La civilisation arabo-musulmane a le mérite d'avoir réglementé la pratique médicale, ont souligné les participants à une rencontre organisée, samedi à Oujda, notant que la médecine a toujours été régie par des règles d'éthique. La civilisation arabo-musulmane a le mérite d'avoir réglementé la pratique médicale, bien avant les Européens, notamment par la "Ijaza" qui est une licence délivrée aux seules personnes formées et aptes à exercer la profession, et par la "Hisba" qui veille à la bonne pratique du métier, ont indiqué les intervenants lors de cette rencontre initiée par le Centre d'études et de recherches humaines et sociales (CERHSO-Oujda) en partenariat avec la faculté de médecine sur le thème "Les valeurs déontologiques dans la pratique de la profession médicale". Intervenant à cette occasion, M. Ahmed Hamza, membre de l'Académie du Royaume et du Conseil supérieur des oulémas, qui a traité de la déontologie médicale en Islam a mis l'accent sur les valeurs éthiques vitales de cette profession dans la civilisation islamique et le contrôle rigoureux auquel étaient soumis les médecins, notant que de nombreux ouvrages ont été écrits dans ce sens entre le 4ème siècle et le 6ème siècle de l'Hégire. Ces ouvrages traitent des conditions fondamentales pour l'exercice de cette profession, des règles régissant la pratique médicale et du Code de conduite pour le traitement des patients, a-t-il expliqué, faisant remarquer que l'une des fonctions principales du muhtasib était de contrôler les médecins et de vérifier que leur pratique était correcte et qu'ils respectaient les normes éthiques. Il s'est attardé, par ailleurs, sur les progrès et les découvertes réalisés dans le domaine de la science en général et de la médecine en particulier, et sur les avancées technologiques qui ont été mis à profit en médecine, ainsi que sur les conséquences de ces avancées et les dilemmes éthiques posés dans certains cas. Citant comme exemple: clonage, transplantation d'organes, recherche sur les sujets humains, génie génétique et progrès réalisés dans le traitement de la stérilité et les dispositifs qui maintiennent artificiellement les fonctions vitales, il a insisté sur la fait que le respect des règles éthiques s'impose plus que jamais.
Pour sa part, M. Ahmed Bouabdella, spécialiste en cardiologie, a rappelé le serment d'Hippocrate qui remonte à près de quatre siècles avant l'ère chrétienne, faisant savoir que les médecins prêtent ce serment en vue de protéger la vie sous toutes ses formes, d'entretenir la plus haute estime envers leurs enseignants, de reconnaître leurs propres limites, de respecter le secret professionnel et de renoncer à leur intérêt personnel dans le traitement des patients. Donnant un aperçu sur le code de déontologie marocain qui remonte à 1953, les objectifs de l'Ordre national des médecins et la Déclaration de Helsinki en 1964, il a rappelé que l'OMS a crée en 2002 un département d'éthique pour faire face aux progrès dans certains domaines comme la transplantation d'organes et les manipulations génétiques. De son côté, M. Ahmed El Abdouni, enseignant à l'université Mohammed V Souissi (Rabat), qui a traité du thème "déontologie et droit: rencontre ou antinomie" a relevé que des transformations profondes, liées principalement au changement des modes de production économique et à la métamorphose des rapports sociaux, ont secoué cette profession. "La victime des dysfonctionnement du système médical est le patient, et il convient de s'interroger sur son statut et plus particulièrement sur les rapports médecin-patient", a-t-il poursuivi. La responsabilité du médecin est complexe et dangereuse, a noté pour sa part M. Nasreddine Rachdi, pharmacien d'officine à Oujda, ajoutant que "le développement des activités humaines dans tous les domaines entraîne un accroissement des cas de responsabilités (médicale entre autres) dont le nombre de procès suit une courbe parallèle à celle du progrès". Cette rencontre a été marquée par la présentation des résultats préliminaires d'une enquête réalisée par le CERHSO sur "les valeurs d'éthique et déontologiques dans l'exercice de la fonction médicale". Cette enquête consiste à dévoiler les attitudes des principaux acteurs agissant dans le domaine médical vis-à-vis de certaines questions liées à la déontologie et l'éthique médicales et médicinales. Il s'agit également de fournir un apport à la recherche scientifique dans ses dimensions sociales et sociologiques.