La parenthèse, toute particulière, des vacances d'été se referme en France. La rentrée, qu'elle soit politique, celle des classes, ou dans les entreprises, se tient sous le signe d'une pandémie inédite qui n'a pas encore dit tout son mot, avec un renforcement exceptionnel des mesures sanitaires, alors que le pays enregistre un rebond inédit des cas de contamination au Covid-19. Pour le Président Emmanuel Macron la « Priorité » sera accordée à « la santé des Français», promettant des mesures « claires » pour la rentrée et invitant la population à « vivre » avec le nouveau virus pour surmonter la crise. «Ecole, travail, lieux publics : partout des règles claires pour permettre à chacun de reprendre en confiance », a promis le chef de l'Etat français, qui a réuni récemment un conseil de défense, le premier de la rentrée, destiné à organiser la rentrée, dans les meilleures conditions possibles, au regard de l'évolution épidémique. Le Conseil de défense a ainsi fait le point sur les différents protocoles sanitaires mis en place dans les entreprises, les établissements scolaires, les transports mais aussi pour les manifestations sportives ou culturelles. Des mesures qui ont été détaillées par la suite lors du premier Conseil des ministres, avant d'être expliquées aux Français par le premier ministre Jean Castex. Ainsi, pour cette rentrée de tous les défis, les Français devront apprendre à vivre avec de nouvelles mesures, en particulier l'obligation du port du masque, partout, y compris dans les écoles et dans les entreprises. Plus de 12 millions d'élèves rejoignent les bancs de l'école mardi en France, dans le cadre d'une rentrée scolaire maintenue en présentiel, malgré l'épidémie du Covid-19, une décision qui est loin de satisfaire tout le monde. Un temps évoqué, le report de la rentrée scolaire proposé par plusieurs syndicats d'enseignants et des associations de parents d'élèves, a été balayée de la main par l'exécutif. Le ministre de l'Education nationale a été catégorique : « Non, le report de la rentrée n'est pas une option ». Car « l'éducation n'est pas une variable d'ajustement ni de notre société ni d'une crise sanitaire ». S'il est vrai que la rentrée s'annonce « toute particulière du fait de la crise sanitaire », elle se déroulera sous de strictes mesures sanitaires, a promis Jean-Michel Blanquer, lors de la traditionnelle conférence de presse de rentrée. A l'école, le port du masque sera donc obligatoire pour tous les adultes sans exception. Pour les élèves, il le sera dès la sixième. « C'est le principe socle de cette rentrée », a dit le ministre, tout en affirmant que son département se donne les moyens pour réussir la rentrée. Il a annoncé, dans la foulée, des moyens et des dispositifs supplémentaires pour relever ce défi de taille. Le retour des classes se fera donc en présentiel, malgré la recrudescence des cas de contamination. Mais « des adaptations ciblées», en fonction de l'évolution de la situation, pourraient avoir lieu sur un établissement ou un territoire, après décision des recteurs, préfets et autorités régionales de santé. Et s'il devait y avoir des mesures hybrides (un enseignement à distance conjugué à un enseignement physique) ou de confinement, le gouvernement affirme être prêt à toutes les éventualités. Apprendre à vivre avec le nouveau virus, tel semble être le leitmotiv du gouvernement pour qui la vie économique, sociale et politique doit poursuivre son cours, dans l'attente d'un vaccin qui viendrait à bout de cette épidémie. Déterminé à bien réussir cette rentrée de tous les défis, l'exécutif est également mobilisé pour « éviter » un nouveau confinement national. Et se dote pour cela de tous les moyens. « Nous faisons tout pour éviter le reconfinement et pour éviter évidemment un reconfinement national », a affirmé tout récemment Emmanuel Macron, tout en notant qu'il n'excluait pas « totalement » cette hypothèse. « Je n'aurais pas beaucoup appris de ce que nous venons de vivre depuis huit mois pour vous dire que je l'exclus totalement », a déclaré le chef de l'Etat français, devant des journalistes de l'Association de la presse présidentielle (APP). « Mais nous nous mettons en situation de tout faire pour l'empêcher », a-t-il dit, appelant les Français à être « collectivement très rigoureux ». Le nombre de nouveaux cas de Covid-19 ne cesse d'augmenter en France ces dernières semaines, en particulier chez les jeunes, même si le nombre de patients en réanimation reste stable. Récemment la direction générale de la santé (DGS) et Santé publique France (SPF) ont alerté que l'épidémie progresse de façon « exponentielle » en France, avec des milliers de cas de contaminations quotidiens, et la détection de nombreux nouveaux clusters. A l'heure actuelle, 21 départements sont placés en vigilance rouge, du fait d'une circulation active du virus. De son côté, le Premier ministre a fait part de la détermination du gouvernement à éviter un reconfinement généralisé. « Je suis serein mais déterminé » car « il y a tout lieu de penser que nous éviterons un reconfinement généralisé, même s'il peut y avoir des situations de reconfinement localisé », a déclaré Jean Castex lors d'une récente conférence de presse consacrée à la crise sanitaire. Mais imposer un reconfinement général de la population sonnerait le glas d'une économie déjà mise à genou. Selon des chiffres récents de l'Institut national des statistiques et des études économiques (Insee), le produit intérieur brut français a chuté de 13,8% au deuxième trimestre de 2020, en raison du confinement mis en place entre mi-mars et début mai décrété pour freiner la propagation de l'épidémie de Coronavirus. Si la levée progressive des restrictions a conduit à « une reprise graduelle de l'activité économique aux mois de mai puis de juin, après le point bas atteint en avril », le trimestre porte les stigmates de l'obligation imposée aux Français de rester chez eux: les dépenses de consommation ont ainsi chuté de 11,5%, souligne l'Insee. Ainsi, le second défi auquel devra s'atteler le gouvernement pour cette rentrée délicate est de redonner des couleurs à une économie mise à mal par la crise du Coronavirus. Pour ce faire, l'exécutif qui entend accélérer, sur deux ans, la reprise et la transformation de l'économie française, fortement impactée par la crise, compte présenter, jeudi, un plan de relance ambitieux de 100 milliards d'euros qui viendra s'ajouter aux 460 milliards déjà engagés en mesures sectorielles et de soutien à l'économie depuis le début de l'épidémie. « La priorité numéro un de ce plan est de créer le plus possible d'emplois et de travail », promet le gouvernement. Une gageure que seuls les prochains mois vont pouvoir confirmer ou infirmer au vu de l'évolution de la situation. Mais le gouvernement demeure confiant de pouvoir renverser la situation, multipliant les déclarations rassurantes et appelant les Français à utiliser l'épargne accumulée ces derniers mois pour contribuer à la relance de l'économie du pays.