L'ouvrage "Oudjda et l'Amalat" de Louis Voinot (ancien officier de Affaires Indigènes au Maroc), publié aux éditions "La Porte", a été récemment imprimé chez "El Maârif Al Jadida" à Rabat. Ce livre est paru également dans la collection "Mémoire du Maroc" - dirigée par l'historien français, spécialiste du Maroc au 19ème siècle, Jean-Louis Miège - qui, en s'adressant aussi bien au grand public qu'au spécialiste, vise à exhumer des textes anciens en présentant au lecteur une traduction française d'ouvrages jamais traduits. Cette collection, qui réédite également des livres difficiles à trouver, ou encore en mettant à jour des documents qui n'ont jamais été publiés, "donne à l'histoire du Maroc une nouvelle dimension et contribue à la connaissance vivante d'un passé très méconnu", écrit-on sur le dos de la couverture de l'ouvrage. Il importe de préciser d'emblée que "Oudjda et l'Amalat" est une monographie fort bien élaborée de 664 pages, sur un passé très ancien et méconnu de la ville d'Oujda, que l'auteur Voinot a établi à partir de nombreux documents qui l'a compilés et qui lui ont été non seulement par la suite d'une grande utilité mais lui ont facilité la tâche pour pondre cette étude savante. "En commençant à recueillir les documents qui m'ont permis d'écrire cette étude, je songeais simplement à mettre à profit les facilités que donne notre occupation pour établir une monographie aussi approfondie que possible de la ville d'Oudja", qui à l'époque représentait "le centre administratif et économique du pays", écrit Voinot en guise d'avertissement. Mais l'auteur, en constatant que l'histoire de cette ville était inextricablement liée à celle des tribus avoisinantes, a du, comme il a tenu à le consigner dans son écrit, "élargir le cercle de ses investigations". Dans cette étude à la fois ethnographique et ethnologique, l'auteur, en tant qu'officier des Affaires indigènes, enregistre notamment dans la première partie de son ouvrage qu'il a intitulée "Monographie d'Oudjda", l'organisation de la société oujdie et établit par le biais de nombreuses descriptions les lignes générales qui l'ont structuré et fait évoluer. En témoigne la subdivision de cette 1-ère partie par l'auteur en huit chapitres consacrés respectivement aux thèmes de "La ville et ses environs", "le peuplement", "la famille et la vie matérielle", "la vie religieuse et intellectuelle", "le mellah et les juifs", "Administration et justice", "la vie économique" et "la colonie européenne". La 2-ème partie, qui examine la thématique: "les Tribus de l'Amalat", se scinde, quant à elle, en trois chapitres à savoir "la contrée occupée", "les tribus" et "les familles influentes et les zoauïas". Enfin, la 3-ème partie portant à proprement parler sur l'"Histoire" de la ville d'Oujda, renferme 11 chapitres à savoir "la région d'Oudjda dans l'Antiquité", "les groupements berbères au commencement du Moyen-Age , leur islamisation", "la période des dynasties berbères musulmanes", "la période des dynasties chérifiennes jusqu'à la conquête de l'Algérie par les Français". Figurent également dans cette partie des chapitres ayant trait au : "le premier conflit franco-marocain sur la frontière algérienne, la lutte contre l'émir Abdelkader", "l'anarchie intérieure et les nouvelles difficultés avec la France", "l'apogée et la chute des Oulad el Bachir des Béni Snassen", "la prépondérance politique des Mehaïa et leur expulsion du pays", "Troubles continuels entretenus par les rivalités des principaux personnages de l'amalat", "l'agitation roguiste", et "l'occupation de l'amalat d'Oudjda par la France". Cet ouvrage renferme, par ailleurs, un annexe sur les listes des "caïds depuis 1842 jusqu'à la transformation de la province en amalat", les noms des "amels d'Oudjda" et ceux des "pachas de la Kasba de Saïdia". Natif de Lyon (1869) et décédé en 1960, le colonel Louis Voinot, commandant de la Légion d'honneur, a élu la ville ocre comme lieu de sa retraite en 1927, alors qu'il commandait le territoire de Marrakech en tant qu'officier des Affaires indigènes. En exerçant son métier de soldat et d'administrateur, Voinot n'a cessé de poursuivre une tâche savante qui a consisté en plusieurs travaux et monographies qui "font autorité dans l'étude et la connaissance des tribus berbères", rappelle-t-on sur le dos de la couverture de l'ouvrage.