Si la 26è édition du Grand Prix Hassan II de tennis, qui s'est achevée dimanche, a bien marqué l'esprit du public marocain, c'est parce qu'elle a vu éclore un jeune tennisman qui rappelle la belle époque de la petite balle jaune nationale, en l'occurrence Reda El Amrani. --Par Ali Refouh-- En enchaînant les victoires, tenant tête à chaque fois à un adversaire de taille, El Amrani a dû ressusciter, aussi bien chez les spectateurs venus nombreux au complexe El Amal pour cette grand-messe du tennis international que chez le large public qui suivait ses exploits par les différents médias, le souvenir des conquêtes des trois mousquetaires, Karim Alami, Hicham Arazi et Younès El Aynaoui, déjà vainqueur du Grand Prix Hassan II en 2002, qui faisaient naguère les beaux jours du tennis marocain. Cette belle histoire a commencé quand El Amrani s'offre au premier tour le Russe Teimuraz Gabashvili au terme de trois sets qu'il disputa héroïquement, 7-6 (5), 4-6, 7-6 (4). En évinçant en huitième de finale le Tchèque Jan Hajek, qui compte parmi les 100 meilleurs tennismen du monde (81ème) sur le score de 6-3, 2-6, 6-2, ce jeune joueur entré en lice comme étant un simple invité, puisqu'il a bénéficié d'une Wild Card, s'est vite imposé comme la révélation de cette édition, surtout qu'il a montré lors de ce match plus d'aisance et d'assurance dans son jeu, contrairement à ce qui pouvait arriver à un novice inhabitué à ce niveau de compétition. Sa belle aventure allait être stoppée, vendredi, au stade des quarts de finale, mais ce fût loin d'être une fin triste, puisque son "tombeur" n'est autre que le Suisse Stanislas Wawrinka, tête de série N.1, 23è joueur mondial et futur vainqueur de cette 26è édition. Loin d'être abattu par cette défaite, ce jeune tennisman qui va bientôt, en mai, souffler ses 22 bougies, ne cache pas sa satisfaction d'avoir atteint pour la première fois les quarts de finale de ce tournoi qui compte aujourd'hui parmi les compétitions majeures inscrites au calendrier de l'ATP. El Amrani, qui se dit lui-même étonné de sa performance, commence déjà, en tennisman mature qu'il est, à tirer les conclusions et préparer l'avenir. "L'adversaire était certes plus fort, mais n'empêche que ma prestation était moins bonne que lors des deux précédentes rencontres. J'ai commis des erreurs et je n'ai pas bien géré la pression due au fait que c'est la première fois que je joue les quarts de finale d'une compétition de ce niveau", a-t-il déclaré à la presse, en évaluant son dernier match à Casablanca. "Je vais essayer d'améliorer mon niveau, en étudiant les matches que j'ai disputés et combler les failles avec l'aide de mon coach", a-t-il promis. Pour l'entraîneur d'El Amrani, l'Italien Alberto Castillani, son poulain "a fait deux matches extraordinaires aux deux premiers tours, mais le hasard a mis une grosse pointure en travers de son chemin". "Il a joué sous la pression de sa volonté de faire bonne figure et offrir une autre victoire au public marocain", a-t-il expliqué. En dépit de sa courte carrière professionnelle sur le circuit ATP, entamée il y a tout juste quatre ans, en 2006, El Amrani a déjà fait montre, à un âge précoce, d'un extraordinaire potentiel dans des tournois nationaux, continentaux et internationaux. Il a notamment remporté en 2009 le tournoi Future de Lagos (Nigéria) et par deux fois le même trophée au titre de la même compétition à Sfax et à Hammamet en Tunisie. Né le 19 mai 1988 à Casablanca, El Amrani a fait son entrée dans les courts de tennis dès sa tendre enfance. Il s'est très vite distingué, remportant notamment des tournois nationaux. En 2001, il décrocha le championnat national minimes. Un an après, il est finaliste du championnat d'Afrique en Tunisie et peu après, il participe au championnat du monde minimes par équipes. En 2006, El Amrani débute sa carrière professionnelle sur le circuit ATP. Durant l'année 2009, il prend de plus en plus de l'assurance, enchaînant les victoires pour se positionner au final à la 258è place.