Les trois principales organisations islamiques en Espagne ont annoncé qu'elles préparaient des actions en justice contre la décision d'un lycée de la banlieue de Madrid d'interdire l'entrée en classe d'une jeune élève marocaine qui porte le voile. Ainsi, le secrétaire de la Fédération musulmane d'Espagne (FEME), Yusuf Fernandez, a annoncé que cette dernière portera plainte contre la décision du lycée Camilo José Cela à Pozuelo de Alarcon auprès du tribunal constitutionnel espagnol, afin que l'élève marocaine puisse reprendre ses études. Dans une déclaration à la MAP, M. Fernandez a estimé que ce procès peut être gagné car la décision de priver cette élève de suivre ses cours en classe constitue une "violation" de la constitution espagnole, qui garantit le droit à l'éducation, et de la loi de la liberté religieuse. Il s'agit d'une mesure "discriminatoire qui n'a aucune validité légale", a-t-il ajouté, faisant savoir que la FEME entrera en contact avec des organisations de défense des droits de l'Homme, dans le cadre de la mobilisation en faveur du droit de l'élève marocaine à l'éducation. Le président de la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques (FEERI), Mohamed Ali, a indiqué que son organisation est en train d'étudier toutes les possibilités, notamment la présentation d'un recours devant le Tribunal constitutionnel contre le décision du lycée qui viole la Constitution, la loi de liberté religieuse et le droit de cette élève à l'éducation. "Nous ne voulons pas que la décision de cet établissement d'enseignement constitue un précédent" dans ce domaine, a-t-il relevé dans des déclarations rapportées par les médias. L'Union des communautés islamiques d'Espagne (UCIDE) a également fait part de son attention de recourir à la justice, jusqu'au Tribunal constitutionnel s'il le faut, pour défendre le droit à l'éducation de l'élève marocaine qui a été victime de "discrimination". L'administration du lycée Camilo José Cela à Pozuelo de Alarcon, près de Madrid, avait interdit la semaine dernière à Najwa Malha, âgée de 16 ans, d'entrer voilée en classe, lui permettant seulement de passer quelques heures de la journée dans la salle des visites. Pour justifier cette mesure, l'administration du lycée avait argué que le règlement intérieur de l'établissement interdit "de se couvrir la tête en classe ou de s'habiller de manière provocatrice". Le père de Najwa avait présenté un recours contre cette décision devant le département chargé de l'Education de la région autonome de Madrid, première étape avant d'intenter un procès auprès du Tribunal administratif. La communauté autonome de Madrid, gouvernée par la droite espagnole, a rejeté le recours présenté par le père de l'élève marocaine, lequel rejet a été notifié jeudi à la famille de la concernée. La situation de Najwa a provoqué la réaction également de l'Association des travailleurs et immigrés marocains en Espagne (ATIME) qui a exprimé "son désaccord total avec cette décision discriminatoire". L'affaire Najwa Malha a suscité un large débat controversé au sein de la société espagnole partagée entre ceux qui sont pour et ceux contre le port du voile dans les écoles. Le gouvernement a tenté de minimiser le conflit éducatif, politique et religieux né de la prohibition de l'usage du Hijab, non sans laisser voir une certaine divergence y compris dans ses rangs.