Le président chilien, Sebastián Piñera, a promulgué, lundi à Santiago, la loi permettant l'organisation d'un référendum le 26 avril 2020 sur un changement de la Constitution héritée de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990). Lors d'une cérémonie organisée à cet effet au Palais de la Moneda, M. Piñera a indiqué que « cette réforme ouvre la porte et définit la voie pour trouver un grand accord constitutionnel ». Et d'ajouter que « ce référendum, le premier depuis trente ans, doit nous permettre de laisser derrière nous la violence et les divisions que nous avons vu resurgir avec douleur et tristesse ». Cette cérémonie a été marquée par la présence d'environ 300 invités, dont l'ex-président socialiste Ricardo Lagos (2000-2006), qui avait fait voter il y a quinze ans les modifications les plus significatives du texte fondamental. Le changement de la Constitution, approuvée le 11 septembre 1980 lors d'un référendum controversé pendant la dictature militaire, est l'une des principales revendications exprimées lors des manifestations sociales qui secouent le Chili depuis le 18 octobre dernier. Le 15 novembre dernier, la coalition gouvernementale de droite du président Piñera (Chile Vamos) et les principaux partis d'opposition étaient parvenus à un accord historique sur l'organisation d'un référendum sur un changement de la Constitution. La consultation comportera deux questions: l'une sur le remplacement ou non de la Constitution et l'autre, le cas échéant, sur la méthode pour la rédiger. Cette seconde question devra déterminer quel organe rédigera la future Constitution, soit un « Congrès mixte » composé à parts égales de citoyens élus à cette fin et de parlementaires en exercice, soit une Assemblée constituante intégralement composée de citoyens spécifiquement élus à cette fin. Si le principe d'une nouvelle Constitution est approuvé le 26 avril, l'élection du Congrès mixte ou de l'Assemblée constituante aura lieu en octobre 2020. L'organe chargé de la rédaction aura neuf mois pour élaborer un nouveau texte, une période qui pourra être prolongée de trois mois. Depuis le 18 octobre, des manifestations, émaillées d'acte de pillage et de destruction de biens, ont éclaté au Chili pour protester contre une hausse de 30 pesos du prix des tickets de métro en heure de pointe, faisant une vingtaine de morts et des milliers de blessés et de détenus.