Des chercheurs internationaux, ayant pris part à un séminaire organisé vendredi au Saint Antony's College relevant de l'université britannique d'Oxford, ont mis en exergue les réformes tous azimuts lancées par le Maroc durant les dix dernières années, relevant que ces réformes font du Royaume "une démocratie en marche". (Par Abdelghani Aouifia) La rencontre, tenue dans le cadre de la Chaire Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour les études marocaines et méditerranéennes, a été l'occasion de passer au crible les efforts inlassables consentis par le Maroc pour le renforcement de son cadre économique et l'ancrage de la culture des droits de l'Homme. Abordant le thème des stratégies marocaines de développement économique à l'ère de la globalisation, M. Mohamed El Katiri de l'Académie britannique de Défense, a relevé que ces stratégies s'inscrivent dans le cadre d'une vision globale se fixant comme objectif de préparer le Maroc de demain, en mettant à profit, d'une manière intelligente, les atouts et les potentialités du pays. "Les efforts déployés par le Maroc dans ce contexte ont été reconnus à leur juste valeur par la communauté internationale", a dit le chercheur, soulignant la prise de conscience de la part des autorités marocaines des défis posés par la globalisation, qui s'est traduite par la mise en place de fondations saines et fortes pour une économie plus compétitive. Si l'économie marocaine jouissait depuis longtemps d'une diversité remarquée, le choix des décideurs marocains a été de renforcer la diversification des marchés des exportations du pays, a-t-il dit, rappelant les accords de libre échange que le Maroc a conclu avec plusieurs pays ou groupements régionaux. Ces accords servent, en effet, de plate-forme idoine pour l'accès des produits marocains à de vastes marchés, a noté M. El Katiri, citant la position stratégique du Maroc parmi les atouts qui plaident en faveur d'une présence marocaine plus avérée sur l'échiquier économique mondial. La stabilité politique du Royaume et ses excellentes relations avec les principales puissances mondiales sont autant d'autres facteurs qui renforcent la cote du pays, a-t-il enchainé, avant de citer l'offshoring, le tourisme, l'agriculture, la finance et les énergies renouvelables comme secteurs phares qui forment la base de la reprise économique marocaine. Le chercheur n'a pas manqué de souligner l'importance de l'Initiative Nationale du Développement Humain (INDH), lancée par SM le Roi Mohammed VI, pour assurer le progrès social en plaçant le citoyen au coeur de tout processus de développement. "La symbiose entre les secteurs privé et public au Maroc" a fait l'objet d'une autre intervention du chercheur, Farid Boussaid, de l'université d'Oxford, qui a rappelé que contrairement à plusieurs pays de la région, le Maroc a, depuis son indépendance, fait le choix de l'économie du marché. Ce choix a ouvert la voie à l'émergence d'un secteur privé qui allait se renforcer au fil des années au moment ou le secteur public continuait à être la principale locomotive du développement. Nombreux sont les secteurs de l'activité économique qui sont à présent ouverts au secteur privé aussi bien marocain qu'étranger, a relevé le chercheur, qui a noté que les grands projets lancés au Maroc attirent de plus en plus l'attention des opérateurs internationaux. L'expérience marocaine en matière de justice transitionnelle a bénéficié d'une attention particulière lors du séminaire d'Oxford. Intervenant dans ce sens, Mme Rachel Linn, chercheuse à l'Université d'Oxford, a rappelé que la mise en place de l'Instance Equité et Réconciliation (IER) demeure une expérience unique dans le monde arabo-musulman. L'initiative a eu le mérite de tourner la page des violations passées des droits de l'Homme dans un esprit de réconciliation, a-t-elle dit, soulignant que la création de l'Instance témoigne de l'engagement des autorités marocaines en faveur de la démocratie et de l'ancrage de la culture des droits de l'Homme. La création de l'IER a représenté le couronnement d'un processus d'ouverture politique amorcé dès le début des années 1990, a rappelé la chercheuse, soulignant que l'expérience marocaine de justice transitionnelle est exceptionnelle par rapport à d'autres pays où la réconciliation s'est faite dans des contextes controversés. Mme Linn, qui a mis en exergue le dynamisme de la société civile marocaine, a, d'autre part, fait observer que l'expérience de l'IER a permis de renforcer l'image du Maroc en tant que pays résolument engagé sur la voie de la démocratie et des droits de l'Homme. Par ailleurs, la rencontre a été l'occasion d'examiner d'autres thèmes relatifs notamment à l'éducation, la religion, l'immigration et la promotion de la situation de la femme. Des professeurs ayant animé les débats, dont George Joffé du centre des études internationales à l'université de Cambridge, ont tenu à souligner l'importance de la rencontre, tout en saluant l'intérêt de plus en plus manifeste que le Maroc suscite en Grande-Bretagne. Un tel intérêt s'explique, selon eux, par les initiatives que le Maroc a entreprises pour la réforme de son cadre économique et le renforcement des institutions politiques. Mise en place en 2004, en vertu d'un accord entre la Moroccan-British Society que préside l'ambassadeur du Maroc à Londres, Chrifa Lalla Joumala Alaoui et le Saint Antony's College, la Chaire Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour les études marocaines et méditerranéennes est dédiée à l'enseignement des études sur le Maroc et la région méditerranéenne. Elle vise également la promotion des travaux de recherches et des publications menés par des enseignants-chercheurs d'Oxford sur la région, notamment dans les domaines des sciences politiques, des relations internationales ainsi que de l'économie politique du Maroc contemporain et de la Méditerranée.