Les obsèques de Mohamed Mechti, symbole de la défense des droits des anciens combattants étrangers en France, décédé en début de semaine à Bordeaux à l'âge de 92 ans, ont eu lieu samedi à Meknès. La dépouille du défunt a été inhumée après la prière du mort au cimetière "Bouayyad" en présence des membres de la famille du défunt et plusieurs journalistes. Un vibrant hommage a été rendu, vendredi soir à Bordeaux (centre-ouest de la France), à cette figure emblématique de la lutte pour la revalorisation des pensions de retraite des anciens combattants étrangers en France. Organisée par l'association "Les Oubliés de la République", que préside la Franco-marocaine Naïma Charaï, et la Région Aquitaine, toutes deux engagées dans une bataille pour la reconnaissance et la revalorisation des droits des soldats ayant combattu aux côtés de la France pendant la Seconde Guerre mondiale, la cérémonie s'est déroulée quelques heures avant le rapatriement de la dépouille du défunt à Meknès, où elle a été enterrée. Les différentes personnalités françaises et marocaines, qui se sont succédées à la prise de parole, ont livré des témoignages émouvants louant les qualités humaines de feu Mohamed Mechti et mettant l'accent sur son militantisme pour la revalorisation des pensions des anciens combatants qui se sont sacrifiée pour la libération de la France. Le film "Mechti, le dernier combat", réalisé en 2005 autour de la vie et du combat du défunt a été projeté à cette occasion, en présence de son auteur Jean-Claude Cheyssial. Ce documentaire jette la lumière sur les souffrances de près de 80.000 anciens soldats dont les pensions n'ont pas été revalorisées par les gouvernements successifs en France et qui sont obligés de résider neuf mois par an dans ce pays pour pouvoir recevoir une maigre retraite. Le film, qui a reçu le Prix Spécial du Jury au Festival International du Grand Reportage d'Actualité 2006, a traité de cette question bien avant le long-métrage "Indigènes" (2006), suite auquel l'ancien président Jacques Chirac va annoncer l'augmentation des pensions des anciens combattants coloniaux oubliés par la France. Feu Mohamed Mechti fut l'un de ses hommes, puisqu'il avait été contraint de résider en France depuis 1997. Hébergé dans des conditions lamentables dans des foyers collectifs comme la plupart des anciens combattants issus du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne, il recevait une pension 10 fois inférieure à celle que touchaient ses frères d'armes Français. Ayant combattu à la bataille de Monte Cassino, l'une des plus dures de la Seconde guerre mondiale, ce héro devait, encore une fois à l'âge de 84 ans, se livrer à un autre combat pour obtenir la régularisation de sa situation et celle de ses frères d'armes. Jeudi, M. Alain Juppé, ancien Premier ministre et actuel maire de Bordeaux, qui accorde une grande importance à ce dossier, a assisté, aux côtés du Consul général du Maroc et de plusieurs personnalités et anciens combattants, à la cérémonie de mise en bière de la dépouille (placement du corps dans le cercueil) à l'hôpital Saint-André de Bordeaux.