La nouvelle constitution est la clé de l'égalité des sexes et de lutte contre la discrimination au Maroc, a estimé mercredi la féministe Rabea Naciri dans une interview au Guardian, suite à la publication du rapport onusien sur l'accès des femmes à la justice. Pour Mme Naciri, le nouveau texte "jette les fondements d'un système juridique renforcé et annonce des actions positives pour consolider la présence des femmes dans le secteur de la justice, la fonction publique et partout dans les sphères de l'Etat". Ainsi, contrairement au précédent texte, "la nouvelle constitution reconnait-elle explicitement l'égalité entre hommes et femmes en matière civile, économique et politique", a noté l'activiste. Encore faut-il, a ajouté Mme Naciri, que les organisations de défense des droits de l'homme et les associations féminines suivent de près la mise en oeuvre de la constitution. "Le Maroc entame une ère nouvelle avec cette constitution qui jette les bases d'une bonne gouvernance", s'est réjouie Mme Naciri. La nouvelle constitution a apporté beaucoup d'améliorations, mais il est crucial de savoir comment elle sera mise en oeuvre au cours des cinq prochaines années (nouvelles lois, nouvelles politiques, nouveau système judiciaire et nouveau code électoral). "Tous ces changements ont fait de la longue attente pour des réformes dans ce domaine une réalité", a-t-elle poursuivi. Evoquant les acquis réalisés durant la dernière décennie, Mme Naciri a rappelé que depuis l'adoption du Code de la famille en 2004, des efforts considérables ont été déployés par l'Etat afin de fournir un meilleur accès à la justice, notamment la mise en place de tribunaux de la famille, de centres d'information pour les femmes, la formation des avocats sur les droits des femmes et le recrutement d'assistants sociaux pour conseiller les femmes et leur apporter le soutien nécessaire. En revanche, Mme Naciri a qualifié la mise en oeuvre du Code de la famille d'"enjeu social et politique pour le Maroc", en particulier lorsqu'il s'agit de questions comme la violence conjugale. Pour Mme Naciri, des barrières sont encore présentes, en l'occurrence l'analphabétisme, qui fait que la compréhension du système judiciaire est faible, la pauvreté, les pratiques culturelles et l'attitude de certains professionnels de la justice.