Le Maroc, où la production cinématographique est "bien structurée", dispose de "tous les atouts pour devenir un centre de la cinématographie africaine", a souligné, à Cannes (sud-est de la France), M. Olivier Poivre d'Arvor, directeur de Culturesfrance, instance engagée en faveur du développement des cinématographies du Sud. -Envoyée spéciale : Amal Tazi- "Le Maroc est doté d'une cinématographie vivante et bien organisée, ce qui n'est malheureusement pas le cas pour d'autres pays, notamment de l'Afrique subsaharienne où les cinéastes ont de plus en plus de mal à trouver des moyens pour financer leurs films", a-t-il confié, dans un entretien à la MAP. M. Poivre d'Arvor, qui dirige le Pavillon "Cinémas du Monde" dans le cadre du festival international de cinéma de Cannes (12-23 mai), estime que le Maroc est "bien placé pour être un endroit d'accueil, de diffusion et de création pour le cinéma africain dont la situation est grave", d'autant plus que le Centre cinématographique marocain (CCM) soutient déjà des productions africaines. +LE MAROC CROIT EN SON CINEMA+ "Le Maroc croit en son cinéma et a réussi à le structurer: Il y a une industrie, des aides publics, un réseau de salles important, une production cinématographique intéressante aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif", a-t-il dit. En revanche, la situation est différente dans les autres pays d'Afrique, a constaté M. Poivre d'Arvor. "Près de 30 pays ne produisent pas de films. Ils ne produisent pas leurs images et restent dépendants des images des autres", a-t-il déploré. "Chaque pays a besoin d'avoir un regard propre", plaide-t-il. "Cette situation est due principalement à l'absence de politiques nationales des Etats, à même de garantir un environnement favorable à la création cinématographique (financement, salles de projections, écoles de cinémas etc.)", a-t-il expliqué. M. Poivre d'Arvor, dont l'établissement vient de lancer un fonds de soutien au cinéma africain, a indiqué que la création de ce mécanisme intervient justement pour aider ces pays à avancer sur le plan cinématographique. +UN FONDS DE SOUTIEN DU CINEMA AFRICAIN + Ce fonds qui porte le nom de l'acteur malien Sotigui Kouyaté, décédé cette année, "va permettre d'apporter des financements autour de 50.000 euros à des jeunes réalisateurs pour produire un long métrage ou un documentaire", a précisé le directeur de Culturesfrance, instance relevant des ministères français des Affaires étrangères et de la Culture. "Tous les pays d'Afrique, y compris le Maroc, sont en principe concernés, mais on aura tendance à privilégier au début ceux qui ont le plus besoin d'aide et n'ayant pas d'autres sources de financement", a-t-il indiqué, rappelant, par ailleurs, que Culturesfrance met à la disposition des pays du Sud un autre fonds destiné à financer des productions plus importantes. Il s'agit du Fonds Sud, cogéré avec le Centre national du cinéma français, doté de deux millions d'euros par an, avec des aides pouvant aller jusqu'à 200.000 à 300.000 euros, a-t-il précisé. La première bourse du fonds "Sotigui Kouyaté" sera remise à Djo Tunda Wa Munga, réalisateur-producteur congolais et membre de la délégation artistique "Cinémas du Monde" afin d'accompagner son projet "ImagiNation", corpus de 6 fictions adaptées de grands textes de la littérature africaine. Situé au coeur du village international du Festival de Cannes, le Pavillon "Cinémas du Monde", dédiée aux films du Sud, vise notamment à soutenir le développement et la distribution des films portés par une délégation artistique composée cette année de douze jeunes réalisateurs ou producteurs, six africains et six du reste du monde. Le réalisateur et producteur palestinien Ihab Jadallah, seul participant arabe à cette édition, est présent avec un long métrage (Mer morte) et un court métrage (El-Takheekh). A noter que le cinéma africain est représenté dans la compétition officielle au festival de Cannes par trois films: "Hors la loi" de Rachid Bouchareb (Algérie), "Teza" de Haïlé Gerima (Ethiopie) et "Un homme qui crie" de Mahamat-Saleh Haroun (Tchad), premier film tchadien dans l'histoire de la sélection officielle du festival. Un hommage sera rendu à cette occasion au cinéaste tchadien Mahamat Saleh Haroun dont le film est soutenu par l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Celle-ci devra annoncer lors du festival la mise en place d'un fonds panafricain d'aide au cinéma. Par cette action, l'OIF entend "renforcer les capacités de production cinématographique en Afrique et contribuer ainsi à asseoir une politique africaine de développement du cinéma".