lié à la baisse de la demande des biens de consommation de 21,5% et des denrées alimentaires de 7,5%, avec une baisse significative de l'épargne, « ce qui signifie que le citoyen s'est trouvé contraint de changer son comportement de consommation, même pour les biens de première nécessité, et se trouve contraint de puiser dans son épargne pour pouvoir répondre aux exigences de la vie. « Il s'agit d'une situation dangereuse, compte tenu de ses implications économiques, sociales et sécuritaires », a-t-il considéré. Le troisième indicateur concerne le taux d'investissement, qui était d'environ 24% avant 2010, a-t-il poursuivi, il a fait savoir que désormais, en 2020, il ne dépasse pas 13%, pourcentage qui ne permet pas d'atteindre le développement et l'emploi. M. Mechichi est revenu aussi sur le taux de chômage élevé, qui dépasse la barre des 15%, expliquant que « le chiffre alarmant restant encore le chômage des diplômés de l'enseignement supérieur, qui est le double du taux général. D'après Mechichi, la dégradation de la situation s'explique par l'absence de mécanismes d'exécution des choix et programmes. Cela démontre, à son sens, la validité du choix de personnalités apolitiques capables d'intervenir rapidement et efficacement. Au cours des huit premiers mois de l'année en cours, trois chefs de gouvernement ont été nommés par le président Kaïs Saeïd, dont deux (Elyès Fakhfakh et Hichem Mechichi) ont obtenu la confiance du parlement tunisien.