M. Abbès Jirari, Conseiller de SM le Roi Mohammed VI et membre de l'Académie du Royaume du Maroc, a lancé, lundi à Fès, un appel pressant pour la réhabilitation de la langue arabe pour lui permettre d'être au fait des progrès scientifiques et technologiques réalisés à travers le monde. "Nous avons besoin à l'heure actuelle d'enrichir le contenu de la langue arabe pour lui permettre de s'imprégner des progrès scientifiques et technologiques réalisés dans le monde, avec la participation non seulement des linguistes, mais également des spécialistes", a-t-il dit lors d'une rencontre sur la langue arabe. "Il faut enrichir le contenu de la langue arabe en y introduisant toutes les notions scientifiques et technologiques créées dans d'autres langues en procédant à leur traduction, arabisation ou transposition", a expliqué le professeur, qui a souligné que la situation requiert "un moment de réflexion pour établir de manière scientifique ce qui doit être fait afin de permettre à la langue arabe de jouer pleinement son rôle en tant qu'élément essentiel de notre identité nationale et partie intégrante de notre souveraineté". Il a plaidé aussi pour une amélioration des méthodes d'apprentissage de la langue arabe à travers le respect des règles linguistiques et grammaticales dans la société, estimant nécessaire de doter cette langue des instruments nécessaires pour qu'elle soit capable d'accompagner les mutations que connaît le monde, à l'heure de la mondialisation. "En dépit de cette situation, il ne faut céder au désespoir car la langue arabe occupe la 4ème position au niveau international et la 8ème en matière d'écriture numérique", a affirmé le Pr Jirari. Pour sa part, M. Mohamed Kettani, chargé de mission au cabinet royal, a souligné que la réhabilitation de la langue arabe, langue officielle du pays, requiert davantage de mobilisation pour lutter contre l'analphabétisme et généraliser son utilisation au niveau de l'enseignement supérieur, de la société du savoir et de la connaissance, de la recherche scientifique et du monde de la communication.
La politique linguistique à poursuivre doit avoir pour objectif de rétablir la langue arabe dans sa position tout en reconnaissant le rôle enrichissant des autres composantes de l'identité nationale dont en premier l'Amazigh, a dit M. Kettani, selon lequel tous les intervenants se doivent d'assumer leur responsabilité dans cette œuvre. A l'ouverture de cette rencontre, M. Esserrhini Farissi, président de l'Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, a souligné l'importance de cette rencontre, estimant qu'en dépit des efforts déployés par l'Etat, il importe de déployer davantage d'efforts pour aider la langue arabe à accéder aux matières scientifiques, aux nouvelles technologies de l'information et de la communication et à accompagner les changements que connaît le monde. Il a fait savoir aussi que la préservation de la langue arabe ne doit pas faire oublier la nécessité de l'apprentissage des langues étrangères pour renforcer l'ouverture de la société sur les autres cultures. Il a appelé aussi à la mise en œuvre d'une politique globale au service de la langue arabe, notant que la création de l'Académie Mohammed VI de la langue arabe, prévue dans la Charte nationale de l'éducation et de la formation s'inscrit dans l'objectif de promouvoir la langue arabe et de renforcer son rôle dans les domaines de l'éducation, de la formation, de la culture et des sciences. D'autres intervenants ont appelé à des mesures concrètes pour faire face à la crise de la langue arabe non seulement au Maroc mais également dans tous les pays arabes où l'intelligentsia préfère l'usage de la langue des anciens colonisateurs au détriment de la langue officielle. Ils se sont élevés contre le traitement de mépris réservé à la langue arabe par nombre d'élites formées dans des langues étrangères ainsi que par nombre d'employeurs publics et privés, qui donnent la priorité à des candidats formés dans des langues autre que l'arabe. Cette rencontre, la première du genre, est initiée par l'université Sidi Mohamed Ben Abdellah en partenariat avec l'association marocaine pour la protection de la langue arabe sous le thème "rôle de la société civile dans la protection de la langue arabe au Maroc".