"La critique théâtrale, une réalité ou une aspiration", est le thème d'une conférence organisée, vendredi à Erfoud, dans le cadre de la troisième édition de la rencontre internationale du théâtre. Animée par Said Karimi, spécialiste du théâtre d'Antoine Artaud, cette conférence a été l'occasion de se pencher sur les critères et les spécificités de la critique théâtrale. Intervenant à cette occasion, le metteur en scène Abdelkader Ababou a estimé que la critique qui permet au théâtre d'évoluer consiste en un ensemble de lectures pluridimensionnelles et de différents angles d'analyse, dans une interactivité avec le public. Pour lui, le critique qui doit maîtriser certains outils méthodologiques et esthétiques, devrait être un homme de lettres polyvalent (philosophie, histoire et anthropologie). Il devrait être également doté d'une vision des modes de mise en scène, des tendances et des langues du corps (gestuelle, mimique, danse), poursuit-il, ajoutant qu'un critique professionnel est censé maîtriser les techniques de diction, la paralinguistique, le discours scénographique, les accessoires, le décor, la musique et la lumière. De son côté, le chercheur spécialiste en théâtre, Chadli Abdelfettah, a plaidé en faveur de l'existence d'une critique théâtrale marocaine, laquelle a franchi de grands pas grâce aux efforts des critiques de renom, faisant savoir qu'"on n'est plus dans le stade de la critique impressionniste, mais dans l'analyse scientifique intrinsèque". Certes, le critique d'avant l'indépendance se voulait militant, dans la mesure où il entendait favoriser un théâtre thématique et une critique impressionniste relatifs à un contexte historique, mais après l'indépendance, on a vu émerger une critique qui puise ses outils dans les disciplines sociales et humaines, a-t-il indiqué. Pour sa part, le chercheur Abdelfettah Abtani a relevé l'existence d'une critique théâtrale journalistique réductrice et simplificatrice. La critique dans le domaine du théâtre, a-t-il estimé, reste assez complexe par rapport aux autres domaines. Le débat a permis aux étudiants, chercheurs universitaires, comédiens et techniciens du théâtre de soulever plusieurs questions relatives notamment à la relation entre les nombreux textes de théâtre et les spectacles peu nombreux.