Les violations systématiques des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf et l'autonomie proposée par le Maroc en tant que forme avancée d'autodétermination, en vue de mettre fin au conflit autour du Sahara marocain, ont été au centre d'une conférence-débat tenue jeudi au Palais des Nations à Genève. Cet événement a été organisé à l'initiative de l'Agence Internationale pour le Développement, dans le cadre de la 13ème session du Conseil des droits de l'Homme (CDH) de l'ONU, avec la participation de Me. Abdul Majeed Tramboo, Directeur Exécutif du International Council for Human Rights, Mme Krishna Ahooja Patel, présidente de l'International League for Peace and Freedom (WILPF). Y ont également pris part M. Martin Maluva Malusa, président du Comité international pour le respect et l'application de la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples (CIRAC) My Ahmed Mghizlat, membre du CORCAS, M. Aabadila Semlali, président de l'ONG Arrai à Dakhla, et M. Emhamed Mohamed Salem Abdi, Cheikh de la Tribu Rguibat Laâyaycha. Le président de l'ONG Arrai pour les droits de l'Homme à Dakhla a d'emblée dénoncé les violations des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf administrés par le "polisario", affirmant que ce mouvement est coupable de pratiques de tortures abominables ainsi que d'exécutions extrajudiciaires et de privation de la liberté de mouvement et d'expression. Des milliers de familles ont perdu des proches exécutés par les milices du "polisario" sans jugement et n'ont droit aujourd'hui à aucune indemnisation, ni même à des excuses, a déploré le panéliste. M. Semlali a ajouté qu'en 1988 l'exaspération des populations des camps a atteint son paroxysme débouchant sur un soulèvement généralisé, mais qui fut malheureusement réprimé par le "polisario" épaulé par l'armée algérienne. Il a aussi dénoncé le fait que la plupart des dirigeants du "polisario" et leurs familles soient installés en Espagne avec leurs enfants qui y poursuivent leurs études, pendant que la majorité des Sahraouis croupissent dans la misère, dans les camps de Tindouf. Ce panel, parrainé également par le Comité International pour le Respect et l'Application de la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples et l'ONG mauritanienne Mémoire et Justice, a été également l'occasion pour Emhamed Mohamd Saleh Abdi, chef de la tribu sahraouie Rguibat Laayaycha, d'évoquer les violations des droits de l'homme que des membres de sa tribu ont endurées dans les camps de Tindouf dès 1975. Il s'est notamment attardé sur la récente répression par le "polisario" contre des membres de sa tribu, qui ont manifesté à Tindouf pour revendiquer l'amélioration de leurs conditions de vie. M. Abdul Majeed Tramboo s'est, quant à lui, penché sur les différentes interprétations du principe de l'autodétermination, précisant qu'il existe deux types de celle-ci, à savoir l'autodétermination interne, qui concerne les droits des gens, d'un groupe et de tribus, et l'autodétermination externe qu'il a qualifiée de beaucoup plus compliquée. Il a estimé que l'autodétermination interne est la plus appropriée dans le cas du différend sur le Sahara afin, a-t-il dit, de mettre fin définitivement à ce conflit. Lui succédant, Moulay Ahmed M'Ghizlat, membre du Conseil royal consultatif pour les Affaires sahariennes (CORCAS) a fait remarquer, pour sa part, que la mise en place de ce Conseil traduit la volonté du Maroc de clore de manière démocratique le dossier du Sahara, en permettant aux populations de cette région de gérer leurs propres affaires. Il a rappelé que le projet d'autonomie offre l'opportunité de réconciliation et de règlement de la question du Sahara, une démarche qui, a-t-il souligné, correspond à un Maroc ouvert, réconcilié avec lui-même, pluraliste et démocratique. M. M'Ghizlat a noté que, contrairement au "polisario" qui campe sur sa position figée et obsolète, le Maroc a apporté avec son initiative d'autonomie une base pour la négociation sur l'autonomie des provinces du sud, une base concrète et ouverte sur des perspectives nouvelles pour trouver une solution juste, équitable et mutuellement acceptable de ce dossier et, du coup, mettre fin aux violations des droits humains dont pâtissent les populations des camps de Tindouf. De son côté, M. Martin Maluza a présenté le rapport d'une mission diligentée par son ONG dans les provinces du sud du Maroc et en Mauritanie. A l'occasion de cette mission, le conférencier a affirmé avoir relevé des souffrances des familles déchirées dont les membres sont partagés entre le sud du Maroc et les camps de Tindouf. Le panéliste a souligné avoir pris connaissance, en Mauritanie, du dossier des Mauritaniens victimes de liquidations ou de disparitions dans les camps de Lahmada. En conclusion de son exposé, M. Maluza a invité la communauté internationale à appuyer et à accompagner le Maroc dans ses efforts visant à parvenir au règlement du conflit du Sahara en vue de mettre fin aux violations des droits de l'homme dont sont victimes les populations dans les camps de Tindouf.