Le quotidien algérois al-Watan dont l'hostilité au Maroc n'a d'égale que sa hargne aveugle et son ignorance, notamment de la vérité, s'est fendu il y a quelques jours d'un «papier» sur l'affaire du Sahara. Signé Baba M. Sayed, professeur à l'Université d'Alger, intitulé : «Sahara occidental, le tournant ?», il exprime plus qu'un dépit, un désarroi du polisario suite au vote le 30 avril dernier par le Conseil de sécurité de l'ONU de la résolution pertinente 2152. D'emblée, il convient de souligner que l'auteur n'est autre que le «benjamin» de la famille Sayed, frère aussi de El Ouali Mustapha Sayed, ci-devant fondateur en 1973 du polisario, mort en juin 1976 par balles à Nouakchott lors d'un raid contre la capitale mauritanienne, d'origine marocaine et ancien membre de l'Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) à l'Université Mohammed V, à Rabat. On ne refait pas l'histoire et on ne dévaste pas la mémoire. On a toujours soutenu que le polisario est une création «ex nihilo» des services algériens et franquistes. La collision qui unissait l'Espagne de Franco et l'Algérie de Boumediene était d'autant plus paradoxale que l'Espagne était le modèle du fascisme arbitraire et rétrograde et l'Algérie une pseudo «terre révolutionnaire», représentants des pays du tiers-monde et des «pauvres». Ce petit rappel historique est pour mettre en exergue l'évolution du dossier du Sahara marocain aux Nations unies, marquée par le vote de la dernière résolution et l'amertume exprimée par Baba Moustapha Sayed dans son article publié par al-Watan. «Ce n'est désormais qu'un slogan creux, voire une imposture langagière qui ne convainc plus personne. Le Maroc, plus édifié que les Sahraouis sur la réalité et la nature des relations internationales (un champ clos d'affrontement permanent entre puissants où les faibles n'ont pas voix au chapitre), a su utiliser à son avantage notre naïveté et la confiance, exagérée et non justifiée que nous avons placée dans certaines puissances occidentales et organisations internationales...». C'est ainsi que commence l'article de Baba Moustapha Sayed. Le reste est une exhortation déclamatoire à une mobilisation du polisario, avec la même rhétorique sur «le colonialisme marocain», le «peuple sahraoui» qui exclut bien évidemment les vrais Sahraouis du Maroc, l'appel à l'action et, plus que sous-entendu, le rejet du cessez-le-feu de 1991 et du processus de négociations de Manhasset sous l'égide de l'ONU... Cependant, si l'on s'en tient aux logomachies entretenues depuis 1975 par les propagandistes algériens et leurs relais, dont al-Watan l'affaire du Sahara relèverait de la décolonisation ! D'aucuns même, procédant par un raccourci abusif ne se gênent guère pour dire que le Sahara constitue la «dernière occupation coloniale sur terre», feignant d'oublier que Sebta, Mellilia et les îles Jâafarines sont encore sous le joug espagnol...La propagande algérienne – qui mobilise des armées entières de coupeurs de cheveux en quatre – oublie simplement que la décolonisation du Sahara marocain s'était effectuée officiellement et solennellement par un acte fondateur, à savoir l'accord tripartite, signé à Madrid le 14 novembre 1975 par le Maroc, l'Espagne et la Mauritanie, soit une semaine après le succès de la Marche verte, alors que le général Franco agonisait et que le jeu moribond avec l'Algérie pour empêcher le Maroc de récupérer son territoire échouait lamentablement. L'accord de Madrid, entériné par vote un mois plus tard aux Nations unies, illustrait bel et bien, de «jure et de facto» ce qu'on appelait à l'époque le processus de négociations directes entre la puissance occupante et les ayants-droit aux territoires. Tout le processus de décolonisations successives, en Afrique, en Asie et dans le monde arabe obéissait à ce critère dont les Nations unies et la fameuse 4ème Commission, chargée des problèmes de décolonisation, se faisaient les chantres. Cela leur évitait naturellement l'enlisement et le piétinement caractéristiques aux débats solennels au sein des instances de l'ONU, les procédures de vote languissants et les débats fastidieux... Il convient de rappeler que le FLN algérien et le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) avait négocié des mois durant en 1962 à Evian l'indépendance algérienne avec la France. Un round après l'autre et, il faut bien le rappeler, un round spécial sur le Sahara algérien dont les délégués du GPRA n'entendaient céder un pouce...Pour eux «le Sahara algérien relevait du sacré», et la France n'avait d'autre choix que céder à leurs exigences. Ce fut donc des négociations franco-algériennes directes, bilatérales, hors les Nations unies, pointilleuses et détaillées entre une puissance coloniale, occupante et un GPRA sourcilleux, veillant à ses biens... Pourquoi un même processus ayant conduit en 1962 à la décolonisation de l'Algérie et à la récupération de son Sahara, ne pourrait-il être accepté vingt-trois ans plus tard entre le Maroc et l'Espagne, dûment acté par un accord solennel, le 14 novembre 1975. A vrai dire, la diplomatie marocaine n'a pas su ou voulu mettre le doigt sur cette plaie, ce vice de forme de la doctrine de l'ONU, contredite et contestable... A présent, l'ONU ne peut continuer à se plier aux caprices et à l'hégémonisme algérien. Force nous est de souligner que l'obstination mise par le Maroc dans cette affaire pour défendre son intégrité territoriale, l'unité de son peuple, sa souveraineté et notamment le principe de droit, a payé. Des décennies durant - depuis les années soixante - il n'a eu de cesse de prouver le bien-fondé de ses droits historiques et juridiques, face à une Algérie déterminée à les lui contester, acharnée à le combattre par tous les moyens, sans foi, ni loi, recourant à tous les moribondes stratégies, notamment la distribution des magiques pétrodollars, achetant les uns et les autres, fourvoyant impunément la communauté mondiale, fomentant des complots à n'en plus finir, réduisant «in fine» le projet maghrébin à une charpie. Le Conseil de sécurité, pour une fois, n'a pas tergiversé, il a dit le droit... La résolution 2152 n'a laissé planer aucun doute et a anéanti toute virtuelle manoeuvre dilatoire algérienne : voilà qui nous rend justice ! C'est effectivement un tournant !