Par Hassan Alaoui Il serait illusoire de croire ne fût-ce qu'une once de temps que le cycle des rounds ou tables rondes organisés à Genève depuis le début du mois de décembre 2018 sur le Sahara, aboutirait à quoi que ce soit, à tout le moins dans l'immédiat. Quand bien même, l'envoyé spécial de l'ONU, Horst Köhler , tout à son optimisme manifeste voudrait nous convaincre du contraire, la réalité abyssale et cruelle nous incline au scepticisme. Le deuxième round organisé à Genève les 21 et 22 mars a plutôt révélé non seulement l'incompatibilité des positions du Maroc et de l'Algérie, mais un durcissement pour ne pas dire une radicalisation des parties. Comme d'habitude, le Maroc s'est trouvé confronté seul à deux adversaires, l'Algérie et le polisario, la Mauritanie étant demeurée quasi neutre. Le point nodal des discussions de Genève aura été ce sempiternel enfumage sur le thème de l'autodétermination que la délégation algérienne – conduite par Ramtane Lamamra tout juste nommé Vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères – a cru sortir de nouveau comme d'un chapeau et qui faisait dans les années quatre-vingt le miel de la politique étrangère d'Algérie. Elle en a de nouveau agité le spectre, l'assortissant de ce vieux refrain appelé « référendum d'autodétermination » qui est à sa propagande ce que la mauvaise foi est à sa relation cahoteuse avec le Maroc. Comme si notre pays craignait l'autodétermination et ne l'avait pas accordée il y a déjà 44 ans aux populations de ses provinces du sud, comme si celles-ci n'avaient pas déjà adhéré au credo en question, en en prenant acte, participant explicitement à différentes consultations nationales et exprimant leur choix démocratique. Cette obsession du gouvernement algérien d'enfourcher le même et vieux cheval de bataille de l'autodétermination, nous renvoie à un passé révolu, lors même que la réalité – physique et politique s'entend –, les paramètres de résolution du conflit par l'ONU et le langage même ayant totalement changé. Il reste que le fameux concept d'autodétermination a été détourné voire violé par les propagandistes algériens, alors que le texte de la résolution adoptée en 1961 par l'Assemblée générale de l'ONU, notamment les alinéas 4 et 5 de la Charte de décolonisation indiquent que celle-ci peut être opérée et admise par le biais de la négociation directe entre une puissance occupante et la partie qui revendique. Or, à cette époque c'était le Maroc qui revendiquait son territoire occupé par l'Espagne et qui soumettait sa revendication au Comité de décolonisation de l'ONU. En 1961, l'Algérie n'existait pas en tant qu'Etat constitué et n'avait donc pas droit au chapitre pour ce qui est du Sahara que le Maroc revendiquait face à l'Espagne, puissance occupante. Encore moins le fantoche polisario qui n'a été créé à des fins hégémoniques qu'en 1973 par le DRS algérien... Jusque là, le polisario n'existait guère non plus et le Sahara – les documents le prouvent – ne concernait en définitive que le Maroc qui le revendiquait et l'Espagne qui l'occupait. En fait donc de « décolonisation » que les gouvernements algériens n'ont cessé d'agiter depuis quarante-quatre ans maintenant, il s'agit d'un projet criminel de recolonisation des provinces du sud marocain par l'Algérie. La théorie des Nations unies, défendue par la 4èmeCommission chargée des questions politiques spéciales et de décolonisation, est de faciliter l'accession des « peuples coloniaux » à l'autonomie. Il n'est nulle part spécifié l'impératif d'un référendum comme unique expression. La 4ème Commission de l'ONU, dans le cas d'un différend opposant une puissance occupante et un pays revendiquant un territoire – comme ce fut le cas explicite de l'Espagne et du Maroc – , apporte officiellement son soutien à toute solution, à toute formule négociée, autrement dit elle entérine ce qu'on appelle de nos jours la « solution politique consensuelle « . C'est exactement ce qui s'est passé en novembre 1975 entre le Maroc et l'Espagne et qui a abouti à l'accord de Madrid du 14 novembre, acte solennel de décolonisation. De l'autodétermination façon algérienne Le gouvernement algérien, dans ses diverses composantes, a bien évidemment interprété les choses à sa manière spécieuse, violant et la Charte de l'ONU et la vérité historique et juridique. Quant au référendum qui est dans la continuité du faux et fallacieux argument , il a servi de « soupe » livrée à tout bout de champ comme un épouvantail. Les Algériens le veulent de nouveau aujourd'hui parce qu'ils rejettent toute autre forme de règlement et croient encore que l'ONU est à leur dévotion. Pour mémoire, le gouvernement algérien en avait fait depuis 1975 sa fixation maladive, se réjouissant qu'il gênait le Maroc aux entournures, l'agitant à tout bout de champ...Mais voilà qu'au Sommet de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), ancêtre de l'Union africaine(UA) tenu à Nairobi , le 26 juin 1981, feu Hassan II propose un référendum au Sahara. Il surprend toute l'assemblée panafricaine et la communauté internationale. Il s'engage solennellement à en respecter les résultats et met au pied du mur le gouvernement algérien...Le Maroc joue alors pleinement le jeu et le gouvernement algérien, pris de court, ne sait alors à quel saint se vouer... Mais voilà encore, lorsqu'il s'était agi de préparer les listes des votants, de mettre en œuvre les critères et règles de l'éligibilité au référendum, de procéder au recensement des participants et de prouver la qualité de sahraouis des uns et des autres...voilà que le gouvernement algérien recule, et pis : trahissant ses engagements, il sabote délibérément le projet et, se déniant et se reniant, le renvoie aux calendes grecques. On aura compris in fine qu'il s'agissait d'une carte propagandiste sournoisement brandie, et qu'il voulait simplement que le Sahara lui fût offert sur un plateau d'argent...et que du « référendum d'autodétermination », il n'en avait cure... Force nous est de souligner qu'à présent les mêmes manœuvres dilatoires sont de nouveau déployées à Genève. Autant, sinon plus qu'à Manhasset en 2008-2009, assorties des mêmes arguties sur fond d'une ahurissante mauvaise foi. Or, l'époque a changé et de nouveaux enjeux sont apparus. Conforté par les résolutions des Nations unies, notamment les deux dernières, les 2014 et 2040 qui prescrivent l'impératif d'une solution politique, le Maroc se conforme à l'esprit et à la Charte des Nations unies. Le reste relèvera toujours de l'insidieux machiavélisme du pouvoir algérien...