La Direction des entreprises publiques et de la privatisation (DEPP) a rendu public récemment son rapport d'activité 2015. Tout en se réjouissant des performances positives en termes de chiffre d'affaires des EEP, la DEPP s'est refusé à donner des chiffres concernant leur santé financière, notamment, leur ratio d'autonomie financière. Dette colossale et dépendance chronique du secteur productif étatique aux financements extérieurs obligent. Chargée de par la loi du contrôle financier étatique des EEP, la Direction relevant du ministère de l'Economie et des Finances, vient de communiquer quelques indicateurs financiers concernant les dites structures pour le compte de l'exercice 2015. Versant dans une vision du verre « à moitié plein », la DEPP a indiqué que le chiffre d'affaires des EEP a connu une augmentation de 6,7%, passant de 198 milliards de dirhams (Mrds Dhs) en 2014 à 211,2 Mrds Dhs en 2015. Selon ledit rapport, c'est l'Office chérifien des phosphates (OCP) qui mène le bal. A lui seul, il représente 26% de l'ensemble des revenus du secteur, indique la DEPP qui a publié récemment son rapport d'activité de 2015. Le présent document qui étale quelque statistiques et s'abstient d'évoquer d'autres dessinant au passage le tableau en rose, ajoute que le résultat net des EEP s'est élevé à 11,4 Mrds Dhs en 2015 contre 8,8 Mrds Dhs en 2014, en hausse de 28,6%. Indiquant que le volume d'investissement réalisé par les EEP (79,42 MMDH) a marqué une hausse de 11% par rapport à 2014 (71,5 MMDH), la DEPP n'a pas dit un mot sur le financement de ces investissements ni sur ses modalités. Elle a fait remarquer que plus de 60% des investissements sont le fait de 6 EEP, à savoir Groupe CDG (13,4 Mrds Dhs), Groupe OCP (12,9 Mrds Dhs), Office national d'électricité et de l'eau (9 Mrds Dhs), Office national des chemins de fer (5,9 MDhs), Groupe Holding d'aménagement Al Omrane (5,5 Mrds Dhs) et la société nationale des Autoroutes du Maroc (3,5 Mrds Dhs). En revanche, la direction chargée de la surveillance du portefeuille public relève une baisse des produits provenant des EEP entre 2013 et 2015. Plus précisément, elle a noté qu'ils ont connu un pic en 2013 avec plus de 13,32 Mrds Dhs avant de passer à environ 9,78 Mrds Dhs en 2014 et 8,96 Mrds Dhs en 2015. Montée des transferts budgétaires de l'Etat aux EEP Sur le volet des indicateurs qui reflètent la décadence des EEP qui de plus en plus affichent leur besoin d'assistanat, le rapport indique que les transferts budgétaires de l'Etat aux EEP ont totalisé 26,3 Mrds Dhs à fin décembre 2015 en hausse de 5 Mrds Dhs par rapport à 2013, soit une augmentation de 426% en deux ans. Certes, ces transferts ont visé des secteurs prioritaires tels que les Infrastructures, l'Agriculture, l'Enseignement, la Formation, le Social, l'Urbanisme, mais leur poids sur le plan financier et leur incidence sur l'équilibre budgétaire et surtout la fragilité du retour sur investissement interpellent à plus d'un titre. Pendant ce temps, le présent rapport s'est contenté de signaler que le Rapport sur le financement des EEP au titre de l'exercice 2014, élaboré au cours de l'année 2015, apporte un éclairage sur la situation de l'endettement extérieur du portefeuille public avec un focus sur les principaux EEP emprunteurs, sans pour autant le publier. Durant l'année sujette du rapport (2015), l'endettement public avait battu son plein jusqu'au point où il a dépassé les 82% du PIB, selon le HCP. Et les EPP sont pour quelque chose dans cette histoire. Rappelons, dans ce cadre, que la Cour des comptes avait dans un rapport publié en juillet 2016 tiré la sonnette d'alarme une énième fois sur l'endettement des Etablissements et entreprises publics (EEP). Il ne s'agit pas d'un alarmisme gratuit, mais plutôt d'un véritable warning dès lors qu'on s'attarde sur l'évolution de l'endettement depuis 2008 (plus de 103% d'augmentation) ou lorsqu'on jette un coup d'œil sur les ratios fonds propres/endettement atteignant dans certains cas 495% (le cas d'Autoroute du Maroc). Rien que le fait de voir la structure de la dette du trio ONEE, OCP et ADM, dont la dette culminait en 2014, respectivement, à 56,8 Mrds Dhs, 54,7 Mrds Dhs et 40 Mrds Dhs, sans compter celle de l'ONCF qui avoisinait 23,9 Mrds Dhs, donnent des sueurs froides. D'autant plus les dettes des EEP sont libellées à 65,2% en devises. C'est ce qui a poussé l'instance pilotée par Driss Jettou à souligner le faible retour sur investissement de ces établissements en concluant que « Comparativement à son poids dans l'économie nationale, le secteur des EEP est manifestement surendetté à l'extérieur exigeant un dispositif dynamique de suivi et de surveillance ». A ce titre, la DEPP assure de par la loi un suivi régulier et très pointu des niveaux d'endettement des principaux EEP endettés, notamment, l'ONEE, ADM et l'ONCF, devrait fournir plus d'efforts et proposer des pistes de solution de ce fléau qui gangrène les finances publiques.