Après des semaines de contestation menée par les syndicats et des concessions opérées par le gouvernement, la réforme polémique des retraites est soumise pour examen à l'Assemblée nationale à partir de ce lundi. La majorité entend défendre devant les députés un projet qu'elle qualifie de « nécessaire » pour unifier un régime trop éparpillé (plus de 42 régimes de retraite) et renflouer les caisses qui accuseront un déficit de 7,9 à 17,2 milliards d'euros en 2025, soit entre 0,3 et 0,7% du PIB. L'opposition, pour sa part, qui dénonce cette réforme comme « injuste« , entend la torpiller par une avalanche d'amendements qui ont atteint les 20 mille amendements en commission et seront plus de 40.000 devant l'hémicycle. Selon les médias du pays, « la bataille parlementaire » autour de cette réforme des retraites s'annonce pour le moins « houleuse« . Outre le désaccord entre opposition et majorité autour de cette réforme, un désaccord somme toute logique et salutaire, le projet de réforme est contesté même dans les rangs de la majorité où des voix dissonantes se sont élevées. Une situation qui a poussé le Président français Emmanuel Macron a appelé mardi dernier les députés « à l'unité » pour « gagner la bataille des retraites« . La réforme des retraites devra donc être discutée devant l'hémicycle où quinze jours de débats sont prévus, jusqu'au 3 mars. Un calendrier qualifié de « serré » par les observateurs, vu le nombre énorme d'amendements déposés par l'Opposition pour ralentir l'examen et faire obstruction à la réforme. Face à ce risque, d'aucuns mentionnent la possibilité d'un recours à l'article 49.3 de la Constitution qui permet l'adoption sans vote. Un recours qui « n'est pas l'objectif » de la Majorité, bien que certains députés ne l'excluent pas, selon les médias du pays. L'examen de cette réforme s'annonce donc houleux. Mais le gouvernement, qui table sur une adoption en première lecture avant les municipales prévues en mars prochain, espère un feu vert définitif « d'ici l'été » sur les deux textes (ordinaire et organique) de ce projet de loi polémique. Pendant ce temps, l'intersyndicale opposée à ce projet de réforme ne baisse pas les bras et appelle à une nouvelle journée de mobilisation ce lundi. Présentée comme l'une des mesures phares d'Emmanuel Macron aux présidentielles, la réforme du régime des retraites est destinée à repenser le dispositif actuel qui absorbe 14% du PIB avec 300 milliards d'euros de prestations de retraite chaque année, et un déficit compris entre 7,9 et 17,2 milliards d'euros à l'horizon 2025. Cette réforme repose essentiellement sur la création d'un système universel de retraite par points, – en remplacement des 42 régimes existants actuellement-, qui vise l'uniformisation des règles de calcul des pensions, et partant la suppression des régimes spéciaux. Si la réforme ne touchera pas à l'âge légal de départ à la retraite, aujourd'hui fixé à 62 ans, elle compte en revanche instaurer un âge pivot à la retraite fixé à 64 ans pour toucher une retraite à taux plein. Un point qui suscite la colère des syndicats aux côtés de la suppression des régimes spéciaux.