Un hommage vibrant a été rendu, vendredi soir à Bordeaux (centre-ouest de la France), au Marocain Mohamed Mechti, figure emblématique de la lutte pour la revalorisation des pensions de retraite des anciens combattants étrangers en France, décédé en début de semaine à l'âge de 92 ans. Organisée par l'association "Les Oubliés de la République", que préside la Franco-marocaine Naïma Charaï, et la Région Aquitaine, toutes deux engagées dans une bataille pour la reconnaissance et la revalorisation des droits des soldats ayant combattu aux côtés de la France pendant la Seconde Guerre mondiale, la cérémonie s'est déroulée quelques heures avant le rapatriement de la dépouille du défunt à Meknès, où il devait être enterré samedi. Ont pris part à cet hommage, notamment M. Alain Rousset, député socialiste et président du Conseil régional d'Aquitaine et l'un des fervents défenseurs de la cause des anciens combattants étrangers en France, le Consul général du Maroc à Bordeaux, M. Fadlallah Fellat, le président du Conseil général de la Gironde, Philippe Madrelle, le président de la Communauté urbaine bordelaise, Vincent Feltesse, et la députée Michèle Delaunay, ainsi que des responsables de la Fédération nationale des anciens combattants (FNACA) et des amis proches du défunt. Les différentes personnalités françaises et marocaines, qui se sont succédées à la prise de parole, ont livré des témoignages émouvants louant les qualités humaines de feu Mohamed Mechti et mettant l'accent sur son militantisme pour la revalorisation des pensions de ces héros de la libération de la France. Le film "Mechti, le dernier combat", réalisé en 2005 autour de la vie et du combat du défunt a été projeté à cette occasion, en présence de son auteur Jean-Claude Cheyssial. Ce documentaire jette la lumière sur les souffrances de près de 80.000 anciens soldats dont les pensions n'ont pas été revalorisées par les gouvernements successifs en France et qui sont obligés de résider neuf mois par an dans ce pays pour pouvoir recevoir une maigre retraite. Le film, qui a reçu le Prix Spécial du Jury au Festival International du Grand Reportage d'Actualité 2006, a traité de cette question bien avant le long-métrage "Indigènes" (2006), suite auquel l'ancien président Jacques Chirac va annoncer l'augmentation des pensions des anciens combattants coloniaux oubliés par la France. Feu Mohamed Mechti fut l'un de ses hommes, puisqu'il avait été contraint de résider en France depuis 1997. Hébergé dans des conditions lamentables dans des foyers collectifs comme la plupart des anciens combattants issus du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne, il recevait une pension 10 fois inférieure à celle que touchaient ses frères d'armes Français. Ayant combattu à la bataille de Monte Cassino, l'une des plus dures de la Seconde guerre mondiale, ce héro devait, encore une fois à l'âge de 84 ans, se livrer à un autre combat pour obtenir la régularisation de sa situation et celle de ses frères d'armes. Soutenu par la région Aquitaine et le "collectif décristallisation", constitué d'associations et d'avocats oeuvrant pour le dégel et le relèvement des pensions des anciens combattants, feu Mechti décide de porter son affaire devant le tribunal administratif qui a fini par lui donner raison. Mohamed Mechti, dont la vie n'était que des combats, n'aura pas le temps de profiter du fruit de sa lutte. Il meurt, loin des siens, juste un mois après la décision du tribunal de relever sa pension. Selon les témoignages de personnes qui l'entouraient à l'hôpital avant sa mort, il aurait souhaité que le combat continue pour que les 80.000 autres soldats étranger puissent bénéficient des mêmes de droits que leurs homologues français. A la fin de cette cérémonie, une chorale de chants marocains a été exécutée par dans enfants marocains à la mémoire du défunt. La dépouille mortelle a été transportée, vendredi soir, à bord d'un avion à destination de Fès, avant d'être acheminée à Meknès où vit la famille du défunt et où il sera inhumé ce samedi. Jeudi, M. Alain Juppé, ancien Premier ministre et actuel maire de Bordeaux, qui accorde une grande importance à ce dossier, a assisté, aux côtés du Consul général du Maroc et de plusieurs personnalités et anciens combattants, à la cérémonie de mise en bière de la dépouille (placement du corps dans le cercueil) à l'hôpital Saint-André de Bordeaux.