A bien des égards, le panorama de l'année qui s'achève s'inscrit sous le signe de la complexité au Mexique: Une chute record d'environ 7 pc du PIB, la plus importante parmi les pays de l'OCDE, un lourd bilan des victimes de la violence liée au narcotrafic et l'apparition, dans ce pays, du "cas zéro" de la grippe porcine avant que l'épidémie ne se répande à travers le monde. Par Rachid Mamouni Le gouvernement mexicain et la Commission économique pour l'Amérique Latine et les caraïbes (Cepal) convergent parfaitement sur l'ampleur de la crise dans les secteurs clés de l'économie mexicaine, qui fait, ainsi, les frais de sa grande dépendance à l'égard de l'économie américaine plongée, elle aussi, dans une profonde récession. Selon les estimations de la Cepal, le Mexique va enregistrer la plus forte chute (-6,7 pc) parmi les économies de la région, qui vont régresser modérément, de 1 à 3 pc en moyenne, à cause de la crise. Cette situation s'est traduite par un taux de chômage record que les autorités et le secteur privé ont du mal à endiguer, d'autant plus que les principales sources de financement de l'économie se sont effondrées : les recettes pétrolières, le tourisme et les transferts des 11 millions de migrants légaux établis aux Etats Unis. Les plans de sauvetage annoncés en grande pompe par les autorités pour contenir l'hémorragie ont donné des résultats mitigés, mais la situation économique a continué de se dégrader avec son cortège de dizaine de milliers de chômeurs, de milliers d'entreprises fermées et une machine économique grippée. Ce qui met du baume au coeur des responsables mexicains ce sont les prévisions d'une reprise économique rapide lorsque la relance tant attendue de l'économie américaine aura trouvé sa vitesse de croisière. "Il faut faire de 2010 (une année de commémoration du bicentenaire de l'indépendance et du centenaire de la révolution), un point d'inflexion pour vaincre les inerties qui freinent la marche du Mexique sur la voie du développement et du progrès", a affirmé récemment le chef de l'Etat, Felipe Calderon. + LUTTE CONTRE LES CARTELS DE LA DROGUE, AUTRE DEFI MAJEUR POUR 2009+ Un autre front de bataille érigé en priorité est celui de la lutte contre l'insécurité qui sévit au Mexique. Selon des sources médiatiques et officielles, environ 8.000 personnes ont été tuées depuis début 2009 dans des actes de violence attribués au crime organisé. Pour les autorités et les observateurs indépendants, la grande majorité de ces victimes sont tombées dans des règlements de comptes entre les puissants cartels de la drogue qui opèrent dans le nord du pays. Il n'en demeure pas moins que ce triste bilan et les images insoutenables, étalées dans la presse, d'hommes, et parfois de femmes, décapités, démembrés ou simplement "exécutés" du fameux "tir de grâce" dans la tête, donnent une piètre image de la sécurité dans un pays qui se bat pour attirer davantage d'investissements et de touristes. Toutefois, l'élimination récente d'un des "capos" les plus sanguinaires du Mexique, Arturo Beltran Leyva, a été qualifiée, à juste titre, de "Cadeau de Noël" du gouvernement pour les Mexicains, tellement les habitants de ce pays sont habitués à voir les chefs criminels agir "impunément" depuis des années. Le cartel des frères Beltran Leyva, originaires de la région de Sinaloa (nord-ouest) considérée comme le berceau de la culture de la drogue dans ce pays, avait en effet réussi à "infiltrer" au plus haut niveau les hiérarchies policière, militaire et judiciaire, s'assurant une protection sans faille pour ses activités criminelles. Le démantèlement progressif de ces différentes structures de protection a, sans doute, contribué à éliminer le chef de ce cartel, dont la mort est brandie comme le plus important "trophée" depuis le lancement de l'offensive militaire contre les narcotrafiquants en 2006. + GRIPPE A/H1NI: LE MEXIQUE DANS L'OEIL DU CYCLONE MEDIATIQUE+ D'autre part, accablés par la morosité économique et l'insécurité régnante, les Mexicains constataient, incrédules, que leur pays était le foyer de départ du virus de la Grippe porcine et répétaient, un brin ironique, "il ne manquait plus que cela!". En effet, "le cas zéro" de cette nouvelle épidémie a été détecté pour la première fois chez un enfant de la région de Veracruz (sud-est), créant une "psychose" au Mexique et attirant immédiatement l'attention et les interrogations accusatrices du monde entier, à telle enseigne que le nouveau virus a été vite taxé par la presse internationale de "grippe mexicaine". A la fin du mois d'avril dernier, le Mexique était littéralement dans "l'oeil du cyclone" médiatique et ses décisions en rapport avec le nouveau virus étaient scrutées par les médias et les dirigeants du monde entier. Des pays avaient alors jugé bon de suspendre les liaisons aériennes avec le Mexique et de décréter un embargo sur les importations de produits mexicains pour freiner la propagation du virus, entraînant par la même des frictions diplomatiques, frôlant la rupture, avec les autorités mexicaines. +NET RECUL DU PARTI AU POUVOIR+ 2009 était également une année électorale au Mexique. Les législatives de mi-mandat du président Calderon se sont soldées par un net recul du parti au pouvoir (Parti Action Nationale-droite) et le retour en force du vieux Parti révolutionnaire institutionnel (PRI-centre-gauche). Le PAN, qui tient les rênes du gouvernement central depuis 2000, a perdu cette année sa majorité relative au parlement et devra désormais composer avec le PRI, qui se positionne pour retourner à la magistrature suprême en 2012. Il y a peu de temps, Calderon résumait parfaitement le sentiment général par rapport aux évènements qui ont marqué cette année au Mexique: "le meilleur de 2009 est que c'est une année qui s'achève ! Et s'il y a une chose à célébrer (de 2009) c'est que cette année va se terminer très prochainement".