La stratégie nationale de lutte contre la mendicité, initiée depuis 2006, sera réévaluée selon le cadre d'une vision d'intégration avec les initiatives régionales, notamment celles de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH), a indiqué la ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, Mme Nouzha Skalli. Répondant à une question orale du groupe Authenticité et Modernité à la Chambre des représentants, sur "les mesures prises pour la lutte contre le phénomène de la mendicité", la ministre fait état de la nécessité de combler les lacunes dans le dispositif juridique réprimant la mendicité professionnelle. Elle a relevé, à ce propos, que les articles 326 à 333 du Code pénal marocain, qui représentent les textes juridiques de référence en matière de lutte contre la mendicité, ne contiennent pas disposition dissuasive pour les mendiants surpris en possession de sommes d'argent exceptionnellent importantes. A titre d'exemple au niveau de Casablanca, 2.936.020 Dhs ont été saisis puis restitués en raison du vide juridique en la matière. Dans ce cadre, une étude, qui vise l'élaboration d'un premier projet de loi, a été lancée. Sa réalisation a été confiée à un groupe d'experts et de professeurs enseignants et universitaires de l'Université Al Akhawayn,. Le rapport de l'étude fera l'objet d'une concertation au sujet de ce projet de loi avec tous les acteurs concernés, dont les départements chargés de l'Intérieur, la Justice, les Habous et les Affaires Islamiques, ainsi que les associations de la Société civile, ajoute la ministre. Le programme a été lancé au niveau de Casablanca, Rabat, Fès et Sefrou et il est en cours de lancement dans plusieurs autres villes. L'expérience est actuellement en phase de lancement dans les villes d'Agadir, Kalâat Sraghna, et les dispositions sont déjà entamées pour les villes de Laâyoune, Tanger, Safi, Oujda et Marrakech (conventions avec les autorités locales et les associations partenaires signées), ainsi que pour Meknès (convention en cours de signature). Le coût total du programme de lutte contre la mendicité depuis son lancement par le ministère a ainsi atteint 16,5 millions de dirhams, a-t-elle indiqué. Nous somme aujourd'hui appelés à une évaluation de la stratégie à mi-parcours notamment pour étudier les difficultés qui ressortent de l'expérience passée et qui entravent l'efficacité de l'action de lutte contre ce fléau, réajuster la stratégie en conformité avec les prérogatives de chaque acteur institutionnel intervenant dans la mise en Œuvre de ladite stratégie, avec le souci d'optimisation et d'intégration des actions territoriales entreprises quotidiennement, combler en urgence le vide juridique qui ne permet pas de prendre des mesures coercitives et de développer l'action des agents sur le terrain. La ministre a rappelé que selon l'enquête nationale de 2007, la mendicité touche presque 195 000 mendiants et mendiantes, mais 62 pc s'adonnent à une mendicité professionnelle et exploitent des enfants, des personnes âgées et des personnes handicapées. Il faut rappeler que la stratégie de lutte contre la mendicité (SNLCM) a été initiée en 2006 dans un cadre clair : celui de l'appui à l'INDH en tant qu'initiative qui traite de la question de la mendicité à un niveau régional. En effet, chaque région est appelée à se doter d'un schéma régional de lutte contre la précarité. Huit catégories de population en situation de précarité étaient ciblées par ces schémas. Il s'agit des enfants abandonnés, des jeunes sans abri et les enfants des rues, des ex-détenus sans ressources et sans abri, des malades mentaux sans abri, des femmes en situation de grande précarité sans ressources, des personnes handicapées sans abri, des mendiants et vagabonds et des personnes âgées démunies, sans abri. La typologie de l'Action Publique prévue dans le cadre de ces schémas prévoit l'appui à la réinsertion familiale et sociale, l'accompagnement à l'insertion socio-économique, la formation et apprentissage aux métiers de base La stratégie nationale de lutte contre la mendicité a été élaborée en concertation avec les ministères de l'Intérieur et de la Justice, ainsi qu'avec l'Entraide Nationale et les associations de la société civile et s'articule autour de trois approches d'intervention: L'approche sociale, l'approche judiciaire, la sensibilisation et la communication. Nous envisageons de recourir aussi bien aux spots radiophoniques et télévisés qu'au soutien à travers les prêches du vendredi, annonces dans les journaux nationaux et information et sensibilisation au niveau des centres d'accueil des mendiants, a indiqué la ministre. D'une manière opérationnelle, nous procédons en collaboration étroite avec les autorités locales pour la création ou la mise à niveau de centres de lutte contre la mendicité, la formation et la qualification des intervenants. Suite aux recommandations issues de l'évaluation, à mi-parcours, de l'expérience de Casablanca, il s'avère nécessaire de réviser le cadre législatif de lutte contre la mendicité, a-t-elle conclu.