L'universitaire Mohamed Harakat vient de publier un nouvel ouvrage intitulé "Quelles université pour le XXI siècle ?", aux éditions Al Maarif Al Jadida. L'ouvrage (226 pages), sous-titré la gouvernance cognitive et démocratique, une chance pour le Maroc, est préfacé par le Pr. Abdelkader Berrada. Il part d'un constat alarmant : "partout dans le monde, au nom de la croissance économique, les pays renoncent à cultiver chez les jeunes des compétences humaines pourtant indispensables à la survie de la démocratie et à la bonne gouvernance cognitive". La gouvernance cognitive, explique M. Harakat, "conduit à accorder une importance centrale à l'humanisation des programmes de formation des compétences et au développement des projets transdisciplinaires de recherche". Les Humanités, en l'occurrence l'histoire, la sociologie, la littérature, l'artŒ, entre autres, perdent de plus en plus du terrain dans le système éducatif et de la recherche en raison des politiques suivies dans ce domaine et qui les considèrent comme des "accessoires inutiles, à un moment où les pays cherchent à être compétitifs", regrette l'auteur du livre qui enseigne les Finances publiques et la Gouvernance globale à l'Université Mohammed V- Souissi- Rabat. Une bonne majorité d'étudiants de nos jours ignorent des Œuvres de penseurs et de philosophes qui valent leur pesant d'or, celles de "Socrate, Descartes, Marx, Ibn Khaldoun, Galileo, Spinoza, Confucius, Nietzsche, El Khayam, Averroès, Avicenne, Neruda, Tagore, Rousseau" , a-t-il renchéri. Cet ouvrage propose à travers l'adoption d'une méthodologie synthétique, empirique et comparative, une nouvelle approche dévaluation de l'université marocaine à l'heure de la réforme et du programme d'urgence. M. Harakat se revendique volontiers, dans cet ouvrage, d'une recherche, qui se veut pluridisciplinaire, et focalise son attention notamment sur les divers aspects institutionnels, stratégiques et humains de l'Université marocaine, à travers le développement du concept de gouvernance cognitive qui repose sur une vision radicalement différente du processus de gestion classique de l'Université. L'auteur souligne, à cet égard, l'intérêt que revêt pour l'Université du XXIe siècle de concilier trois logiques intimement liées, à savoir "la logique cognitive" fondée sur l'économie du savoir, "la logique pédagogique" axée sur la formation de qualité, qui doit être dispensée tout au long de la vie et qui va permettre à l'Université de s'affirmer en tant que acteur économique de l'employabilité et de l'entreprenariat et "la logique démocratique et humaine" qui prône le mérite, la compétence, la transparence et la performance. S'agissant de ce dernier facteur, le Pr Harakat a rappelé que dans les pays avancés, l'expérience a montré que la performance d'une université dépend de la proximité existante entre l'enseignement et la recherche, qui demeure "insuffisante au Maroc", a-t-il fait remarquer. La preuve en est que les universités qui arrivent en tête dans le classement de Shanghai sont les universités qui optent pour la recherche, un élément déterminant pour leur réussite, a-t-il- fait observer. Dans cette perspective, le Pr Harakat - qui se réfère à l'écrivaine américaine Martha Nussbaum (professeur en droit et éthique ayant enseigné près des Universités de Harvard, Brown et Oxford et relevé que l'Université du XXIème siècle se heurte à une "crise silencieuse" profonde)- a estimé que "le temps est venu pour l'université de réinventer sa pédagogie, ses méthodes et ses programmes tout en se tournant davantage vers l'étudiant"-