La "révolution de velours", conduite par SM le Roi Mohammed VI dans la continuité de l'héritage d'une monarchie marocaine modernisatrice, constitue un modèle pour les pays du Maghreb, en proie à l'instabilité, affirme samedi le célèbre éditorialiste français Alexandre Adler, dans une chronique au quotidien +Le Figaro+. Sous le titre: "La +révolution de velours+ marocaine, un modèle?", l'éditorialiste Adler se dit persuadé que "le succès de l'expérience marocaine pourrait avoir une incidence immédiate sur la mutation rapide et brutale de la Tunisie, lente et incertaine de l'Algérie". Adler constate que "deux pôles de stabilité sont en train d'émerger dans le monde arabe en fièvre", l'un constitué par l'Arabie Saoudite, à l'est, et l'autre par l'Algérie et le Maroc, à l'ouest. "Cette stabilité maghrébine s'exprime pour l'instant dans la sagesse politique, à l'apparence opposée mais en réalité complémentaire de l'Algérie et du Maroc", estime-t-il. S'agissant de l'Algérie, "on peut tout de suite constater la combinaison surprenante de forces et de faiblesses qui, pour l'instant, parviennent à fonctionner en phase, même si une dynamique sociale constructive fait encore dramatiquement défaut", note-t-il. "Tout autre est la conjoncture marocaine (...), avec une population comparable, le Maroc n'a jamais eu les facilités financières dont l'Algérie a toujours pu disposer. Et pourtant, c'est ce pays difficile qui est aujourd'hui porteur des plus grands espoirs politiques que l'on peut concevoir pour un Maghreb enfin en voie d'unification", souligne l'éditorialiste. Analysant les facteurs de la singularité marocaine, Adler évoque, d'abord, "cette très originale monarchie alaouite", fruit d'un "compromis historique qui a duré jusqu'à ce jour". Et d'ajouter que "le contrat fondamental liant une monarchie modernisatrice à des partis nationalistes et socialisants légitimés par elle ne fut véritablement rompu ni d'un côté ni de l'autre, sauf pendant une brève période". "C'est ce climat pluraliste, même partiel, qui permet aujourd'hui à Mohammed VI de transformer son héritage en radicalisant l'option démocratique et en instaurant un nouveau cadre qui bouleversera toute la donne", souligne-t-il. "Plutôt que de céder aux intimidations de la rue, le Roi a pris les devants, dans la continuité de l'héritage d'une monarchie marocaine", dit-il en mettant en exergue l'évolution démocratique proposée dans le projet de la nouvelle constitution qui est soumis au référendum le 1er juillet. Le Souverain "propose donc de réaliser en peu de temps la transition vers une monarchie parlementaire où l'instance législative issue du suffrage universel deviendra déterminante dans la conduite de la politique de la nation", ajoute-il, notant qu'en même temps "demeurent concentrés au Palais certains pouvoirs régaliens dont le consensus de l'opinion s'accorde à lui laisser la jouissance". "Pour l'instant, l'opinion marocaine est réconciliée avec cette +révolution de velours+ pilotée par le Roi", constate-t-il. "Une fois de plus dans son histoire, le Maroc semble donc nous dire que la politique du pire n'est pas fatale et que des solutions pragmatiques peuvent encore l'emporter à temps", conclut le chroniqueur.