Le calvaire de Najwa Malha, l'élève d'origine marocaine interdite d'accès au classe pour port du voile, n'en finit pas. Après le refus catégorique de son lycée dans la banlieue de Madrid de l'accepter, voilà qu'une autre institution décide de modifier, à la va vite, son règlement intérieur pour ne pas l'admettre. Dans une tentative de mettre un terme à la polémique, les parents de Najwa Malha ont décidé lundi de demander son transfert vers un autre lycée, comme lui a été proposé par le département de l'éducation de la communauté de Madrid. Le même jour en fin de journée, la direction du lycée San Juan de la Cruz, situé également à Pozuelo de Alarcon dans la banlieue Madrilène, s'est empressée de modifier, à la va vite, son règlement intérieur pour ne pas inscrire l'élève marocaine, après une demande formulée par la famille de la concernée. Najwa Malha avait déjà été interdite d'entrée en classe par la direction du lycée Camilo José Cela à Pozuelo de Alarcon, pour port du voile, lui permettant seulement de passer quelques heures de la journée dans la salle des visites. Pour justifier cette mesure, l'administration du lycée avait argué que le règlement intérieur de l'établissement interdit "de se couvrir la tête en classe ou de s'habiller de manière provocatrice". Le département de l'Education de Madrid, qui avait appuyé la décision du lycée de Najwa Malha, sous prétexte de l'indépendance des institutions d'enseignement, avait annoncé qu'il mettait à la disposition de cette dernière un lycée de son choix. Dans une tentative d'éviter que d'autres lycées de Madrid ne suivent cette "politique de refus", la Direction chargée de l'éducation et de l'enseignement de la communauté autonome de Madrid a annoncé qu'elle allait promulguer une décision interdisant aux institutions d'enseignement de modifier leur règlement intérieur "en pleine année scolaire". La situation de Najwa Malha a provoqué la réaction des trois principales organisations islamiques en Espagne (la Fédération musulmane d'Espagne, FEME, la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques, FEERI et l'Union des communautés islamiques d'Espagne, UCIDE), qui ont annoncé des actions en justice contre l'interdiction de classe d'une élève portant le port. De son côté, l'Association des travailleurs et immigrés marocains en Espagne (ATIME) a dénoncé cette interdiction qu'elle a qualifiée de "discriminatoire". L'affaire Najwa Malha a suscité un large débat, parfois tendu, au sein de la société espagnole partagée entre ceux qui sont pour et ceux contre le port du voile dans les écoles. Le gouvernement a tenté de minimiser le conflit éducatif, politique et religieux né de la prohibition de l'usage du Hijab, non sans laisser voir une certaine divergence y compris dans ses rangs.