Le Prix Goncourt de poésie attribué en décembre à Abdellatif Laâbi a couronné une année 2009 marquée par un remarquable coup de projecteur de la création littéraire et artistique marocaine sur la scène culturelle en France. Par Amal Tazi Abdellatif Laâbi est le deuxième homme de lettres marocain, après Tahar Benjelloun (primé en 1987 pour "La nuit sacrée"), à obtenir cette distinction prestigieuse de l'académie Goncourt qui, cette fois, a récompensé "l'ensemble de l'oeuvre" de cet auteur, à la fois poète, romancier, homme de théâtre et traducteur. Laâbi n'est pas le seul intellectuel marocain à avoir été distingué cette année en France. Début décembre, la journaliste, écrivaine et directrice internationale du Festival des musiques sacrées de Fès, Nadia Benjelloun, s'est vue, elle aussi, attribuer "La Grande médaille de la Francophonie" de l'Académie française. Elle devient ainsi la première femme marocaine à remporter cette distinction destinée à couronner "l'oeuvre d'une personne physique francophone qui, dans son pays ou à l'échelle internationale, aura contribué de façon éminente au maintien et à l'illustration de la langue française". En général, le Maroc a été fortement représenté cette année en France, à travers une pléiade d'intellectuels et d'artistes qui ont su s'imposer sur la scène culturelle hexagonale et même internationale. Côté production littéraire, l'année 2009 a été caractérisée par la parution en France d'une multitude d'ouvrages d'auteurs marocains ou étrangers ayant fait du Maroc leur source d'inspiration. "Sépharade" de la romancière française d'origine juive marocaine Eliette Abecassis a d'ailleurs été l'un des ouvrages ayant marqué la rentrée littéraire de printemps en France. Ce roman autobiographique propose de revisiter l'histoire des juifs marocains au Maroc. D'autres ouvrages centrés sur le Maroc ont été publiés cette année en France. Il y a lieu de citer entre autres "Marabouts, Maroc" de Tahar Benjelloun, "Princesse Amazigh" de Siham Bouhlal, "Retour à Tanger" de Rachid Tafersiti, "Le roman de Marrakech" de Anne-Marie Corre (rédactrice en chef du magazine Paris Match), "Marrakech, le départ" de Daniel Sibony, "Maroc" de Jacqueline Wilmes et Christophe Boisview, ou encore "Patrimoine mondial de l'Unesco: Les sites marocains". Cette année a aussi été marquée par la présentation au siège de l'Unesco à Paris de l'ouvrage du célèbre explorateur espagnol Kitin Munoz sur "Le moussem de Tan Tan, chef d'oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité". Comme à l'accoutumée, la création littéraire a marqué en 2009 une présence remarquable dans les principaux événements culturels de la France, en particulier le Salon du livre de Paris, l'un des plus importants rendez-vous internationaux consacrés aux produits de l'édition. Ce Salon a été une occasion de mettre en exergue l'évolution, au cours de la dernière décennie, de l'édition marocaine au niveau de la création et de la créativité notamment pour ce qui est des livres dont la thématique se rapporte au patrimoine marocain. Le Maroc a été, en outre, l'invité d'honneur de plusieurs manifestations dont le Festival du livre de Nice et le Salon parisien "Maghreb des livres-2009", le plus grand Salon du livre sur le Maghreb sur les deux rives de la Méditerranée qui a été marqué notamment par un hommage posthume à l'écrivain Driss Chraibi. Plusieurs intellectuels et auteurs marocains ont pris part à ces rendez-vous culturels français que ce soit à travers l'animation de débats ou la présentation de leurs ouvrages (Tahar Benjelloun, Abdellatif Laâbi, Zakia Daoud, Abdellah Laroui, Hassan Nejmi, Ghita El-Khayat, Mohamed Nedali, Siham Bouhlal, Leïla Maziane, Zakia Zouanate etc.). Sur le plan artistique, des oeuvres marocaines ont été exposées dans des sites parmi les plus prestigieux de la France, dont l'espace Carrousel du Musée du Louvre qui a abrité en novembre le salon "Photo Paris". Ce dernier avait fait un grand plan sur les pratiques photographiques dans le monde arabe, avec une sélection inédite de photographies dédiées au Maroc (Yto Barrada, Lalla Essaydi, Malik Nejmi, Ali Chraïbi). La filmographie marocaine a eu aussi sa part de rayonnement sur la scène culturelle française, avec une grande participation dans différents événements dédiés au 7-ème art, dont le Festival "Maghreb, si loin, si proche" (Pyrénées Orientales) et le Panorama des cinémas du Maghreb (Saint-Denis). Ces festivals étaient marqués par la projection dŒoeuvres de Ahmed El Maanouni, Daoud Aoulad Syad, Farida Belyazid, Abderrahim Mettour, Brahim Fritah et Saad Chraïbi. La musique n'a pas été en reste. Les talents marocains continuent à investir la scène musicale française en animant différents concerts en solo ou dans le cadre de festivals.