Encore une fois, Fès va vibrer pendant quatre jours à partir de ce mercredi soir aux rythmes de la 15ème édition du festival national de la musique andalouse, dont la préservation préoccupe au plus haut niveau les mélomanes de la capitale spirituelle du Royaume. Par M'Barek TAFSI Fiers de ce patrimoine, qui s'apparente aux musiques savantes connues à travers le monde, les habitants de la ville ont jugé nécessaire de lui consacrer une manifestation, devenue annuelle durant les dernières années. Il faut faire en sorte de présenter au cours de toutes les éditions tout le répertoire conservé jusqu'à présent, confie Abdelmalek Chami, l'un des responsables artistiques qui accompagne ce festival depuis sa création et qui soutient l'idée d'inviter des orchestres de renommée et de jeunes ensembles musicaux devant prendre la relève. Au programme de cette nouvelle édition, figurent l'orchestre Mohamed Larbi Temsamani de Tétouan, dirigé par Amine El Akrami, l'orchestre de Safi, dirigé par Mohamed Bajeddoub, l'orchestre Mohamed El Brihi, conduit par Anas El Attar, l'orchestre Abdelkrim Raïs, dirigé par Mohamed Briouel et l'orchestre El Baat, dirigé par Abdelfattah Benmoussa. Seront également de la fête les ensembles du conservatoire de Tétouan, dirigé par Mehdi Chaachoue, de l'association Raouafid Tanja, dirigé par Omar El Mitioui, des étudiants du conservatoire de Fès, dirigé par Driss Berrada, des jeunes de Fès, dirigé par Mohamed Othmani, et celui de l'association des Amis d'El Ala de Rabat, dirigé par Abdelkarim Mansouri. Les organisateurs ont donc programmé une série de concerts, mais aussi une rencontre sur "la recherche en matière de musique andalouse marocaine", une exposition d'art et un hommage à Moulay Larbi Ouazzani pour ses différents apports dans le domaine de la musique andalouse. Organisée sous le signe "générations et efforts au service du patrimoine", cette édition va sans doute constituer une nouvelle contribution à la sauvegarde de cet art, dont la fragilité réside dans le fait qu'il continue jusqu'à nos jours de se transmettre par tradition orale, en dépit des efforts déployés depuis l'indépendance pour sa diffusion et la promotion de son enseignement. Au niveau national, des émissions sont consacrées à cette musique sur les ondes de la radio et à la télévision, alors que son enseignement est dispensé gratuitement dans les conservatoires du pays. Nombre de festivals lui sont également dédiés tant au Maroc qu'à l'étranger et huit des onze noubas ont été édités. En dépit de cette action, nombre d'observateurs estiment toutefois nécessaire d'agir pour soustraire cette musique de la tradition orale, en mettant l'accent sur la formation des jeunes pour prendre la relève des grands maîtres de cet art dont le nombre est en réduction constante. Ils notent aussi que le meilleur moyen de préserver cette musique de l'oubli réside dans la transcription de son immense répertoire en notation musicale pour en faciliter l'apprentissage, en améliorer l'exécution et en assurer la divulgation. C'est d'ailleurs à ces questions et d'autres que les participants au débat programmé lors de la conférence sur "la recherche scientifique dans la musique andalouse marocaine" vont tenter de répondre à travers une nouvelle lecture des Âœuvres de Moulay Larbi Ouazzani , Ibrahim ben Mohamed ben Abdelkader Tadili, Souleiman El Haouat et d'auteurs étrangers. Pour ce qui est de l'exposition picturale, prévue dans le hall d'un grand palace de la ville, elle réunira des travaux de Rabiâ Chahed, Zhour Ziraoui et Hassan Jamil. Seront également exposés au même endroit des livres, des documents, des photos et des instruments de musique dans le but de faire de cette rencontre non seulement une fête de la musique andalouse mais presque de tous les arts.