La justice transitionnelle était au centre d'une rencontre organisée, samedi à Casablanca, par le Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH), à travers deux livres: "Des crimes qu'on ne peut ni punir, ni pardonner: pour une justice internationale", d'Antoine Garapon, et "Juger la guerre, juger l'Histoire: du bon usage des commissions Vérité et de la justice internationale", de Pierre Hazan. Le premier traite de la justice internationale, son caractère composé et les nouveaux liens tissés entre la justice et la politique, alors que le second se penche sur l'impact des politiques de réconciliation et les commissions de vérité de par le monde, a-t-on indiqué lors de cette rencontre, organisée dans le cadre du Salon international de l'Edition et du Livre (SIEL). Le président du CCDH, M. Ahmed Herzenni, a, à ce propos, qualifié le livre d'Antoine Garapon, "Des crimes qu'on ne peut ni punir, ni pardonner: Pour une justice internationale", de livre audacieux qui incite à la réflexion et défend la réalisation de la justice. M. Herzenni a relevé que, pour l'auteur, la mise sur pied d'une société démocratique suppose que les groupes d'individus qui composent cette société reconnaissent les uns aux autres un droit humain, le droit à l'existence, et que la justice peut se résumer, tout simplement, à rendre ce droit à la victime. Malgré le réquisitoire de l'auteur quant aux procès de l'Histoire, sacralisant la victime, et malgré sa lecture enthousiaste de la justice internationale, sa vision du concept de cette justice demeure étroite, du fait que certains cas exigent d'autres genres de justice, a-t-il fait remarquer. Dans ce registre, M. Driss El Yazami, président du Conseil de la Communauté marocaine à l'Etranger (CCME), a présenté sa lecture du livre de Pierre Hazan, "Juger la guerre, juger l'Histoire : Du bon usage des commissions Vérité et de la justice internationale", à partir de l'expérience marocaine de l'Instance Equité et Réconciliation (IER), qu'il place comme expérience pionnière en matière de justice transitionnelle. M. El Yazami a, à ce propos, notamment souligné que le Maroc est passé de la période de la mémoire, lors de cette expérience, à celle de l'historisation. Cette expérience louable était largement débattue lors de cette rencontre qui a offert à l'assistance un riche échange de vues sur la justice transitionnelle.