La future institution muséale du Rif, un des grands axes du programme de mise en oeuvre des recommandations de l'IER en matière d'histoire, d'archives et de mémoire, est appelée à refléter "l'identité plurielle" de la région et sa richesse culturelle, a indiqué l'anthropologue mexicaine, Sandra Rojo Flores. ---Propos recueillis par Said Youssi---. Dans une déclaration à la MAP, en marge du colloque international "Patrimoine culturel du Rif: quelle muséographie" (Al Hoceima 15-16 juillet), Sandra Rojo Flores a souligné que la contribution des immigrés, forts de leur double appartenance, fait partie de cette mémoire et du patrimoine rifain. La prise en considération de l'apport des immigrés rifains dans la conception et la création de ce musée constituera "une action novatrice" et placera le Maroc parmi les pays servant de modèle en la matière, a-t-elle relevé. "Cette initiative va permettre aux immigrés de dire leur mot et contribuer à la mise en place de ce musée, en tant que citoyens ayant la particularité de vivre dans deux espaces culturels différents sans pour autant être déracinés", a dit Sandra Rojo Flores, également membre du groupe de recherche "observatoire de prospective culturelle" à l'université de Grenade. S'agissant du colloque d'Al Hoceima, l'anthropologue mexicaine a estimé qu'il a été un "franc succès" à plus d'un titre, en ce sens qu'il rassemble des chercheurs et des universitaires confirmés en provenance de plusieurs pays et permet d'appréhender l'ensemble des aspects du futur musée à travers des études touchant à l'histoire, l'archéologie, l'ethnographie, l'art et l'anthropologie, entre autres. Sandra Rojo Flores dont les recherches portent sur l'Espagne et le Maroc en matière de patrimoine, de mémoire et d'immigration, a réalisé un travail de terrain dans différents pays notamment en France et au Maroc. Elle a participé à plusieurs projets au Maroc notamment "le patrimoine commun: l'élite de Fès et de Grenade", "la ville méditerranéenne dans une perspective comparative: Fès et Grenade" ainsi que la monographie de "Marocains en Andalousie: la dynamique de la migration et les conditions de vie". Plus de 40 chercheurs en provenance d'Espagne, d'Italie, du Royaume-Uni, de France et d'Allemagne, spécialistes de l'histoire et du patrimoine culturel matériel et immatériel du Rif et de la muséographie participent au colloque d'Al Hoceima initié par le CNDH dans le cadre de la mise en oeuvre des recommandations de l'Instance Equité et Réconciliation (IER), en matière d'archives, d'histoire et de mémoire. Cette rencontre est organisée en partenariat avec la ville d'Al-Hoceima et le Conseil Régional Taza-Taounate-Al-Hoceima et avec le concours du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) et de l'Institut national des sciences de l'archéologie et du patrimoine (INSAP). Elle se propose de mettre en évidence les travaux les plus récents sur l'histoire du Rif, son patrimoine matériel et immatériel en s'interrogeant sur les formes les plus pertinentes à travers lesquelles le futur musée du Rif pourrait refléter les moments d'une histoire riche et passionnante. Les participants débattent de thèmes aussi diversifiés que les sources et archives de l'histoire du Rif, les origines de l'Homme au patrimoine antique du Rif, l'histoire du temps présent et patrimoine vivant ainsi que les atouts et perspectives de muséalisation de la mémoire historique de la région.(